À propos de l’auteur

•juillet 28, 2009 • 51 commentaires

J’ai décidé un peu de dire qui je suis, comme ça, parce que je ne suis pas Oops ou si peu et que je reçois des mails me suppliant de ne pas mettre fin à mes jours.

Je suis un jeune gamin de 21 ans vivant dans la région de Québec. J’ai une famille bien en vie, une sœur et un frère et une multitude d’amis que je trouve brillants et que j’adore fréquenter. J’ai deux années universitaires de complétées dans un programme lié aux mathématiques et je travaille cet été à temps plein dans le domaine. J’aime de toute évidence la littérature mais aussi le sport, j’essaie lentement mais surement d’apprendre la guitare et j’ai une multitude d’autres loisirs. Je me considère profondément heureux et chanceux de vivre dans un monde avec tant de chose à découvrir et tant de personnes avec qui il fait bon tisser des liens.

N’ayant auparavant que griffonné quelques poèmes pour d’anciennes flammes (puisque je suis un espèce de romantique, je suis un archaïsme) et des écrits sur une autre plate-forme sur ma propre vie, j’avais envie d’autre chose, de voir s’il m’était possible de créer un univers, quelque chose de diamétralement opposé à ce que je suis fondamentalement. C’est ainsi que l’idée d’Oops we’re dead s’est mise à germer dans mon esprit et les quelques textes que vous avez pu lire ici sont le fruit de mes cogitations et de bons moments passés à rédiger avec plaisir. Parce qu’au final, tout ceci émane surtout de mon plaisir à écrire.

Il s’en trouvera surement plusieurs pour trouver l’entreprise fortement puérile. Je comprends très bien. Or, ces gens étaient sans doute des quelques fébriles qui lisaient ce que je publiais ici. Du point de vue du lecteur, je crois que la véracité ou non des écrits n’a aucune réelle valeur puisque le propos a selon moi autant de valeur. On y prend ce que l’on veut, tant du divertissement qu’un point de vue différent. Personne ne fut forcé à lire.

Je n’éprouve pas de scrupules quant au fait d’avoir publié ici sans distinction quelconque quant au fait qu’il s’agissait de fiction. Par la nature des récits souvent extravagants, je considérais que cela était implicitement fortement suggéré. Cependant, j’ai entretenu des rapports un peu plus près avec 2 ou 3 lecteurs qui sauront très certainement se reconnaitre et pour ceux-là, j’avoue éprouver un malaise certain quant au fait d’avoir poussé la double identité jusqu’au bout. Si aujourd’hui vous vous sentez bafoués, je m’en excuse.

De plus, le personnage de Oops a régulièrement fait l’apologie du suicide et de l’usage de drogues, tant douces que dures à des fins récréatives ou évasives. Il est très clair que pour ma part, je m’inscris en faux de tous ses propos qui d’ailleurs me furent parfois pénibles à formuler. Je crois fermement qu’il existe toujours une multitude de solutions autre que le suicide qui n’est en soi jamais une porte de sortie valable. Quant aux drogues dont j’ai parlé abondamment ici, je ne les ai jamais expérimentées mis à part la marijuana. Sans porter de jugement sur ceux qui consomment, je considère pour ma part qu’il s’agit là d’un divertissement/échappatoire trop dommageable pour que je l’intègre à ma vie.

J’ai mis fin à tout ceci par manque de temps et d’idée. De plus, je peinais à trouver une véritable ligne directrice à mes histoires, une quête réelle pour le personnage de Oops, un fil conducteur qui aurait pu servir de réel moteur à un récit éventuel. J’aurais aimé que cela devienne quelque chose qui visiblement ne semblait pas arrivé. Je ne regrette cependant pas les 115 posts passés, ils furent plaisants à écrire.

Je termine donc officiellement en souhaitant à tous une vie épanouie remplie d’accomplissements riches et d’expériences fabuleuses. Peu importe le type de vie que vous menez et les nombreuses embuches que la vie a pu mettre sur votre route, j’espère que vous saurez triompher et savourer le quotidien qui sait être si riche lorsqu’on s’y arrête quelques instants. Pour ma part, je vais ailleurs, peut-être pour créer un autre univers, voir si je peux créer d’autres choses qu’un blog ou tout simplement cesser d’écrire un moment. Demain est insaisissable, c’est là toute l’essence de la beauté de cette vie.

Au revoir à tous et encore une fois, un réel et profond merci d’avoir pris quelques minutes pour lire quoique ce soit trouvé sur ce blog.

Début

•juillet 26, 2009 • 27 commentaires

J’ai roulé ces trois derniers jours. Je n’avais plus de drogue, j’avais tout consommé à un rythme d’enfer au camping et j’étais devenu à sec bien plus rapidement qu’escompté. J’ai donc embarqué dans ma voiture et j’ai roulé. J’ai avalé les kilomètres à un rythme effarant, longeant une multitude d’autoroutes, empruntant des routes cahoteuses, brulant des litres et des litres de gazoline.

Je roulais pour fuir je ne sais quoi, pour trouver quelque chose qui n’existe probablement pas. Je passe mon quotidien à être mal dans ma peau depuis des années, le spectre de ma mère morte me hante dans mon appartement où nous avons habité plusieurs années. Je n’ai guère de famille, encore moins d’ami, la société dans laquelle j’évolue me répugne.

Je suis mésadapté, drogué, blasé, fortement suicidaire. Chaque matin est une épreuve qui est de plus en plus ardue à affronter. Je déteste mon boulot que je trouve merdique, je déteste ma personne, ce que je suis devenu. Les années passent et j’ai l’impression que j’ai de moins en moins d’issue, je vois quantité de portes se refermer devant moi à chaque jour qui passe.

Je filais à vive allure dans Charlevoix, regardant les paysages, constatant froidement la solitude immensément profonde dans laquelle je suis plongé depuis de nombreuses années.

La dernière semaine m’a appris de nombreuses choses. Malgré tous mes efforts, malgré le peu de bonne foi que j’ai encore la force de me trouver, il m’est impossible d’interagir, de m’intéresser à autrui. Les fardeaux liés à mon existence sont si multiples que je n’arrive pas à m’entrevoir en train de poursuivre la vie que je mène ici.

Ce matin, samedi le 25 juillet, j’ai donc pris une décision. Je pars, je quitte tout, ce monde sombre dans lequel je me suis empêtré, tout ces souvenirs morbides, ces lieux où ma mère a agonisé à la fin de sa vie, cet antre qui abrita dans les cinq dernières années toute ma saleté, cet antre de ma débauche en tant qu’être humain.

Je laisse quasiment tout derrière moi. J’ai amené tous mes vêtements dans ma voiture, j’ai retiré d’importantes sommes d’argent de mon compte, plein de billets que j’ai entassés dans mon coffre à gant. Je n’amène aucun de mes livres, désireux de vraiment tout quitter de ce monde.

Je n’ai pas averti ma propriétaire ni mon employeur, sans doute les deux seuls êtres humains avec qui j’ai un lien quelconque. Je pars sans laisser de trace si ce n’est que ce blogue, je ne laisserai personne dans le deuil.

J’ignore où mon périple me mènera. Je quitte vers le Sud, je roulerai à m’en déchirer l’âme, je pleurerai sans doute pour la première fois depuis des années, depuis le décès de ma mère. J’ai cette lourdeur en moi qui m’empêche de vivre et dont je me sens le besoin d’évacuer. Je crois qu’il s’agit là du seul moyen pour arriver à me bâtir une vie qui me semblera en valoir la peine.

Je n’écrirai plus ici, je n’écrirai peut-être plus jamais en fait. Cet espace aura été catharsique bien qu’éphémère. Je voudrais remercier sincèrement, honnêtement, tous ceux qui prirent le temps de lire un peu les tourments de mon âme. Tous autant que vous ayez pu être, merci infiniment.

Je termine donc, j’ai les mains qui tremblent, la gorge nouée, je suis profondément exténué. J’ai commencé en écrivant qu’il s’agissait de la fin. J’espère vraiment que ce que je fais aujourd’hui sera un début, celui de quelque chose de grandiose.

Adieu,

Oops.

Fragile sérénité

•juillet 22, 2009 • 6 commentaires

Le camping est tranquille, j’ai l’impression d’avoir déclenché un engrenage qui ne demandait qu’une poussée et que quelque chose va exploser quelque part. Un genre d’effet papillon. L’effet pearl shot, une goutte de sperme de plus qui crée un tsunami au bout de la chaîne.

Mon œil tantôt mauve est désormais verdâtre foncé, je sais plus ou moins comment traiter la chose et combien de temps cela durera. Idéalement, la majeure partie de tout ça sera effacée à la fin de mes vacances dans une dizaine de jours (déjà…).

Je n’ai pas rencontré Pierre ni Michèle ni aucun des hippies et j’en suis fort aise si je veux être honnête avec vous. Faut dire que mis à part une rapide escapade au café internet ce matin et en ce moment, je suis principalement resté dans mon coin de tente à lire. La seule personne que j’ai réellement croisée, c’est la mère monoparentale qui est là avec ses deux enfants et qui lit du Heller. On a encore eu une discussion sympa, c’est de loin la personne la plus sensée ici.

Autrement, j’ai savouré les quelques éclaircies, la chaleur du soleil sur ma peau trop blanche, la caresse d’une brise, sa mélodie magnifique lorsqu’elle se prend à valser avec le feuillage. Un petit écureuil a passé plusieurs minutes à me regarder, l’air intrigué. Des oiseaux ont entonné un hymne cristallin absolument splendide. L’air est bon, je le goûte à coups de grandes inspirations. Je suis gourmand de cet oxygène à saveur si douce et typique de la campagne.

Il me peine de penser que je devrais bientôt partir. La perspective de retourner au travail me pèse infiniment lourd, je commence de plus en plus à songer à lâcher cela, trouver une autre alternative de revenu, une autre vie. Les efforts à mettre m’effraient, les nombreux changements qui seraient nécessaires m’horripilent un peu. Je suis encrassé dans ma routine et le conservatisme tout humain m’empêche d’entrevoir la possibilité de tout chambouler.

Mais rapidement, je chasse toutes ces pensées. Le futur me semble bien trop sombre pour gâcher pareil moment. Car même si j’ai foiré hier, que j’ai probablement mis en rogne une shitload de ponchos et que ma tête est peut-être mise à prix, il n’en demeure pas moins qu’ici, je me sens bien mieux que partout ailleurs que j’ai pu connaitre.

Anicroche poche

•juillet 22, 2009 • 5 commentaires

J’arrive donc sur place, chez le groupuscule que j’ai étiqueté les « hippies », où l’on m’attend en grand nombre. Apparemment, la rumeur d’un arrivage frais et massif de marijuana excitait la foule qui s’était massée dans une vieille tente-roulotte légèrement nauséabonde. Sur une vieille chaine stéréo joue du Pink Floyd, Rush et Supertramp. Je suis agréablement surpris, moi qui m’étais préparé à écouter du Harmonium et du beau Dommage toute la soirée.

Du rosbeef a été fait pour souper, je ne peux m’empêcher de remarquer au passage qu’il semble avoir été lardé par un tabarnac de quadriplégique. Les 4 litres de vin coulent à flots, je suis nourri gratuitement, me gavant sans vergogne ni pudeur. Les grandes journées à l’air pur me creusent l’appétit et mes petits repas de camping ne me sustentent que minimalement.

Puis, l’heure venue, tel le plus psychédélique des prestidigitateurs, je sors un sept de weed de ma poche dans un geste tant théâtral que magistral. On s’attroupe autour de ma personne, on dirait un groupe de filles hystériques affluant vers un phallus dans un bar de danseurs. Je m’installe ensuite à table pour rouler nonchalamment quelques joints que je distribuerai par la suite dans toute la bonté qui est mienne (yeah right).

Les hippies parlent de leurs jeunesses, la frénésie des années 70, l’ère pré-référendaire remplie d’espoir, la grande déprime collective suivant l’échec de Ti-Pwel. Pierre, veston brun et manière féminine, dit appréhender le fait de fumer, il a peur de badtripper. Michèle, sa femme, bouge quant à elle frénétiquement d’excitation. Les autres m’observent, le sourire en coin, content que Michael, jeune auteur dans la mi-vingtaine leur amène pareille manne.

Après une dizaine de minutes, j’ai 4 gros joints, compacts et parfaitement cylindriques que je distribue parmi l’assemblée. « Prenez et fumez en tous, ceci est mon herbe livrée pour vous ».

J’allume donc les pétards qu’on tend à moi, complétant ainsi la distribution quasi eucharistique et on se met à siphonner à pleins poumons dans la tente roulotte. Ils sont drôles à voir aller ces quinquagénaires, à aspirer en se plissant les yeux et à se passer les joints avec toutes les misères du monde. J’ai l’impression que Pierre va cracher son diaphragme à tout moment, il tousse tellement que ses couilles doivent flirter avec son intestin grêle. Michèle quant à elle fait flèche de tout bois, interceptant tous les joints et inhalant à grandes pompées.

L’ambiance est paisible, les joints finissent calmement d’être consommés et quelqu’un a décidé de faire jouer l’album In the Court of the Crimson King. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je parle politique avec un mec aux cheveux longs et aux lunettes rondes. On parle des tribuns souverainistes, je suis un partisan de Bourgeault tandis qu’il ne jure que par Lévesque. Quant à moi, Bouchard est même en avant de René, qui lui devance Claude Charron. J’dis ça de même. Puis on parle musique, littérature, philosophie. Je me sens volubile, allumé, cultivé, et je réussis même tant bien que mal à ne pas être condescendant. Oui oui.

Je sors mon hash ainsi que ma pipe favorite. Je m’allume et partage auprès des quelques personnes avec qui je discute dont Michèle qui est collée à moi, buvant mes paroles comme la plote à écrivain qu’elle semble être. Si elle savait que je ne suis que vulgaire boucher haha.

Tout le monde est gelé, l’herbe est pas mal plus forte qu’à l’époque où il était trendy de porter le veston carreauté et la moustache. Il fait désormais nuit noire dehors, les lumières à l’intérieur ont été tamisées, un bon groupe est attroupé auprès d’un feu à l’extérieur tandis que d’autres jouent une partie de Risk. Les gens sont drogués et affairés de sorte que lentement, je me retrouve isolé avec seulement Michèle sur le futon puant qui meuble le salon/cuisine de la roulotte.

Je suis dans le plus fort de ma soirée, au peak artificiel que m’offre le THC. Les cris des joueurs de Risk me semblent très lointains tandis que je distingue clairement ce que je crois être une pièce d’Emerson Lake and Palmer. Je parle peu et est concentré sur mon buzz, trop focussé pour m’offusquer ou même réaliser que la vieille Michèle me dévisage sauvagement.

Puis, je sens définitivement une main remonter le long de ma cuisse. La main droite over-ringé de Michou se faufile furtivement le long du fleuve de mon quadriceps à l’ambitieuse recherche de sa source toute phallique. Je ne fais rien, dodelinant plutôt de la tête de fatigue, sans l’ombre d’une érection pour venir tendre mon caleçon.

Malgré tout, Michèle est décidée. Sans trop que je ne le sache, ma ceinture se retrouve détachée et ma braguette ouverte. Sa main est sous mon boxer et tâtonne mon membre plus mou que les ardeurs souverainistes de Mario Dumont en 1995. J’ignore sincèrement combien de temps cela dura. Peut-être 1 minute, peut-être cinq. Ce que je sais très bien cependant, c’est que le tout se termina par l’arrivée en trombe de mon Pierre, le ton rageur et la figure empourprée. Alors même que sa compagne me tâtait toujours le prépuce, sa jointure est venue choir avec force sur mon visage.

Sursaut, infusion d’adrénaline, confusion. Je n’ai guère le temps de réagir que je reçois un deuxième coup en pleine tronche. Me protégeant foetalement, je réussis tant bien que mal à remonter ma fermeture éclair et à partir sans demander mon reste, toujours un peu déconfit de tant d’événements soudains.

Je regagne ma tente, hébété, un peu nerveux à l’idée de voir Pete le violent surgir à tout moment.  Incapable de dormir, je vais marcher, m’éloignant stratégiquement de mon lieu d’habitation. J’ai la mâchoire qui élance, l’œil droit qui a de la difficulté à ouvrir. Je savais d’avance que j’aurais une sale gueule ce matin.

Finalement, j’arrive à manger sans grande peine, j’ai une ecchymose sur la joue et définitivement un œil au beurre noir. Mais bien plus que les séquelles esthétiques, je sens que cela risque de ruiner un peu mon séjour. C’est sur qu’à l’heure où j’écris, la moitié du camping doit être au fait de l’incident. Et si Michèle doit passer pour une sacrament de pute, je cerne plus ou moins comment je suis perçu. Toujours est-il que la section du nord-ouest du Camping est désormais un no go. Mon objectif de faire l’unanimité parmi les merdeux est désormais compromis.

Calisse. J’ai toujours l’impression que ça ne peut qu’arriver à moi ces crisses de marde là.

J’aime les gens!!!

•juillet 21, 2009 • 5 commentaires

Je suis sociable, ça m’arrive quand je suis saoul en permanence. Je suis fort volubile, je parle à quiconque, m’épivardant à tout vent, racontant à quiconque une fausse vie pour divertir tant mon interlocuteur que ma triste personne.

Je discute donc avec tout plein de gens, on m’offre de la bière que j’ingurgite à un rythme effarant, je crois que je fais figure de spécimen particulier dans la communauté tristement homogène des saisonniers. On veut savoir qui je suis, intrigué qu’un gamin de mon âge vienne passer une semaine, seul dans une tente.

Je découvre des énergumènes intenses, des mystérieux renfrognés, des extraverties pétasses et des crasseux finis. Je sonde rapidement ce nouvel univers, souhaitant obtenir l’hégémonie silencieuse sur l’entièreté de la populace, le contrôle subtil par la connaissance de leurs viscéralités.

Il y a des gens qui semblent suffisamment d’intérêt pour piquer ma curiosité. Ainsi, il y a une mère monoparentale, début trentaine, style simple et grâce subtile, qui lisait Catch 22 de Heller sur une chaise longue. J’ai conversé avec elle plusieurs minutes, il s’agit peut-être de la personne la plus sensée de la place.

Il y a aussi un espèce de groupuscule hippie qui est regroupé dans l’aile nord-ouest du camping. L’un d’eux m’a demandé si j’avais du pot à vendre, je m’en vais souper et passer la soirée là tout à l’heure, je compte bien passer mon stock de hash pour la semaine et quantité de weed, ça risque d’être fort rigolo.

Sinon, ça va dans la civilisation aseptisée?

Ardue sélection

•juillet 21, 2009 • 5 commentaires

Depuis que j’ai des vacances dans ma vie, mon principal point de tergiversation quant à celles-ci réside dans ma sélection de lectures. C’est qu’il faut choisir les bons volumes, ceux qui conviennent à la situation, sauront tirer le mieux profit de cette période faste en détente.

Ainsi, avant de partir de chez moi, j’ai scruté attentivement mes bibliothèques parmi mes livres déjà lus et ceux qui attendent patiemment d’être cueillis puis dévorés par mes yeux avides. Il serait facile de tourner au ridicule mon côté méticuleux par rapport à la chose, mes c’est vraiment l’assise de mes vacances.

J’ai pensé me retaper Infinite Jest, fresque tourmenté d’un Wallace qui nous quitta si abruptement. Le problème, c’est qu’un bouquin aussi long et lourd hypothèque beaucoup de ressources vacancières et me priverait égoïstement de la joie que je souhaite multiplié qu’est celle de terminer un bouquin, le fermer tranquillement et me perdre durant des minutes, songeur, enivré du récit qui vient de me parcourir bien plus que moi j’ai pu le parcourir.

J’ai pensé lire un peu de Michel Tremblay, question de lire du joual et de virer en tabarnac. Mais voilà, il ne faut pas transgresser la limite et tomber dans le désagréable, il s’agit là aussi d’une contrainte primordiale à un choix judicieux. Exit le Tremblay donc. Il faut sortir de nos sentiers battus mais pouvoir rester dans un esprit d’ouverture serein.

J’ai pensé lire Lolita de Nabokov, mais il y a de ces livres qui se doivent être savourés plutôt que dévorés. Les ressources littéraires riches étant denrée rare, il faut parfois faire preuve de parcimonie et restreindre sa hâte, avec toute la difficulté inhérente à cela.

Voyez-vous mes nombreux dilemmes jeunes gens? Je suis maladif dans mes décisions à cet égard, c’est mon plaisir le plus pur, le seul que je n’ai guère souillé jusqu’à présent dans ma vie.

Finalement, j’ai jeté mon dévolu sur 9 livres que je prévois lire durant les deux semaines à venir. Une neuvaine littéraire où se côtoieront classiques dont je me suis déjà délectés et nouveautés qui j’espère m’enchanteront. Un pèlerinage tout textuel pour faire le plein.

Voilà ici la liste, pour la pérennité, la mienne, la seule qui me soit importante :

–          Nine Stories, J.D. Salinger

–          La vierge froide et autres racontars, Jorn Riel

–          The Inheritors, William Golding

–          The Prince , Nicolas Machiavel

–          Player Piano, Kurt Vonnegut

–          Les mots, Jean-Paul Sartre

–          Le pendule de Foucault, Umberto Eco

–          Snuff, Chuck Palahniuk

–          High Fidelity, Nick Hornby

Et peut-être, comme ça, si j’ai le temps, un Dompierre ou un Bourguignon, parce que je suis de même.

Le campeur

•juillet 20, 2009 • 4 commentaires

Le campeur moyen, celui qui arrive à la fin du printemps et s’incruste jusqu’au début de l’automne, le saisonnier, est rarement un humain de qualité, cela dit en tout respect, évidemment.

Rarement athlétique, peu chevelu, tout en ventre, les campeurs invétérés n’ont que faire de l’esthétisme et tous ces concepts résolument trop contemporains. La gestion capillaire et la musique que l’on retrouve dans des campings ont en commun qu’ils proviennent tous deux de la même époque, celle des beaux jours de Nana Mouskouri.

Le campeur saisonnier vit habituellement dans un wanabago beige. On reconnait les séniors de la merdicité campingnesque à la complexité de leur aménagement paysager. En effet, plusieurs trouvent la motivation nécessaire pour parfaire leurs entrées de multitudes de fleurs, dalles et autres cochonneries.

La journée typique de ces êtres trompant quotidiennement les prétentions de Darwin est des plus remplies. Levés en matinée, ils parcourent le Journal de Montréal en se gavant d’un déjeuner tout en gras. Après coup, ils végètent quelque peu, parlent de sujets anodins (lire tristement banaux) avec leurs comparses et voisins depuis des années. On se gargarise quotidiennement des mêmes anecdotes de moteurs de bateau qui calent, de Noël de campeurs et de la salope qui sert de progéniture au proprio de la place.

Le campeur moyen traine souvent ses enfants avec lui durant l’été. Trop occupé à boire sa Wildcat, il laisse ses kids circuler librement sur le camping où ils se feront immanquablement de nouveaux amis eux aussi orphelins circonstanciels because le breuvage du chat sauvage. C’est souvent lors de ces étés que ces enfants malchanceux vivront leurs premières expériences sexuelles, s’exhibant collectivement le pénis ou jouant à la bouteille.

La journée passe lentement pour ces piètres genses. Mais ils font comme s’ils ne s’en rendaient pas compte, répétant inlassablement « kon é tu ben dans la nature hein tabarnac? ». Une fois le souper venu, il faut absolument qu’ils cuisinent sur le BBQ. Ils font cuire leurs sacrament de salades sur le barbecue. Puis ils écoutent Sucré Salé en riant grassement, satisfait de la journée remplie qu’ils ont passée.

Le soir, ils jouent aux cartes tandis que leurs gamins de 14 ans se saoulent avec de l’alcool volé sans vergogne se crossant mutuellement dans la noirceur convenue de la salle de cinéma sentant le renfermé. Finalement, tous se coucheront, le sourire un peu niais et l’esprit béatement vide.

Premier réveil

•juillet 20, 2009 • Laissez un commentaire

J’ai fini de lire les 9 Stories de Salinger assez tôt hier et, fort satisfait et enivré d’un litre et demi de vin bon marché, je me suis rapidement assoupi malgré l’incessant contact déplaisant de la fermeture éclair de mon sac de couchage sur ma peau dénudée et offerte à la quantité de moustiques qui cohabitaient avec moi. Je m’en sors somme toute bien ce matin avec quelques piqures, la nuit réparatrice compensant pour le tout.

Levé assez tôt, j’en profite pour m’allumer un premier joint. En camping, c’est sans doute le meilleur moment de ma journée. Celui où, encore emmitouflé dans mon sleeping bag pour me protégé de l’air frisquet matinal, les cheveux épars et la bouche pâteuse, j’aspire mon premier pécaud. Il y a une telle sérénité qui se détache de ces moments, le genre de paix qui te fait oublier de te branler.

Je me rince ensuite la bouche avec une Moosehead, mets mes vieilles espadrilles de cross country et me lance pour un jogging matinal. J’arpente les tortueux sentiers du camping aux pas légers de course, découvre un peu mieux mon lieu de villégiature à la lumière du jour et salue les gens levés avec un enthousiasme exagéré. Les gens m’aimeront.

Le camping est assez vaste. Si les terrains pour tentes sont juchés sur un petit mont rocailleux et surplombent le camping, les roulottes sont quant à elles nombreuses et toutes alignées de sorte que des sentiers organisés sont emménagés et mènent tous au lac. Il y a aussi une agglomération campignesque classique où se retrouve la totalité des trucs collectifs : jeux, salles de cinéma, location de pédalo, café internet, casse-croûte.

Après 30 minutes de trottinement ludique parmi la cité de wanabago qui s’éveille tranquillement, je termine ma route sur le bord du lac où je retire mes vêtements pour ne garder que mes boxers et je plonge à l’eau malgré les indications contraires du panneau de règlements. L’eau est fraiche et galvanisante, je fais quelques brasses et ressors, pour ensuite aller prendre une petite douche matinale à grands coups de 25 cents dans le ça pue. De retour à ma tente, j’allume mon second joint de la journée, décide de laisser les speeds de côté et me fais cuire deux œufs. Je viens ensuite lire mes classiques Cyberpresse, Ny Times, Figaro et Poems.com.

Bien vite, j’irai découvrir la faune qui sévit ici, la journée semble infiniment prometteuse.

Camping, prise de possession des lieux

•juillet 19, 2009 • 2 commentaires

Je suis officiellement installé, la tente était plutôt simple à monter, mon emplacement est fort bien, je suis entouré d’arbres, j’ai un plafond naturel de branches et de feuillages, je me suis procuré quantité de bois afin d’entretenir un feu quasi continument. J’ai rencontré quelques personnes de la place, ça me semble bien.

Je me présente comme Michael, jeune écrivain dans la mi-vingtaine, comme ça, parce que c’est drôle. J’avais fait un truc similaire l’an dernier tandis que j’étais Samuel, un jeune délinquant reconverti à la religion catholique. Je suis bien en vacance, dans la nature, je parle aux gens, je suis gelé et volubile, un vrai gamin. Je crée des liens, je me ris des gens intérieurement. J’ai bien hâte de voir ce que la semaine me réserve.

Le café internet est plutôt bien. J’avais peur de tomber sur une salle louche avec un seul ordinateur, un genre de Pentium 60 mHz, avec le petit chiffre écrit sur la boîte et un bouton turbo qui fait doubler le 60 en 120, pour le grand plaisir de jeunesses ahuries et ébahies. Il n’en est rien, le tout est plutôt bien. Je passerai donc surement quelque temps ici durant mon séjour, je suis un écrivain dans la mi-vingtaine après tout.

Je m’en retourne donc à ma tente, je prévois lire un premier bouquin avant de m’abandonner aux bras de Morphée. Je lirai donc tard, illuminé par la lumière d’une vieille lampe turquoise achetée chez Emmaüs live hier, je me trouve fort chic. Demain, je fais le tour de la populace, sentez-vous l’excitation?

Camping, le départ

•juillet 19, 2009 • 3 commentaires

Je pars en camping, profitant ainsi de la première moitié de mes douces vacances ô tant méritées. La semaine dernière durant, j’ai arpenté les internets à la recherche d’un havre digne de ce nom où je pourrais piquer une tente (et peut-être piquer une tante, qui sait?) et profiter quelques moments de cette vie qui autrement s’égraine sans que l’on ne le réalise.

J’ai finalement trouvé un petit spot tout coquet. Les arbres sont nombreux (c’était mon premier critère, car il n’y a rien de pire que ces plaines moches où l’on invite les campeurs à se parker), il y a un lac qui semble hygiénique (denrée rare), des jeux de mississipi, de poches, de fers à cheval, un café internet, des projections de films lorsqu’il pleut, un p’tit dep à l’entrée, je sens que j’y serai bien.

J’ai fait ma réservation jeudi, je vais google mapper ça tout à l’heure, je suis fébrile comme le pauvre Québécois moyen devant un film de Michel Côté et Louis-José Houde (sincèrement, what’s up with that TABARNAC?). Je ne possède pas de tente, j’ai emprunté celle de Mad Robbie à la job, j’espère ne pas trop la souiller. Je me suis acheté quantité de bières et j’ai tenté d’évaluer ma consommation hebdomadaire de drogue pour amener les provisions nécessaires à mon bien-être. Ce ne fut pas mince tâche et le fruit de mes calculs m’a semblé un peu effarant, faudrait peut-être que je réduise à mon retour. Mais pour l’instant, j’en ai amené plus que moins, qui sait, je réussirai peut-être à traîner quelques babyboomers à wanabago encore plus gros que l’ego dans le vice.

J’ai une cargaison de livres, du linge tout propre, il fait bon vivre. J’ai fait un ménage de mon appart’ en fin de semaine pour trouver tout le stock dont j’avais besoin pour ma semaine dans la nature, disons que ça fait du bien et que de savoir que je retrouverai mon logement nickel à mon retour m’encourage. La dichotomie entre la propreté des lieux et l’état crasse conclusion de ma débauche prochaine sera sans doute saisissante. I’m all for the dichotomy.

Ce sera sans doute ma première semaine sans sexe depuis fort longtemps. J’ai hâte de voir comment je vais gérer la chose. Disons qu’un éloignement de ma Fuck Friend pourrait être bénéfique, j’ai toujours peur qu’elle s’attache. Les liens interpersonnels, c’est les pruneaux de la vie, ça fait chier. Ce sera aussi une semaine sans porn, seule mon imagination devra servir de carburant à mon poignet et son activité qui pourrait atteindre des sommets dans mon ère post-puberté.

Je quitte donc, je stoppe d’écrire ce post, je me sens soporifique lorsque je suis joyeux de la sorte. Il y a un café internet, j’espère pouvoir relaxer un peu en me tenant up to date sur la planète et en m’épivardant un peu ici sur ma semaine. J’espère aussi que ce ne sera pas du calisse de 56k qui fait un vacarme indécent en se connectant et qui prend 802 vies à loader un .jpeg. (Finir une phrase avec .jpeg, ça fait deux points rapprochés et weird, c’est louche. Finir un texte ainsi, c’est encore plus twilight. Fuck les vampires emos)

Kiss

•juillet 17, 2009 • 9 commentaires

C’était soir de débauche dans tout Quebec City en ce 16 juillet. En effet, KISS et son armée envahissaient la Vieille Capitale, invasion qui se voudrait toute en pyrotechnie, en kits de sado maso et en talons hauts.

Une large foule s’était déjà massée très tôt sur les plaines où j’avais moins même filé directement après mon chiffre à l’épicerie. Dans une ville où on adule autant les vieilles stars déchues et bedonnantes de l’antique heavy pop rock, c’était évident que l’attroupement serait massif.

Après une performance plus que molle de Blue October qui n’a fait que passer, la foule était anxieuse d’enfin voir arriver les hommes maquillés du rock. L’ambiance est festive, je suis seul, un peu à l’écart, j’observe la masse grouillante en me gavant d’amphétamines comme s’il s’agissait de bonbons et m’allumant de botch de joints en botch de cigarettes. Les gens sont costumés et joyeux, l’air est électrisé, tous ont hâte.

Je m’imagine les quatre vieux en backstage, en train d’enfiler leurs trucs, de se faire crémer la face et de mettre de côté leur virilité. J’imagine le lien qui doit être fort, celui qui unit un quatuor de mec qui savent pertinemment qu’ils sont ridicules et minables dans leurs accoutrements, mais qu’ils vont devenir des bêtes de scènes dans quelques instants. La complicité doit être incroyable.

Finalement, on hisse une bannière à l’effigie du groupe et des premières notes stridentes scindent l’atmosphère chargée à bloc. Les gens s’époumonent à crier, obnubilés par des vieux croulants pleins de make-up. Je suis fasciné tout en étant porté par le rythme du batteur qui martèle ses peaux avec une ferveur toute féline.

Je suis vraiment high, je laisse la musique me pénétrer par ondes, tressaillant aux moindres trémolos de la guitare. Les gars du band enchainent les signature moves avec aplomb, Gene liche son manche en se sortant son immense langue, le chanteur a une posture totalement efféminée pour jouer de sa guit et les trois gars à l’avant-scène coordonnent leurs mouvements fréquemment.

Je me suis trouvé une petite butte et j’ai l’impression de surplomber la multitude. Tout ça me procure un sentiment d’omniscience, c’est franchement grisant. Je deviens donc scrutateur, emmitouflé que je suis dans mes vapes.

Le chanteur s’adresse à la foule, ses interventions sont de toutes évidences scriptées mais sont diablement efficaces. Le frontman maitrise étonnamment l’assistance, l’emmenant dans les zones qu’il désire.

Pour un spectacle bien réussi, il faut que le leader nomme constamment la ville. (How are you Quebec City? Eady to rock Quebec City? Queeeeeeebec City!!!) À chaque fois, la foule se met à crier avec vigueur. Chaque personne semble motivée à faire en sorte que le groupe se souvienne de sa visite dans sa ville, chaque spectateur se sent investi d’une mission : tenter de faire passer la soirée à la pérennité. Or le chanteur, qu’est-ce qu’il en a à calisser qu’à Québec, à Montréal ou partout ailleurs dans le monde, ça criait bien fort? Inévitablement, à la fin du spectacle, le groupe dira qu’il s’agit là d’une des belles foules qu’ils aient vu EVER, donnant aux spectateurs niais et motivés ce qu’ils voulaient et tout le monde sera content.

KISS enfile toune obscure après toune obscure. Honnêtement, mis à part une ou deux pièces que je ne reconnais que vaguement, l’entièreté de leur matériel m’est inconnue. Et franchement, je crois qu’il s’agit de la même chose pour quasi tout le monde et moi, je suis déçu. Je ne dois pas être le seul et pourtant, à chaque fois que le chanteur demande How’re doin’ Quebbbbec Cityyy?, la nuée de gens s’égosille.

Je me demande comment se sentent ces quadra-quinta-en-tout-cas-ces-croulants-là en faisant face à une foule de 80 000. Auraient-ils vraiment crus en mettant ses costumes là pour un genre de t’es pas game il y a quarante ans, il deviendrait prisonnier de ces accoutrements et ferait encore les pitres du rock en 2009? La mascarade est immense, j’ai l’impression d’être le seul à saisir l’ampleur de cette dernière.

S’ils sont prisonniers de ses costumes, c’est aussi eux qui leurs permettent  de durer aussi longtemps, ironiquement. En effet, ils ne se démodent guère, leur vieillesse est bien plus subtile car leurs vêtements ne s’inscrivent pas comme typique à aucune époque.

Après un départ franchement lent, une quantité impressionnante de solos un peu trop long mais originaux, le groupe enchaine ses hits monstres. Je me surprends même à chanter, seul, dans mon coin, galvanisé par le moment, définitivement high et joyeux.

Au final, je me couche heureux. Et demain, c’est ma dernière journée de travail, je tombe en congé pour deux semaines.

Boooom qu’ils disent.

Connerie cybernétique

•juillet 14, 2009 • 16 commentaires

Si j’étais un de ces merdeux qui pullulent un peu partout sur la blogosphère, je commencerais en me confondant en excuses. « Mille excuses jeunes gens, milles excuses aux péquenauds sans hygiène et aux citadins soporifiques qui me lisent, mille excuses à vous qui m’aimez tant, qui êtes suspendu à mes lèvres, moi, être important parmi tous. » Ce serait porter là un trop grand respect à ma personne et aux gens banals qui s’égarent ici. Surtout, ce serait ajouter une couche de connerie sur la Toile déjà sursaturée.

C’est un peu le pourquoi j’ai délaissé un peu le world wide web  dernièrement : l’idiotie y est omniprésente.

Je lis beaucoup de forums, de blogs, de sites de nouvelles (oui oui). J’arpente youtube, myspace et Twitter. Partout, je lis des commentaires qui me sidèrent. Qui sont tous ces gens?

Qui sont ces crétins qui croient bon d’investir de leur temps pour souligner une faute d’orthographe? Qui sont ces demeurés qui salivent à l’idée de trouver une erreur factuelle dans un texte anodin de Patrick Lagacé? Qui sont ces insignifiants qui retournent constamment lire Richard Martineau pour déchirer leurs chemises? Qui sont ces moins que rien?

Qui sont ces extrémistes qui ne se cachent désormais plus? Qui sont ces illettrés qui obtiennent une tribune disproportionnelle? Qui sont ces trolls qui délaissent leur merde à tout vent?

Pourquoi, grâce à l’anonymat, devrait-on arrêter d’avoir honte d’être un trou de cul? Qui sont ces pollueurs, ces épandeurs de médiocrité? Comment vivent-ils dans la vie de tous les jours? Sont-ils les mal famées qui vivent pauvrement, ou les parvenus et leur connerie plus discrète? La stupidité est-elle universelle? Y a-t-il une classe qui puisse se réclamer du monopole de la crétinerie?

Bien sur, durant quelque temps où j’étais chérubin utopique, j’ai tenté de combattre les faussetés, l’étroitesse, l’archaïsme. Je répondais avec vigueur, entrain, un peu partout et sous une tonne de pseudonymes. Régulièrement, on m’ignorait. Je faisais figure d’invisible dans des débats d’extrême où les demi-teintes n’avaient guère lieu. La raison est inintéressante. C’est la folie et l’ultracisme qui excitent, il y a longtemps que les médias l’ont compris, eux qui sont toujours là à tendre le micro au moindre groupuscule insignifiant qui saurait s’épivarder durant quelques minutes. Des débilités lancées avec conviction, ça fait des bonnes clips pour commencer le 17 heures avec Pierre Bruneau.

Puis lentement, la fatalité m’a pénétré avec assurance, comme elle le fait toujours. L’inutilité de mes actions m’apparaissait de plus en plus claire, comme toujours. Souvent, après pareil cheminement, il ne reste que le dégoût. Le dégoût est le rejeton d’une utopie qui a maturé. On voit le monde tel qu’il est.

Et tout ça m’a rendu infiniment las. Bien que j’aime écrire ce que je pense ici, y narrer les quelques évènements marquants qui marquent ma vie toute puérile, j’avais plutôt l’impression de me souiller dans une mare de nigauderies brunâtres.

J’ai donc pris un peu de recul. Mais voilà que je décide de revenir ici. Parce que j’aime cela, certes, j’ai bien du plaisir à tapocher sur mon clavier une fois la nuit venue, mais aussi parce que ça aurait été d’abdiquer, d’abandonner un des seuls trucs que je fais assidument qui n’implique pas d’ingérer de la drogue. Et ça, ça compte.

Parce que mine de rien, j’ai l’impression qu’ici, dans ce blog merdeux, se trouvent sans doute quelques solutions latentes à mon mal-être. Qu’ici se trouve une possibilité d’évolution.

Le mot juste

•juillet 7, 2009 • 15 commentaires

C’est jour de mush, c’est jour de mission, de quête. Les limites n’existent plus, really.

J’adore les mots, leurs nuances, leurs sonorités diverses et alléchantes, les infinies possibilités qu’ils offrent. Ils forment un univers tant vaste qu’extraordinaire où j’aime naviguer tranquillement, conscient qu’il s’agit là d’un de mes seuls refuges paisibles. C’est sans doute la raison pour laquelle j’aime bien essayer d’avoir le mot juste. Il ne s’agit cependant pas là d’une science exacte, on avance à tâtons, on s’adapte à nos interlocuteurs, on essaie constamment d’acquérir de nouveaux termes, c’est quasi stimulant.

C’est donc dans cet esprit que ce soir, je ressors ma fibre pédagogique et me lance dans un exercice forcément trop grand pour ma minimale motivation. Qu’à cela ne tienne, tentons ici de démystifier les diverses expressions servant à décrire l’action d’avoir un rapport sexuel. Car il faut se le dire, dans un monde où tout va si vite, où les dictionnaires sont anachronismes et où le savoir est relégué aux oubliettes, il fait bon d’offrir un peu à la masse grouillante de la culture distillée, de la connaissance à l’état pur.

Baiser : C’est le sexe dans son côté ludique et un peu juvénile. C’est la gestation frivole et résolument assumée de la jeunesse fringante.

Copuler : Le sexe d’un point de vue plutôt anthropologique. Si les gens baisent, le peuple quant à lui copule.

Défoncer : Exprime un objectif du belligérant masculin de faire pénétrer son phallus avec vigueur et profondeur dans la cavité de son choix. D’ordinaire, défoncer est synonyme d’un respect minimal pour les orifices visités.

Se dégraisser le salami : (Péjoratif) Désigne l’action de déverser son sperme dans une cavité vaginale dans le but précis et avoué de se soulager d’un besoin latent de coït, et ce, avec ou sans la mise au parfum de la partenaire sur ces objectifs.

S’envoyer en l’air : Moins courante, la locution désigne un rapport particulièrement récréatif avec un penchant aérobique. Fort malheureusement, au Québec, l’expression fut souillée par une utilisation très moche lors d’une campagne de pub de montgolfière.

Faire l’amour : Se dit du sexe moche dans lequel les participants affirment avoir des sentiments mutuels. Souvent, une connotation romantique toute mièvre y est accolée.

Fourrer : Avec une teneur un peu plus bestiale, fourrer, c’est le sexe avec grognements et coups de bassin frénétiques. C’est la jouissance viscérale, quasi intestinale, c’est l’intensité proprement physique.

Passer la nuit ensemble : Locution peu en vogue chez les jeunes, il s’agit souvent là de sous-entendre des rapports sexuels dans un contexte de retenue, en public.

Peter la cenne : Se dit du rapport anal où l’homme délie les sphincters de sa compagne du moment à l’aide de sa verge. Synonyme : Faire une livraison par la back door.

Pétrir la motte : Avoir un rapport avec une personne de forte taille et de physique abusivement malléable. Synonyme : Relâcher le cachalot.

Plonger les yeux fermés : Faire du sexe avec un ou une partenaire au visage ingrat, aux nombreuses imperfections et plaies pustuleuses.

Prêcher la parole du Seigneur : Rapport exploratoire entre un homme d’âge mûr et un garçonnet prépubère. Si le garçonnet s’avérait être une fillette, la locution dompter le poney serait alors de mise.

Procréer : C’est le sexe dans le but de la reproduction. Ironiquement, bien des gens qui procréent ne l’apprennent que quelques semaines plus tard.

Repeindre la caverne en blanc cassé : Avoir un rapport sexuel avec une femme qui n’a pas eu de visite depuis longtemps. Il s’agit d’offrir une nouvelle couche toute séminale à un antre défraichi.

Bien sûr, le tout est loin d’être exhaustif. Il est tard, mes capacités mentales se détériorent plus vite qu’une plote de pute, j’ai donc décidé de faire abstraction de divers classiques undergrounds tels que faire coulisser l’andouillette dans le cresson ou se tremper le pinceau. Mais voilà, je crois bien en toute humilité qu’une assise solide vient ici d’être bâtie pour les générations futures.

Survivre

•juillet 7, 2009 • 15 commentaires

Si j’ai peur de vieillir, les gens eux ont peur de mourir. Il n’y a qu’à voir l’obsession qu’ils en font, à voir combien ils sont prêts à s’investir pour la repousser quelques instants. Aujourd’hui, tout est pensé en fonction de la mort.

Il n’y a plus de telle chose que le plaisir. Aujourd’hui, le plaisir, on appelle ça une augmentation de risque de cancer. L’alcool est cancérigène, l’herbe aussi, la bouffe grasse, le thé trop chaud, le soleil. Puis il y a le reste aussi. La haute pression, le diabète, le SIDA, l’Alzheimer, l’arythmie cardiaque, les pierres aux reins, l’arthrite. Le sel, le sucre, le gras, les épices : les menaces impitoyables du quotidien.

La vie est cancérigène.

Le danger est omniprésent. Le plaisir, cet agent ubiquiste de la Mort, nous guette à chaque instant pour nous drainer dans la décadence et la souffrance éternelle. Les extrêmes sont létaux, il est convenu que quiconque souhaite survivre se doit de se tenir au bienséant tiède. Toute jouissance est désormais accompagnée d’arrière-pensées funestes.

Il y a un nouveau courant en marketing. On ne vend plus le produit, mais bien la survie, disent des publicistes tous blasés. Ainsi, on empoche une fortune sous prétexte que nos cigarettes sont plus douces, nos croustilles moins grasses, nos poissons pleins d’omega-3, mais sans mercure, you know, nos fruits sans pesticide, notre cannage avec 50 % moins de sel, notre liqueur sans calorie, notre jus sans sucre ajouté, notre pain sans agent de conservation. Ne vous en faites pas, tous nos produits sont sans saveur, vous ne craignez rien!

La vie est une maladie dont nous mourrons tous.

Et les gens aiment bien ça se dire qu’ils s’entretiennent. Combien de bonnes femmes lubrifient en s’entretenant mutuellement de leurs marches santé? Elles sont nombreuses, tout comme celles qui s’exhibent en se gavant burlesquement d’une tonne de produits naturels. Et ces hommes qui sont si joyeux d’aller marcher avec leur bouse canine? Les gens sont drogués au mieux-être commercial, ils se prostituent pour allonger de quelques minutes leurs existences qui ne sauraient être autres que vides de toute manière. On se goinfre de tofu et on se gargarise à l’eau minérale, c’est du grotesque consommé.

Et moi je suis là, à quasi m’allumer avec mes botchs, à boire régulièrement plus qu’il ne m’en faut, moi qui m’empiffre de fast-food et me drogue continuellement, on me regarde comme un fou, on me considère comme détraqué, un être condamné, un macabre lunatique. Moi qui me criss bien de ces préoccupations chimériques, ces saloperies de paumés lubriques, qui n’écoute pas les gens à la télé qui disent que c’est MAUVAIS, moi, je ne mériterais pas de vivre.

Je ne mérite pas ma vie car à leurs yeux je ne la chéris guère. Je suis un gaspilleur fou, un salopard qui fait fi d’un don immense. Parce que je ne m’efforce pas à la faire durer, la vie qui est mienne serait dilapidée. Mais ils ne comprennent pas. Ne comprennent pas qu’aveuglés comme ils le sont par leurs illusions, ils l’ont déjà perdu, leurs vies. Car moi j’ai tout saisi. Morts, nous le sommes tous depuis longtemps. Il est trop tard pour la survie.

Crunchy day care

•juillet 6, 2009 • 8 commentaires

Je dormais paisiblement ce matin, pour une très rare fois. J’avais gobé une quantité appréciable de benzos hier, un peu blasé d’une soirée de merde et j’étais encore dans un état semi-comateux, à apprécier mon sommeil trop rare lorsqu’on se mit à varger avec violence sur ma pauvre porte qui ne méritait pas pareil traitement en ce mou matin dominical.

Hébété, je vais répondre d’un pas claudiquant. C’est à mon grand déplaisir que j’ouvre sur ma voisine dans haut et son gamin. Immédiatement, je sais que je vais me faire enculer avec une violence inouïe. Malgré tout, je demeure courtois et lorsqu’elle m’ordonne plus que me demande de garder son kid pour la journée, j’obtempère nonchalamment comme le nouveau prisonnier gringalet qui sait que son baraqué compagnon de cellule lui ramonera la voie à immondices une fois la nuit venue.

Moi qui avais prévu une journée à boire du 94% en lisant du Rimbaud, mes plans s’en trouvaient démoli. Malgré tout, c’est avec un optimisme tout carotique que j’entrevoyais la journée, décidé à saisir la balle au bond et profiter de mes trop rares journées de congé.

Levé plus tôt que prévu, j’en profite pour ouvrir ma télévision où Roger Federer tente d’entrer dans l’histoire. Si le sport me semble d’habitude d’une futilité fondamentalement triste, je me laisse prendre par l’intensité du moment, la quête de Federer et les efforts de Roddick. Le p’tit Sam est tout excité, je n’ai pas trop à m’occuper de lui et cela me convient parfaitement.

Après coup, j’ai fait cuire une Delissio en étant aussi ajunt qu’une fillette de maternelle, il y avait définitivement de quoi en violer une. Je me suis donc questionné si je pouvais fumer devant le kid. Or au final, cela n’est guère différent qu’une cigarette donc j’ai décidé de m’allumer. Mis à part une drôle de remarque sur l’odeur, Samuel n’a rien dit. Je trouve ça bizarre, les gens qui veulent tout cacher à leurs enfants, qui n’osent même pas s’embrasser devant leur progéniture de peur de fucker leur sexualité future alors que justement, c’est ce qu’ils font. Bien des parents ont une gestion très weird de tout ça, ça et la prohibition en général.

Puis nous sommes allés manger une crème glacée, c’était particulier de me promener en ville comme ça avec un p’tit gars. Je suis persuadé que je ne serai jamais un père et pourtant, j’ai aussi la profonde conviction que j’aurai été un paternel vachement supérieur à la triste moyenne. De par le simple fait que je ne suis pas un idiot crasse.

On va ensuite se promener en ville, je rigole bien de la différence marquée entre la fréquence de nos pas. Il a des petites enjambées et des grands yeux, voilà qui contrastait avec mes grandes enjambées et mes petits yeux. Il mange son cornet pendant que je lui pointe différentes attractions de la ville. Je suis le guide le plus éclaté qui fut. Je fais quelques blagues, l’enfant éclate de rires cristallins, la journée est légère.

On retourne finalement à l’appart’, je décide de lui couper une pomme en morceau comme collation, je suis toujours médusé par la différence de texture entre la viande et autre chose, particulièrement quand je suis éclaté. On s’assoit sur le balcon, il est étonnamment calme. On parle un peu, d’une multitude de trucs, la perspective enfantine sur une tonne de sujets me fascine. Il y a souvent là des angles d’approche rares, une logique plus primaire, l’abstraction faite d’une tonne de considérations périphériques.

Vers cinq heures, sa mère est revenue le chercher, puis on a jasé un peu. La pétasse m’a demandé si je voudrais bien le garder durant cinq six jours à la fin du mois de juillet. Je suis crissement embêté, j’ai presque l’impression que ça serait l’fun, ça tomberait durant mes vacances. Mais en même temps, c’est beaucoup trop de responsabilités, l’absence de spontanéité durant trop longtemps. Ouiiiiiin.

Éducation

•juillet 4, 2009 • 2 commentaires

Je suis saoul et je m’instruis. Ici. Call me drunk autodidact.

Edit: Ou ICI (HAHA)

Antiques

•juillet 3, 2009 • 9 commentaires

Je ne veux pas vieillir. J’ai peur de ma propre décrépitude, de ma déchéance tant mentale que physique, je crains l’inaptitude inhérente aux vieux jours. J’appréhende le futur et ses incertitudes.

À l’épicerie, dans le bus, au restaurant, dans les centres d’achats, les vieux sont hideux. Bruns, velus des orifices, nauséabonds, confus, les vieillards errent, ils sont d’atroces bibelots qui meublent sordidement la société, des réminiscences ambulantes de l’imminence de notre mort.

Ils me rendent mal à l’aise avec leur difficulté à s’exprimer, leurs dentiers trop usés, leur incapacité à gérer le Code de la route. Ils m’exaspèrent avec leur lenteur, leur puanteur, leurs malheurs.

J’ai la chienne de devenir ainsi. De devenir archaïque et moribond, à la solde de générations pour lesquels je ne suis que fléau. De me muter lentement en un parasite anachronique vivant aux crochets de connards condescendants.

La pente descendante m’effraie. Physiquement, c’est la souplesse qui diminue, les muscles qui s’atrophient peu à peu, le cœur qui s’essouffle irrémédiablement, les réflexes qui s’émoussent. La surdité et les cataractes font partie du processus, le corps humain n’est pas conçu pour vivre aussi longtemps. Il est condamné à finir en ruine si on le traine trop longtemps.

Mentalement, c’est la mémoire qui défaille, la capacité d’analyse qui déguerpit, la vivacité d’esprit qui s’amenuise. La sagesse n’est qu’une solution de rechange, elle n’est guère porteuse d’innovations ou de prouesses cérébrales, elle m’est donc tiède.

Je m’imagine la couche aux fesses sous mes pantalons de lin, les cheveux disparates, la peau plissée et le crachat morveux constamment dans l’antichambre buccale à écouter de la musique qui sonne le cul. Vraiment, je redoute de vieillir. Et peut-être, aussi, un peu, d’avoir à le faire seul.

Ziméles

•juillet 1, 2009 • 17 commentaires

Avec mon adresse email en haut à droite ici, je reçois une tonne de junk mail, et je ne parle pas seulement des courriels dithyrambiques de lecteurs en liesse. On me spam allègrement et je prends un malin plaisir à lire le tout.

Je reçois quantité de mails pour faire grossir ma queue. Je suis près de me laisser tenter, juste pour voir comment cela fonctionne et parce que ça serait si drôle à écrire. Même chose pour les émules louches de Viagra qui circulent sur les internets. Un jour.

J’ai aussi entrepris une correspondance avec une certaine Nadia Sexe, qui se fait appeler Batoé Boureima dans sa cote d’Ivoire natale. Son père, un policier, la violerait et la battrait avec régularité. Ainsi, elle a besoin de 2600 euros pour s’acheter un set de webcam et filmer son père, pouvant ainsi le dénoncer et se libérer de son joug. Se faisant, elle dit vouloir devenir prostituée professionnelle et appartiendra à quiconque lui donnera de l’argent. Sérieusement, tout ça a de quoi rendre vachement hilare. On s’écrit donc, moi et le mec qui veut du cash, c’est d’un fun fou.

Il y a les concours coca-cola (80 millions, really?), google qui voudrait m’embaucher, des voyances en ligne qui me parviennent et des voyages qui me sont donnés. Et il y a surtout des tonnes d’héritages africains qu’on m’offre de débloquer.

J’aimerais bien devenir le roi d’une tribu d’Afrique. J’aurais droit de vie ou de mort sur tout plein de gens mais je serais juste. Je serais mystérieux, j’aurais des humeurs changeantes seulement pour cultiver un mythe. Je serais bon pour mon peuple, l’agriculture serait riche, les femmes conserveraient leur clitoris, question qu’elles crient plus fort quand je les baiserais. J’aurais des trips chamaniques vraiment intenses, mélangeant une tonne de drogue. Je serais le Kurtz de Coppola dans Apocalypse Now. On tuerait la gazelle grasse lors de mon anniversaire, on m’offrirait la plus belle plote du village. Je ne porterais pas de collier fait de dents de fauves, c’est tellement fif. Non moi, j’aurais une cotte de prépuces séchés ou un truc du genre, m’semble que ça, ça boosterait une légende.

Fin du délire.

Crasse russe

•juin 30, 2009 • 13 commentaires

Je ne fais que rarement les choses à moitié. J’achète compulsivement, consomme entièrement, gaspille complètement. Je suis follement dédié à ma destruction, je vous dis, je suis quelqu’un de très consacré.

Dernièrement, je dérape sur les auteurs russes. J’ai fait une grosse tournée de bouquineries au volant de mon rutilant véhicule à la recherche de différents bouquins pour me lancer dans la chose. À coup de 2 ou de 4 dollars jusqu’à concurrence de 150, j’ai lentement garni ma collection, entassant les volumes sentant la boule à mites et tachés de café sur ma banquette arrière.

Dostoyevsky, Tolstoï, Nabokov, Platonov, Chekhov, Turgenev,  Gogol et Asimov (oui, je triche, fuck you all).

Ça pas été facile, je n’ai vraiment pas trouvé tout ce que je voulais. Du Zinoviev cheap ou Akhmatova me semblent impossibles à trouver. Je me contente donc des bouquins jaunis et secs que j’ai pu accumuler de par mon périple.

J’ai donc fait une belle pile chambranlante au côté de mon futon démodé et troué, des livres de la vieille Union Soviétique, tout froid, tout droit, tout sursaturé de métaphores chevalines. Au gré des jours, j’en sélectionne un au hasard et j’y plonge. Généralement, je lis dans mon bain. Vers minuit, je fais couler un bain chaud, j’ajoute de la mousse Essaim qui sent le raisin marde et je m’insère dans la baignoire avec mon roman du moment.

J’enfile joint après cigarette après joint. J’ai toujours pris le soin de m’approcher deux trois quilles, c’est qu’il faut se désaltérer dans de l’eau aussi chaude. D’ailleurs, je la réchauffe constamment, essayant tant bien que mal de gérer le débit des champlures à l’aide de mes pieds crispés. Il fait chaud, mon cuir chevelu m’irrite, je tourne les pages en essayant de les mouiller le moins possible.

Un joint, un peu de bière, une branlette, une cigarette, chaque nouveau chapitre signifie que je dois céder à un vice selon mon procédé de lecture. Mon esprit s’embrume tandis que défilent les paragraphes. Je m’encrasse inévitablement dans mon bain. Je suis trop lâche pour me lever et aller pisser. Je me fais donc aller la vessie à même mon eau, ça crée des courants chauds, un genre d’El Nino d’urée sillonnant mon eau toujours un peu plus sale. Les bulles s’estompent inévitablement, me laissant la vue de mon corps décharné à travers une eau brouille. Je m’encroûte dans des récits à la narration scientifique et à prétentions philosophiques. Je finis inévitablement dans une mare d’urine, de sperme et de crasse. Tout mon être distillé, on pourrait presque m’embouteiller. Ça ferait un drôle de parfum. Loque humaine par Calvin Klein.

Puis je laisse écouler mon eau. Je garroche un peu du contenu d’une criss de vieille bouteille de Vim pour salle de bain un peu partout et je prends ma douche en même temps. Parce qu’après tout ça, autant pour cause d’eau louche et de littérature soviet’, je suis souillé gravement. Et contrairement à ce que certaines genses pourraient avancer de sotte façon, je suis quelqu’un de bien propre, je prends donc ma douche, deux tournées complètes de savon, trois dans la région du pénis. Comme chaque matin et après chaque entrainement. Qu’on dissipe les doutes. Je suis un petit garçon modèle, tout propre, celui dont chaque mère rêve, right?

Insoutenablement torride

•juin 28, 2009 • 8 commentaires

L’été est torride, la canicule est installée. Déjà, les monocellulaires qui vont se plaindre que l’été fut pluvieux s’épandent en complaintes quant à la chaleur qui sévit. Les éternels mécontents de la température me purgent. Moi j’aime la grosse chaleur, les nuits collantes, les balades nocturnes tandis qu’il fait encore chaud. J’aime l’humidité qui s’accumule, les orages qui éclatent spontanément, les éclairs qui déchirent le ciel, le tonnerre qui gronde à en faire trembler les fenêtres. La seule chose dommage lorsqu’il fait aussi chaud, c’est qu’il fait mauvais fourrer.

J’ai eu ma pire baise à vie.

Avant-hier*, c’était la sixième fois que j’insérais ma verge dans la cavité vaginale de ma Fuck Friend. Pour ceuzes qui suivent avec attention, et je ne parle pas nécessairement de ceux qui commentent 6 fois par jour, il s’agit là d’un record à vie pour mon humble personne. Je me sens presque comme un sportif sur une lancée, qu’on sorte le champagne et la poudre!

Je me pointe donc là en début de soirée tel que convenu dans l’horaire établi. Parce que oui, chaque dimanche, nous cédulons les journées dans la semaine où l’on prévoit se masturber avec la génitalité de l’autre. On regarde les moments qui conviennent aux deux,  on agrée de certaines heures et le tour est joué. C’est pratique, comme l’est cette étrange relation.

J’arrive donc là vendredi, le ciel est sombre et pesant, l’humidité est à couper au couteau (oui oui). On discute un peu, on se tire quelques blasts en échangeant des banalités convenues. Puis on se déplace lentement vers la chambre en échangeant des baisers melliflus. Il fait vraiment chaud, son front est perlé de sueur, le mien est déformé par une veine prépondérante.

Nos souffles sont particulièrement courts, nos peaux sont moites, l’humidité de sa chatte est un peu plus collante et goûte un peu plus salé. Elle m’offre une branlette espagnole dans sa craque de seins tout aqueuse. J’obtempère avec ma verge lisse de transpiration. Floc floc floc nous faisons.

Nous avons un rapport tant sudoripare que sexuel.

Ses aines un peu trop spongieuses me semblent tout imbibées, ses vergetures naissantes sont des rigoles où s’écoule une multitude de fluides. Son anus est zone sinistrée, un véritable torrent sudorifère rectal y sévissant avec vigueur. Nos cheveux sont un peu plus gras, le claquement de ses seins lorsque je la prends en levrettes est un peu plus sec, un peu plus déplaisant. Je me sens sale, je ne savoure vraiment pas le moment. Le couvre-lit se cramponne à mon dos, le ventilateur désuet fait un vacarme énorme, ma concubine ronronne comme un chat asthmatique.

Finalement, après une éternité vient mon premier et seul coït. Soulagé de pouvoir mettre fin à tout ça, la patate me pompant à en frire, je suis bien plus satisfait d’en avoir fini que de m’être vidé. J’ai les aisselles mouillées, le sous-scrotum souillé, les hanches poisseuses et la mine honteuse.

Je pars donc en deux temps trois mouvements après avoir instauré une clause anti-chaleur dans notre contrat. De retour chez moi, j’ai probablement pris ma plus longue douche à vie.

*Ce fut aujourd’hui, puis hier, puis avant-hier. Il fait chaud, je suis lâche, c’est ainsi. Juste pas game de prendre 20 minutes pour écrire mon quotidien.

Sick shit

•juin 28, 2009 • 7 commentaires

Je suis sur la e, je suis las et j’écoute ça. Je me chie dessus.

Évidence

•juin 25, 2009 • 5 commentaires

La chaleur est accablante. C’est humide, dense, torride. Le genre de température où il ne fait même plus bon se crosser parce que l’on devient trop collant. C’est dans ces moments que je ressors du vieux mush afin de me motiver à ne pas être trop inactif. Habituellement, les champignons m’amènent à me lancer dans diverses quêtes. C’est de l’auto-stimulation à base chimique. Une branlette cervicale à l’aide de matériel fongique. Il s’est avéré qu’il me restait du vieux mush en tabarnac. J’ai donc craché ça, je sus trop défoncé pour relire, je me laisse donc un petit suspense ici pour demain matin, ça va être tout drôle.

Voilà plus de 20 ans que je n’avais pas mis les pieds ici. L’École primaire des Défricheurs. Les choses avaient peu changé comme elles aiment tant le faire. Mêmes murs de briques rouges, mêmes bureaux chambranlants, même climatisation inexistante. Il n’y a que les proportions qui étaient altérées. Les portes semblaient moins grandioses, les poteaux de ballon-poing qui semblaient toucher le ciel autrefois paraissent aujourd’hui bien ordinaires, les paniers de basketball sont bien plus accessibles.

Depuis quelques mois, j’abhorre ma vie. Levé à 6 h, je pars à 6 h 30 pour me rendre à mon travail que je déteste. Le trafic est dense, l’air pollué, ma vie encrassée. Mes journées sont infinies, mes tâches sont routinières, mes collègues de travail idiots. Le vrai problème, ce n’est pas que je haïs ma job, c’est courant, c’est le fait que je ne suis pas impatient de revenir chez moi. Car là-bas, c’est le vide.

Ma femme m’a quitté cavalièrement en début d’année. Elle a rencontré un homme plus doux qu’elle dit, plus compréhensif et plus mature qu’elle croit. Un amant des marches en plein air, des boissons alcoolisées sucrées, des jeux de société et du cheminement personnel. Je bandais trop fermement il faut croire. Elle est partie avec les enfants, me laissant seul dans un condo chiquement décoré. Malheureusement, mes belles peintures n’empêchent pas ma voix de produire de l’écho lorsque je crie un peu parce que trop saoul tard la nuit.

L’invitation pour la soirée retrouvaille de l’École primaire était arrivée à un drôle de moment. Le soir même, je m’étais procuré une arme dans le but clair de m’enlever la vie. Un petit carton aux couleurs criardes, des motifs enfantins, une écriture surstylisée pour nous inviter au vingtième anniversaire de notre graduation de sixième année. Le genre de truc que je méprise d’ordinaire, qui suinte l’hypocrisie et la médiocrité. Mais je me suis rappelé ces temps heureux, les canailles avec qui je jouais au ballon durant la récréation, les gamins avec qui j’avais partagé mes découvertes d’enfant, les guerriers avec qui j’affrontais quotidiennement le monde qui nous semblait si immense à l’époque. J’ai pris conscience de ma déchéance, j’avais besoin de savoir si ce n’était là que l’œuvre régulière de la vie.

C’est pourquoi je me trouvais là aujourd’hui, dans le lycée qui avait bercé mon enfance, à la recherche de réponses à des questions que je ne saurais formuler clairement.

J’entre dans le gymnase que je découvre encore plus défraichi que par le passé. Des tables pliantes sont montées, un buffet y trône sur une nappe en plastique. Quelques groupuscules discutent, le son régulier des conversations couvrant quelque peu le Beau Dommage qui sort timidement des haut-parleurs d’où retentissait autrefois la cloche annonçant la fin des classes.

Le premier visage que je reconnais est celui de ma professeure de sixième. Denise, une jeune veuve sans enfant pour qui nous étions tout. À l’époque, le triste de la situation ne nous effleurait guère l’esprit. Elle était là, un peu plus ridée, un peu moins vigoureuse, usée. C’est en regardant les autres vieillir que la fatalité de la vie nous frappe vraiment.

Les gens sont très beaux. C’est à qui le costard le plus branché, à qui les plus gros seins, la plus rutilante voiture, la plus grande quantité de poudre. Je reconnais lentement des visages, je suis assailli de souvenirs, mon esprit bouillonne et pendant quelques instants, j’en oublie le pistolet qui m’attend dans le coffre à gant et le fait que j’ai prévu me tirer à la fin de la réunion, dans le stationnement, comme ça.

J’approche de vieilles connaissances, je parle peu et j’écoute. Chacun parle de son quotidien, exalté de croire que tant de banalités puissent intéresser quelqu’un. Je fais lentement le tour, les salauds sont devenus des connards, les naïfs sont maintenant niais, les connasses sont désormais des salopes. Les choses avaient peu changé comme elles aiment tant le faire.

À chaque fois que tu demandes à quelqu’un ce qu’il est devenu, il commence toujours par son emploi. Pas le nombre d’enfants qu’il a, pas la ville où il demeure, pas le nom de sa femme ou même sa plus vive passion. Les gens se définissent primairement par le travail qu’ils occupent. Parce qu’après tout, c’est de là qu’émane l’argent, c’est le triste essentiel. Il en a toujours été ainsi. Je me souviens d’ailleurs d’une présentation que nous avions faite avec Denise : que voulez-vous devenir plus tard. Il était déjà implicite qu’on parlait de métier.

Marc qui voulait devenir policier travaille aujourd’hui comme doorman. Il rêvait de justice en faisant des grands yeux, il règle maintenant des conflits d’ivrognes aux yeux petits. Julie voulait devenir avocate de renom, être une oratrice hors pair. La seule partie orale de son boulot, c’est le sexe qu’elle donne au salaud pour laquelle elle est secrétaire. Vincent qui voulait devenir vétérinaire est plutôt boucher. Marie-Pier voulait devenir médecin. Elle l’est. Et pourtant, elle semble si triste, elle semble brisée.

Policier, astronaute, architecte, docteur, acteur, sportif, Premier Ministre, journaliste, mannequin qu’on rêvait. Pompiste, vendeur, plongeur, commis de bureau, coiffeuse, garagiste, huissier, pute qu’on revêt.

La fatidique connerie de la vie est sournoise. Les rêves se cassent rarement. Ils commencent par perdre de leur clarté, puis de leur grandeur, ils s’altèrent un peu puis tout à coup vous réalisez qu’ils sont brisés. La plus cruelle des utopies est celle d’un enfant.

Il n’y a pas de belles vies, juste des idiots. Ce qu’on était con d’y croire, au bonheur. L’innocence qu’ils appellent?

Puis, finalement, je tombe sur mon meilleur ami de l’époque. Pendant 7 ans, nous avions fait les 400 coups avant que le destin nous sépare. Rémi, un rouquin au sourire espiègle. Il restait à deux coins de rue de chez moi, ma mère avait décidé que nous serions amis. Il avait des Tonkas, j’avais des G.I. Joe, nous nous inventions des dizaines d’histoires rocambolesques des étés durant. Nous bâtissions des forts immenses et imprenables une fois l’hiver venu. Chaque journée était une nouvelle mission farfelue, nous défrichions l’univers à coups de créativité enfantine. Nous construisions des cabanes dans les arbres, nous combattions des hordes de malfrats imaginaires, nous devions délivrer des princesses imaginaires. Nous appelions ça nos missions du jour, c’était génial. Rémi fut mon frère, vraiment.

On se serre la main un peu béatement, ne sachant trop que dire. Des politesses vides sont échangées, le malaise est palpable. Il me demande ce que je suis devenu. Triste, que je réponds. Il rit un peu jaune, me parle de son boulot de vendeur d’assurance, il s’interroge sur le nombre de cylindres du moteur de ma voiture, sur la grosseur de mon condo, sur les seins de ma femme. Triste, c’est ce que je suis.

Je m’éloigne un peu du lot, déçu, je les regarde aller, ils boivent leurs cocktails et rient en se tapant les cuisses. Si les bambins que nous étions nous voyaient, ils en auraient mal au cœur. On s’évertue à devenir ce qui nous rebute. Le problème : on y parvient. Nous devenons nos parents, nos idéaux n’étant désormais qu’au mieux sujet de blagues.

J’en ai donc assez, je quitte sans saluer personne, me dirige rapidement vers ma voiture. Aussitôt assis, je desserre mon nœud de cravate et ouvre mon coffre à gant. S’y trouvent mon flingue et une boîte de munitions. Lentement, méthodiquement, je remplis chacun des chargeurs. J’éprouve une satisfaction à loader le gun au complet, il y a trop de choses que j’ai faites à moitié, me tuer ne sera pas une de celles-là.

On croirait que lorsqu’est venu le temps d’en finir, c’est le festival de la réminiscence. Qu’une tonne d’images positives vous viennent à l’esprit pour vous rappeler les quelques moments positifs de votre vie. Que dalle. L’esprit vide, que le canon lustré pointé à ma tempe et un soulagement évident.

C’est alors que tout s’éclaircit d’un coup. Rapidement, j’ouvre ma portière et me saisit de la boite de munitions laissée ouverte sur le siège passager. J’accours vers le gymnase. J’ai une mission du jour.

Yeah! Bonne St-Jean!

•juin 23, 2009 • 24 commentaires

Demain, c’est la Saint-Jean Baptiste. Ainsi, de par le monde, c’est l’anniversaire du gars qui a baptisé le bon vieux J.C. dans le mythique Jourdain (rien à voir avec Michael, l’as du Basket, oui oui) en le désignant comme l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.

Au Canada, depuis 1834, c’est la fête des Canadiens français. P’tit Jean fut même décrété le patron des french canadians en 1908 par Pie X. Finalement, en 1977, le Parti Québécois de Lévesque faisait du 24 juin la Fête Nationale.

Mais c’est surtout la Fête de la médiocrité. Je sais déjà que la criss d’en haut va s’acheter une 28 de Laurentienne et va écouter Brathwaithe en sa tapant sur ces cuisses pleines de cellulite. Que les policiers et ambulanciers seront sur le qui-vive pour contenir les jeunes idiots qui se ramasseront dans le coma éthylique. Que des poudrés continueront d’entretenir un projet qui s’est fait balayé à deux reprises. Que des conards crieront « Vive le Québec Libre » sans même savoir qui est l’auteur de la citation.

Des gens pactés feront semblant de fraterniser avec des inconnus, on chantera du tabarnac de Paul Piché, on vomira des Cowboys Fringants, on beuglera du Gilles Vigneault, le cœur me lève. On célèbrera le petit peuple né pour un petit pain.

Les amoureux

•juin 22, 2009 • 19 commentaires

Oops I’m dead. À l’intérieur. Vraiment. C’est une de mes majeures constatations depuis que j’écris ici. Je suis conscient que j’ai sans doute un point de vue plus sombre que la moyenne, un regard plus critique, des observations plus acerbes. Mais je réalise de plus en plus que je crois ne pas être doté d’une habileté qui semble commune : celle de ressentir.

On parle d’amour alors que je parle de sexe. Il y a un fort courant de pensée qui semble croire qu’une attirance quelconque, qu’un lien mystique plutôt flou, que des sentiments (?) magnifient le sexe. On parle de relation à long terme, d’épanouissement personnel, d’union fusionnelle. J’aimerais être capable de ne pas en rire, sincèrement. Les gens semblent si heureux, j’aimerais souvent posséder cette propension à faire fi de la relativité des choses, me mettre à croire ces sornettes romantiques.

Mais il m’en est impossible. Je voudrais être frivole, ressentir la légèreté palpable qui semble être celle des amoureux, le poids qui m’incombe sur les épaules s’en trouverait surement diminué. Or je trouve tout cela très con, très mièvre, très hypocrite. Je n’arrive pas à me convaincre du contraire.

J’évolue donc en étant un peu misérable, conscient que certains possèdent des capacités que je n’ai pas, qu’ils savent des choses que j’ignore. La capacité d’aimer est-elle innée? La perd-t-on tranquillement sous le coup des atrocités de la vie? J’ai l’impression d’être face à une cruelle constatation, d’en être rendu à l’implacable constat de ma mort interne. Je suis un corps mort, froid de l’intérieur. Je n’ai pas reçu l’Extrême Onction, mon âme brûle quelque part en Enfer. Je suis damné.

C’est pourquoi je haïs les amoureux. Je les haïs d’être aussi sots et désinvoltes, aussi stupides et bonnasses. Je les haïs d’y croire et d’ainsi être aussi con. Je les haïs de ne pas avoir mal comme j’ai mal. Je les jalouse d’avoir ces sourires, ces regards complices et sopporifiquement lourds de sens. Je les jalouse de ne pas se poser les nombreuses questions qui me sont évidentes et obligatoires. Je les jalouse d’être heureux. Je les déteste car je les hais et les jalouse. Je les déteste car il ne me laisse pas indifférent.

Absence

•juin 21, 2009 • 3 commentaires

Voilà que j’ai passé quelques jours sans les internets. C’est que depuis déjà plus d’un an, je volais la connexion d’un insouciant dans le bloc qui avait l’amabilité un peu folâtre d’offrir à quiconque sa bande passante. Bandwith dont j’ai abusé sans scrupule. Mais voilà, jeudi soir, comme ça, le réseau avait été sécurisé. J’étais pris au dépourvu, la mine déconfite et la bite molle de tant d’absence de porn dans ma vie.

Finalement, trois jours plus tard, après des randonnées sous la pluie pour passer le temps et plusieurs essais infructueux afin de trouver le mot de passe qui me donnerait l’accès à un des quelques réseaux qui m’entourent, j’ai finalement touché juste, parce que les gens sont sincèrement mongoles lorsque vient le temps de choisir une clé d’encryptement (parce que je t’en chis des périphrases moi).

Il m’aurait peiné d’avoir à m’abonner à internet. Pas que l’argent soit un problème, j’ai peu de vêtements et ils sont modestes, je me nourris seulement de repas très frugaux, je n’ai pas le câble et achète mes livres usagés et bon marché. Selon mes estimations, j’ai en banque de quoi vivre près de 6 mois sans revenu. J’ai un beau fichier Excel, des colonnes, des tableaux croisés dynamiques, je me touche parfois en faisant des Somme.SI. J’ai un budget pour ma drogue, ma nourriture, mon loyer, mes romans. Je suis quelqu’un de méthodique, de scrupuleux et je n’ai que faire de l’éthique commune qui est à dégobiller.

Je vole ma connexion internet. Dans les bars, lorsque je vois des bouteilles délaissées quelques instants par sotte inadvertance, je saute tel un subtil fauve et m’en empare, repartant aussitôt dans un autre coin en prenant soin d’engloutir rapidement le butin de mon larcin. Au cinéma, je ne paie jamais mon billet, j’use de divers subterfuges pour m’infiltrer dans les salles. Le vol, ce n’est pas d’aller voir Star Trek sans payer, c’est de charger 12 dollars pour en donner le droit. Je vole des pilules à ma Fuck Friend, je vais régulièrement me chercher des cargaisons de capotes au bureau de l’animatrice de pastorale de l’école secondaire près de chez moi, je fréquente pour rire diverses soupes populaires. Systématiquement, je me stationne dans les parkings pour handicapés. Mon argent est précieux, mon temps aussi.

Ça fait peut-être de moi un dégueulasse. J’aime ça.

Ce qu’ils pensent

•juin 18, 2009 • 16 commentaires

Maternelle
Viens dans mes p’tits bras
Tu verras oui, tout ira
Maintenant qu’j’suis là

Perverse
C’est un criss de fou
Mais j’le veux dans mon minou
Car je le crois doux

Psycho-pop
Mais quelle haine si forte!
Pourquoi est-il de la sorte?
-Car sa mère est morte.

Outré
Tant de grossièretés
C’en est à dégobiller
Vraiment qu’un taré

Indifférent
Mais de qui parle-t-on?
Nul besoin d’hausser le ton
Connais pas ce con

Égocentrique
Je m’y reconnais
Me sens meilleur que ce niais
Moi c’est ce qui m’plait

Sottise
Wow, mais quel auteur
Je l’avoue en toute candeur
Je mouille à mes heures

Stupidité létale

•juin 17, 2009 • 17 commentaires

Je suis las comme rarement. Je me sens saturé de merde, dégouté de mon quotidien routinier, blasé d’une vie qui me semble limitée. D’ordinaire, je qualifierais mon état de mollesse tristement béate, d’amère inertie tranquille. Or voilà que je me sens agressif, colérique. La stupidité crasse de mon entourage m’exaspère et je me sens inapte à faire abstraction de cette médiocrité.

Mes collègues de travail sont de sombres simplets sans réel intérêt autre que celui du divertissement fade qu’ils me procurent en évoluant paisiblement dans un univers visiblement trop complexe pour de pareils êtres si peu garnis en neurones.

Mon voisinage se complait dans la banalité, vivant dans la modestie inconsciente que leur confère leur intellect si mince. Tout est miteux, on arbore la camisole, la molle moustache pleine de graines et le pad. On met au monde des marmots pour qu’ils jouent avec la marde qui pourrit dans leurs couches tandis que les parents sont trop occupés à écouter la télévision. Le plus triste de cette immense cruauté, c’est qu’il est quasi difficile de leur en tenir rigueur, ils sont tellement ignorants.

Je n’ai pas d’ami, personne n’arrivant à susciter mon intérêt et mon respect de façon soutenue. Je n’ai guère de famille, mes parents sont décédés et le seul oncle dont je connais l’existence habite au sud de la frontière. J’aime, j’adore ma solitude. Mais il y a des moments comme ce soir où elle me pèse un peu.

Je désespère par moment de rencontrer des gens intéressants. Je vis dans des cercles sociaux très moches, très simplistes. Je peine à secouer mon marasme relationnel, encroûté dans mon bien-être très arbitraire. Je m’échine à songer aux endroits qui m’offriraient la possibilité de rencontrer des gens dont la fine fraicheur ne s’émousserait pas à un rythme effarant.

J’ai pensé à suivre des cours de cuisine ou de sports, mais j’aurais peur d’être entouré de vieux et de cons. J’ai songé aussi à des groupes de lecture. Je ne sais même pas si ça existe vraiment et encore moins s’il est possible d’y lire autre chose que du Marie Laberge et du Dany Laferrière. Il y a des clubs de marche aussi, que des crinquées et leurs chums soumis. En vrai j’ai fait le tour du feuillet d’activités communautaires. Je n’arrive pas à me décider, je m’exaspère grassement.

Il y a aussi un retour aux études, mais c’est TELLEMENT demandant.

Et au fond, je le réalise là en l’écrivant, c’est peut-être bien plus mon propre immobilisme que la connerie ambiante qui me rend aussi colérique. Allez savoir.

Fuck friend

•juin 15, 2009 • 19 commentaires

C’est une ancienne collègue de travail, une solution de rechange quand Mush est absent ou faillit à me fournir ce qui me plairait, une membre de mon voisinage étendu, une fille aux cheveux bruns en broussailles, aux yeux noisette, aux pommettes saillantes, au visage tout rond. C’est une Tom boy sur les bords, un air espiègle, des cuisses un peu costaudes de sportives, des seins rebondis. C’est une fille un peu marginale, distrayante. C’est ma nouvelle Fuck Friend.

Un étui à pénis, un rack à graine, une plote de courtoisie, amie avec bénéfice, réceptacle à gamètes multi-usages.

Je cherchais du GHB, c’est le prochain truc que je veux essayer. Mush m’a regardé comme un agresseur éventuel, j’ai donc dû me rabattre sur mes sources aléatoires. Je me ramasse chez elle, j’ai une faiblesse sociétale, je reste là à jaser 1 heure ou deux. Et elle me propose ça, quasi tout bonnement, sur le ton de la conversation. Je lui dis que je vais y penser et repars songeur.

Pour :

-On aime le sexe comme notre eau : courant et potable
-Possibilité de se soustraire des aléas de la chasse aux réceptacles
-Moins de gaspille de temps
-Facilité de paramétriser  le sexe pour optimiser la jouissance
-Économie d’échelle sur l’alcool
-Aisance lorsque vient le temps de clore le tout
-Liberté de chercher d’autres occasions

Contre :

-C’est souvent des 4 ou 5 de PUBIS
-Possibilité que la mégère s’attache
-Elle ne te fera pas à manger
-Le sexe a tendance à devenir tributaire d’une seule personne
-Nos performances sont jugées plus sérieusement

J’ai donc décidé de me lancer. C’est loin d’être la plus cute, je l’espère éminemment cochonne mais j’entretiens des doutes, je ne sais même pas si elle est salubre de la plote. Au pire, je terminerai la mission copulation abruptement. Je pars là, je reviendrai ici après l’avoir béni de mes gênes si c’est pertinent ou si la motivation se fait sentir. Ressentez-vous l’incertitude?

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Edit 22h50.

Ça faisait drôle, baiser tandis qu’il faisait encore un peu soleil à l’extérieur. Il y avait un bon moment que cela ne m’était pas arrivé.

Une baise aussi sans l’espèce d’hypocrisie, celle de feindre la passion. Souvent, dans les trucs d’un soir, les aventures, mon meilleur moyen d’approche est de simuler un feu brulant, une passion toute physique. Ça fait partie de la game de séduction pour ce genre d’objectif à mon avis. Parce que oui, la séduction, c’est dire aux jolies filles qu’elles sont intelligentes et dire aux intelligentes qu’elles sont belles, mais c’est aussi essayer de faire croire qu’un grand moment est à portée. Le vide est si sidéral et omniprésent dans la vie de plusieurs que le simple espoir de percer l’abysse un moment est mirobolant. Et j’essaie de capitaliser sur ça big time.

Mais voilà, rien de ça. Qu’une ambiance étrange, des yeux un peu fuyants, un silence un peu malaisant qui amplifiait le choc de nos épidermes se claquant. On a fait ça sur le divan dans son salon, son lit était plein de vêtements propres pas encore pliés. La télévision laissée sur mute projetait son rayon cathodique, j’en perdais le focus.

J’ai eu deux coïts dans l’heure, on a très peu parlé, se concentrant chacun sur son plaisir à soi dans un égocentrisme mutuel d’une poésie toute sombre. C’était comme se masturber, mais dans un vagin.

Puis un peu à bout de souffle, je me suis rhabillé sans dire mot. Elle reste assise, les cheveux encore plus chaotiques, l’entrejambe à grands vents, les seins un peu rougis. Maintenant qu’aucun but commun ne motivait nos présences réciproques, j’ai quitté l’appartement. Toujours dans le silence le plus complet.

Béatitude

•juin 15, 2009 • 6 commentaires

J’avais décidé de me lever tôt ce dimanche. J’ai appelé vendredi pour me réserver le départ le plus matinal disponible sur le petit terrain de golf non loin de chez moi, j’espérais que le soleil soit au rendez-vous. J’étais donc debout à 5 h 30, à laver mes clubs antiques achetés pour une bouchée de pain sur lespac au début de l’été, joint en bec, sourire aux lèvres. Le soleil scindait un ciel tout azuré, tout semblait au rendez-vous.

Arrivé sur le terrain, le chant des oiseaux comme matinale mélodie en fond, je m’échauffe, hume pleinement l’odeur de l’herbe fraichement coupée et m’enduit ma peau blême d’un onctueux écran solaire. Ma casquette Moosehead bien vissée sur la tête, j’entame le parcours seul, ayant la chance de n’avoir aucun partenaire imposé sur mon foursome.

Les choses vont rondement, sans survoler le terrain, je suis satisfait de mes coups. J’avance lentement, fume clope après joint, me désaltérant subtilement avec quelques rasades de bière sous l’œil amusé du préposé qui fait la coupe de différents verts.

Mine de rien, l’avant-midi s’entame et le soleil prend un peu de vigueur. Il fait chaud, il fait beau, je sens malgré moi un sourire poindre à la commissure de mes lèvres. Je finis par bouclé le terrain sans immenses anicroches, rien de fantastique mais fort honorable pour un début d’été.

Je décide ensuite d’aller à mon spot favori sur la Rive-Sud. Alors que je restais sur ces contrées rurales que représente la Rive-Sud de la non moins rurale agglomération de Québec, j’aimais bien aller me perdre des jours durant dans les bois adjacents à ma petite ville. C’est là que j’y ai trouvé ce qui demeure encore à ce jour ma seule oasis de paix introublé.

En plein milieu de la forêt qui longe la Transcanadienne, à 6-7 minutes de marche ce trouve une partie où la végétation se fait un peu plus clairsemé. Un ruisseau y passe, une légère cascade amène l’eau à clapoter au contact de rocher arrondi par l’érosion aquatique. Un rivage rempli de gravel me permet de m’assoir tout prêt de l’eau. Je me démarre un petit feu, mange mes sandwichs au beurre de peanut préparés en vitesse le matin même, m’ouvre le bouquin de Hugh Laurie acheté à tout hasard durant la semaine.

Une brise fraiche provient du ruisseau, le soleil est à son zénith, j’ai une canette de Heineken en main, je suis seul et bien. Il y a quelque chose d’apaisant à être si loin de l’hommerie, se sentir complètement coupé de sa crasse, de son urbanisation aseptisée, de ces maux d’image, de son besoin de plaire, de l’amour parasite, de sa socialisation vide à outrance.

Je suis seulement là et bien et lorsque je mourrai, je veux que ce soit dans ces conditions-là.

Crise identitaire

•juin 14, 2009 • 20 commentaires

Parfois, je crois que les amphétamines me rendent un peu parano. Ils me rendent plus allumé certes, j’ai l’esprit qui bouillonne, la lucidité qui atteint des niveaux stratosphériques, des tonnes de pensées virevoltent dans ma tête qui surchauffe. Il ne suffit que d’une fixation, d’un égarement, d’une anomalie pour que je m’emballe et devienne nerveux, fasse une multitude de connexions louches et me mette à badtripper.

J’ai commencé ce blogue, j’étais (je crois l’être encore) dans une partie sombre de ma vie, j’avais besoin d’écrire mes pensées, me donner une perspective différente de mon quotidien, obtenir des points de vue externes. Lentement, quelques personnes se sont mises à lire, à comprendre, à détester, à supporter. Je regarde des statistiques, je n’ai pas trop de point de comparaison, j’ignore si mon lectorat est ridiculement petit ou appréciable.

Et là, depuis quelques heures, je capote en tabarnac. Un email ténébreux, une analyse de certains textes et me voilà en pleine paranoïa. J’ai été crasseusement idiot, je n’ai guère changé les noms dans mes histoires, racontant, décrivant mon entourage sans filtre. À des gens sur MSN, j’ai même divulgué mon prénom. Heureusement, dans un éclair de lucidité tristement involontaire, j’ai cru bon de ne pas parler de mon lieu exact de travail ou de mon nom de famille.

Sauf que là, j’ai peur qu’on me découvre. La salope d’en haut, le crouton qui veut rester jeune, le gay du gym, des gens qui n’ont rien demandé et qui se retrouvent ici un peu malencontreusement. Les gens idiots, peut-être même assez pour accorder de l’importance à leur présence quasi anonyme dans mes récits ici. Même si au final, je pense que je m’en contrefous, j’ai l’impression que ma chère lucidité est embrouillée ce soir.

Et puis aussi, si mon employeur se retrouve à lire, fait des liens. Si ma nonchalance étudiée et mes performances au-delà de la moyenne au boulot ne suffisent plus à camoufler le fait que je suis éclaté en quasi-permanence parce qu’il obtient des infos, est-ce que je me fais virer? Est-ce que je dois faire semblant de diminuer ma consommation?

Je ne sais pas trop quoi faire, je vois sans doute cela bien plus gros que ce ne l’est réellement. Mais tout de même, est-ce possible qu’on me retrace? Les internets sont déplaisantes pour ça. Au boulot, à chaque fois qu’un client semble porter un peu trop d’attention à ma personne, que son regard se fait un peu trop insistant, que son sourire est plutôt coquet rictus, je me mets à songer, à me demander si ce n’est pas quelqu’un qui est déjà passé par ici. Le confort du semi-anonymat m’est agréable, je ne voudrais pas le perdre.

Et si les gens me voyaient dans la vie, que ce passerait-il? Je crois avoir l’air misérable depuis quelques mois, peut-être me prendrait-on en pitié. Cela ne me dérangerait guère, la pitié n’affecte pas l’orgueil lorsqu’elle est pratiquée par une personne que nous n’estimons guère. Peut-être me trouverait-on laid, indigne d’intérêt, fade, idiot.

Ça serait presque triste. Presque.

Fire and Ice

•juin 13, 2009 • 8 commentaires

Je suis beaucoup trop chaud pour écrire, j’y vais donc avec Frost. N’est-ce pas la plus belle des ironies?

Some say the world will end in fire,
Some say in ice.
From what I’ve tasted of desire
I hold with those who favor fire.
But if it had to perish twice,
I think I know enough of hate
To know that for destruction ice
Is also great
And would suffice.

Proposition

•juin 12, 2009 • 12 commentaires

Je n’ai jamais couché avec la même fille plus de trois fois. C’est arrivé à deux reprises. La première fille, je l’ai croisé de façon successive dans des bars de la ville durant le même mois. Elle était hot, voulait bien m’avaler, c’était pas mal. Mais après trois fois, j’étais blasé. Elle m’était désormais hideuse. Plus on connait une personne, plus elle devient laide, plus on la hait. C’est la triste limitation de l’humain : il ne passe pas le test de l’examen approfondi, à tous les coups.

La deuxième était une mythique cochonne connue par le biais de la job. C’est avec elle que j’avais expérimenté le sexe anal pour la première fois. Les vagins ont de commun avec les culs qu’avec l’âge, ils s’élargissent. Pas les anus. Ce fut une belle surprise, chaque fois fut très torride. Mais très vite, trop vite, je m’étais mis à voir un éclat dans ses yeux que certains appellent l’amour. J’appelle ça la connerie. Je l’avais donc rendu triste et elle était de ce genre de femmes qui ne baise pas lorsque peinée, les fluides de ses yeux et de sa chatte étant produits de façon inversement proportionnelle. Ça avait donc terminé abruptement.

Autrement, tout n’a été qu’expérience singulière, à défaut d’unique. C’est la chasse constante, la recherche sempiternelle de bonne samaritaine qui s’ouvrira l’entrejambe au moment opportun. Ça coûte cher d’alcool, l’incertitude quant à la date de la prochaine baise est toujours un peu lourde mais c’est toujours bien mieux que le couple.

Le couple avec ses mensonges au quotidien, ses illusions crasses, ses déceptions continuelles, sa monotonie assassine. Ses déjeuners tendus, ses dîners bâclés, ses soupers silencieux. L’inévitable éloignement, la tergiversation qui dure trop longtemps, les ruptures infinies. Ouache caca.

En vrai, la seule chose non négative (positive serait exagéré) avec le couple, c’est la période initiale de bon sexe régulier. Mais il y a des moyens de pallier. Voyez, comme ça, aujourd’hui, sans avertir, on m’a offert d’être fuck friend.

Oh oui.

Crissement innatendu.

Saintes Écritures

•juin 11, 2009 • 9 commentaires

J’aime bien la religion catholique. Ô bien sur il y a eu l’Inquisition, les Croisades, la Grande Noirceur au Québec. Mais il y a aussi eu la Bible (parler de la religion, c’est mettre plein de majuscules, c’est drôle). La Bible, je l’ai lu deux fois de bout en bout. L’Ancien Testament, le Nouveau, les psaumes, les lettres de Saint Paul apôtre aux Corinthiens, you know, l’entièreté. Anyway, c’est quant à moi un pré requis pour vraiment saisir tout le symbolisme de la littérature américaine du 19e siècle, un peu comme Freud est nécessaire pour vraiment saisir tout ce qui a été écrit durant les années 20-30 (surtout du Kafka, ce genre de truc).

J’aime particulièrement l’Ancien Testament, un des bons recueils de novella qui fut écrit. Le Bien, le Mal, des morales claires, un style un peu rauque certes, mais toujours un message. L’auteur se mouille, on est loin de la tendance actuelle où l’auteur fait sa moumoune et laisse le lecteur sur sa faim. À quoi sert de faire tout ce chemin si ce n’est pour formuler clairement ce que l’on pense?

Des paraboles intenses, la base du symbolisme sur lequel se structure notre société occidentale, ses valeurs qui en forment le fondement, la Bible contient bien plus que l’on pourrait croire à prime abord.

Il y a aussi eu le Nouveau Testament. La même histoire racontée 4 fois, même Orson Scott Card n’a pas eu l’audace de dépasser 2 fois. Une histoire haletante, Jésus qui nait dans de pauvres conditions, se fait baptiser à 30 ans dans le Jourdain où Dieu fait son apparition, 3 ans à prêcher un peu partout, récolter disciples et guerdas lubrifiées (sorry Marie-Madeleine), une trahison dans sa garde rapprochée, l’apogée avec Ponce Pilate qui le soumet au jugement de la foule avec Barabas, le Chemin de la Croix, sa mort, sa résurrection.  A-YO-YE.

J.K. Rowling peut aller se rhabiller en tabarnac.

Si je vous parle de cela, c’est que ce soir, j’avais le goût d’aller à la messe. Une fois de temps en temps, dans ma jeunesse, j’aimais bien durant l’hiver aller m’assoir au fond du jubé, mes bottes Kodiak dégoulinant petit à petit sur le parquet. Contrastant avec le froid et le vent de l’extérieur, il régnait dans l’église une douce chaleur et une sérénité imperturbable. Ça me tranquillisait, j’aimais me masturber dans ce genre d’ambiance.

Ce soir, j’avais le goût de retrouver ce type d’atmosphère. Je me suis donc rendu à l’Église de mon adolescence. Sur place, les portes étaient verrouillées, on n’y célébrait plus de messe. Inexplicablement, j’ai trouvé cela un peu triste. Nos repères s’effritent lentement, nos parents ont décidé d’exploser tous les carcans que nous avions. Malheureusement, ils ont aussi démoli toute base spirituelle. Tout sens du plus Grand.

Je suis donc revenu chez moi bredouille. Je me suis claqué la traversée du désert de Moïse avec les cailles et la Tour de Babel. C’était bon en criss et je n’étais presque pas saoul. Presque.

La Règle du PUBIS

•juin 10, 2009 • 12 commentaires

Alors voilà, sans avertissement, sans crier gare ou même aéroport, je m’improvise aujourd’hui pédagogue, offrant outil éducationnel à la grouillante masse prolétaire. Altruisme, altruisme quand tu nous tiens.

C’est que j’entendais des mecs à la job ridiculiser un autre pour avoir couché avec une fille supposément affreuse. Ça m’a fait repenser à dernièrement, quand j’ai copulé avec une dégueulasse. J’ai donc décidé qu’on se devait de légiférer clairement afin de savoir à partir de quand il est permis de ridiculiser une baise. J’aboutis donc ici ce soir de la règle du PUBIS servant à définir les baises qui sont légitimes. Dans cette approche tant moderne que géniale (oui), cinq paramètres sont observés :

Personnalité
Utilité
Besoin
Intoxication
Sexyness

Personnalité (5 points) : il s’agit là d’un des deux éléments principaux qui permettent d’accepter une copulation comme respectable. L’élément personnalité tient compte de l’intelligence, du charisme, de la culture, de la répartie, de la finesse de l’éventuelle partenaire.

Utilité (3 points) : Critère peu présent, l’utilité d’une baise réside dans les bénéfices marginaux qu’apporte l’échange de fluides. On regarde l’influence au niveau professionnel, au niveau social, on porte attention à la possibilité de voler de la drogue quand notre compagnonne dort.

Besoin (2 points) : Élément le plus tangible, il s’agit de la mesure concrète qui détermine le temps écoulé depuis la dernière relation sexuelle. Tenant compte de la fréquence usuelle de coït non dû au poignet du protagoniste, plus ça fait longtemps qu’on n’a pas fourré, plus la miséricorde sur la basse sélectivité est grande.

Intoxication (2 points) : Mesure du degré d’intoxication. La boisson ou la drogue influant bien souvent le jugement, la notion d’intoxication en est une de clémence, la même clémence que celle d’une mère qui trouve son enfant de 11 ans en train de se masturber. Mettons.

Sexyness (5 points) : C’est la grosseur et la fermeté des mamelles, la courbe du postérieur, la consistance des lèvres, la longueur des jambes, l’apparence de la peau. C’est le physique, on n’y évalue pas le charme, que les attributs.

Attribution des points

Il est tout d’abord primordial de savoir qu’avec la Règle du PUBIS, les 0 sont courants. Une fille franchement laide ne se mérite pas un 1, mais bien 0. C’est que la Règle a de commun avec la nature qu’elle est sans pitié. Une trop grande clémence amènerait une absolution trop vaste et en résulterait de mauvaises surprises rendu au lit (transsexuelle, hygiène sommaire, Susan Boyle).

Personnalité : La fille se mérite habituellement 2 points sur 5, bien que les connes et les sottes à 1 point ou 0 sont très courantes. L’intelligence et la culture en forte présence vont habituellement dénicher 1 point. Un esprit de curiosité très marqué a également le charme nécessaire pour dégoter un point supplémentaire. Le dernier point disponible va au charisme indéniable, à la confiance de la fille brillante, le sex-appeal du raffinement. 1 fille sur 350 est une 5 sur 5.

Utilité : Une possibilité d’avancement au boulot que vous apporterait un remplissage de réceptacle-cadre à la job vaut le maximum de 3 points. Une coupe de cheveux gratuite, une tonte de pelouse (oui oui), ce genre de trucs équivalent à 2 points tandis qu’une baise apportant statut social quelconque because l’inaccessibilité supposée de la cible ou bien le fait qu’elle soit engagée avec votre pire ennemi est bonne pour 1 point d’Utilité.

Besoin : L’approche est mathématique. Déterminez la fréquence en jour à laquelle vous baisez habituellement et multipliez le tout par deux, vous avez là le coefficient de Besoin. Maintenant, pour déterminer le nombre de points de Besoin, vous calculez le nombre de jours écoulés depuis votre dernière baise que vous divisez par le coefficient de Besoin. On prend ensuite le minimum entre la valeur obtenue et 2. Il est à noter que toute personne vierge a un Besoin de 2 par défaut, même chose pour les genses avec une fréquence plus grande que 60 jours.

Intoxication : Être saoul au point d’avoir de la difficulté à marcher et stresser sur l’éventualité d’une érection vaut 1 point. Être gelé à en oublier le jour en cours, le lieu où l’on est, en être à l’hallucination vaut 1 autre point. Maximum de 2 donc.

Sexyness : La fille moyenne se mérite habituellement 2 points sur 5. Visage régulier, chevelure propre, relativement mince, poitrine semi-ferme, rien à dédaigner, rien pour s’exciter. Un bon ratio grosseur de poitrine-taille de bassin vous donnera un point supplémentaire. Des traits particulièrement angéliques ou dirty méritent bien souvent un point aussi. La note de 5 est extrêmement dure à obtenir. Que des filles très très chaudes peuvent y aspirer, elles sont peut-être de l’ordre de 1 sur 250. Le dernier point est réservé aux filles exceptionnelles.

Note de passage

Il faut donc qu’un prospect obtienne la note de 6 points pour être absout de tout remords. Dans pareil cas, vous pouvez fourrer l’âme en paix, la tête sans pression, la graine full pression. La solidarité commune sous-jacente à la Règle du PUBIS implique que vous ne pouvez pas juger quelqu’un qui a fourré dans une situation de 6 et + si l’évaluation a été faite avec un minimum de rigueur, même si elle demeure subjective.

Exemples

Call me ultimate teacher.

1)      Vous êtes dans un bar, fortement gelé à l’extasy et aux amphets, se frotte sur vous une fille au facial douteux et aux seins minimes. Vous baisez habituellement aux 14 jours, mais voilà 4 semaines que vous n’avez pas fourré. Le décompte PUBIS va comme suit :

P : 2 (en cas d’inaccessibilité de l’info, on donne le mode de la distribution)

U :0 (rien ne s’applique)

B :1 (28 / (2 x 14))

I : 1 (Vous êtes très gelé)

S :0

PUBIS de 4, cette fille est donc à proscrire

2)      Vous rencontrez la sœur de votre ex dans un party quelconque, vous avez 5-6 bières dans le nez, elle est de petite taille et a des tabarnac de gros seins. Vous vous rappelez d’elle comme d’une coquine un peu espiègle avec un sens de la répartie bandant. Vous avez baisé la veille.

P : 3 (+1 pour la répartie)

U : 1 (Parce que vous faites chier votre ex)

B : 0

I : 0

S : 3 (Hésitation entre 3 ou 4, toujours tronquer par soucis de conservatisme)

PUBIS de 7, il faut foncer avec entrain.

3)      Votre boss est une sale laideronne mal ou pas baisée.  Vous avez la ferme conviction qu’une visite dans son scabreux orifice vaginal vous vaudrait un poste de superviseur. Sans être intelligente, elle n’est pas une conne. Vous baisez couramment avec votre copine.

P : 2 (La moyenne)

U : 3 (Possibilité de promotion)

B : 0

I :  0

S : 0

PUBIS de 5, don’t touch that. Une analyse sommaire nous permet cependant de statuer que si vous vous éclatez solidement la tronche, vous obtenez une passe gratuite.

Allez donc en paix, nombreux disciples.

Conséquences

•juin 9, 2009 • 4 commentaires

Je suis mal à l’aise, inconfortable depuis 24 heures. Aujourd’hui, j’avais l’impression que Robert me touchait constamment à la job, la main sur le creux du coude, la paume sur mon omoplate, son index sur mes côtes. J’étais irritable, rien qu’un duo de joints n’avait su calmer sur la voie du boulot.

Je ne suis pas allé m’entrainer, je n’ai pas vraiment honte, je suis juste un peu con. De toute manière, il est probablement aussi malaisé que moi. Mais voilà, j’avais plus ou moins le goût de le croiser, de prendre le risque.

Je ruminais donc chez moi. J’ai pensé un moment me caller une escorte, j’avais même arrêté chez Mush au passage pour me ramasser de l’exctasy pour les circonstances. J’avais un espèce de besoin primaire de baiser une fille, une façon d’agir dégueulassèrent réactionnaire. Je me trouvais faible de corps mais surtout d’esprit, pire sentiment ever.

J’ai finalement décidé de faire fi de mes pulsions, juste pour me prouver que je peux encore. C’est un réconfort cheap mais un réconfort tout de même. Dans le désert, on s’abreuve de pisse pour ne pas mourir.

Guillaume

•juin 8, 2009 • 6 commentaires

Je haïs le téléphone. Les timbres de voix moroses, le son flou, l’inconfort des combinés, la stérilité des échanges, ça m’horripile. Je n’ai pas de cellulaire ni même de téléphone sans fil. Qu’un vieil appareil ramassant la poussière sur mon comptoir, ne servant qu’au mieux à une fréquence d’une fois aux deux semaines, bien souvent lors de l’appel d’un immigrant désirant me fournir crédit ou me sonder sur divers trucs bidons.

C’est pourquoi lorsque la sonnerie stridente vint troubler mon souper d’Hamburger Helper et de Sapporo, je savais que c’était l’homo du gym qui voulait aller prendre une bière/café. Je n’arrivais toujours pas à vraiment cerner pourquoi je lui avais laissé mon numéro dans un étrange élan l’autre jour. Il y avait surement là une sombre vanité, le besoin instinctif de sentir que je plaisais. Après tout, ma rationalité tordue m’amenait à conclure qu’il valait mieux plaire à une tapette bien foutue qu’à une sale torche malotrue.

Il me parle au téléphone de sa voix nasillarde peu agréable. Je me demande si, lorsqu’il se fait mettre dans le cul, il crie avec une voix plus aiguë ou bien une voix plus grave et rauque. C’est que c’est souvent tricky la voix, je suis déjà tombé sur une gamine à voix d’ange qui se crachait le larynx une fois le vagin rempli d’une protubérance masculine. On décide d’un endroit, un petit pub tranquille, pour aller jaser, je le spécifie au moins cinq fois. Il semble emballé, je suis hésitant.

La fin de semaine a été ardue, j’ai les cheveux mêlés et perceptiblement pelliculés. Je m’en crisse, si ça peut lui calmer la machine à enfanter, je vais pouvoir me divertir un peu plus tranquillement. C’est donc la bouche pâteuse, le scrotum broussailleux et les vêtements souillés que je me dirige vers une soirée de séduction où je me promets d’être spectateur amusé.

J’avais le goût que ça soit vraiment drôle, j’avais même préparé un peu le terrain en chattant avec des homos sur mIRC et priape vendredi soir en étant complètement défoncé. Malheureusement, ça ne faisait que parler de longueur de bites, de poils de shags et de glands contre prostates. Malgré tout, je croyais avoir cerné rapidement quelques lignes directrices du discours de ces hommes qui s’aiment entre eux.

Je suis sur place à l’avance, j’en profite pour m’enfiler deux bières à un rythme d’enfer. Puis il se pointe, d’une chemise extravagante vêtu, de souliers blancs chaussé. Son sourire blanc m’exaspère, je ne peux m’empêcher de penser au nombre de fois où ces dents furent souillées de sperme. Je tente d’éviter ses nombreux postillons que je crains sur-gamètés, other than that, tout est plutôt sympathique.

Guillaume me parle de sa job, son entourage, son ex. La situation est franchement cocasse. Il me dit que j’ai une bonne écoute, je m’esclaffe très fort. Je n’ai pas une vraie bonne écoute, je n’ai pas d’altruisme, qu’une curiosité tout égocentrique. Mais voilà, je pose quelques questions, je m’enquiers de différents trucs. Il y a tellement peu de gens qui écoutent qu’on conclue rapidement que vous êtes bons si vous démontrez un intérêt minimal. L’écoute c’est comme l’escrime. Il y a tellement peu de gens qui font ça dans le monde que dès que tu en fais, tout le monde suppose que t’es ben bon.

Je bois toujours plus, mes interventions sont minimales, ses inepties maximales. J’ai le coude léger, je suis frivole. Je le sens allumé. Je vois de l’écume à la commissure de ces lèvres, ou est-ce un antique dépôt de sperme, suis-je juste trop avancé? D’infectes Molson Ex en dégueulasses Molson Ex, il m’invite à continuer la soirée chez lui. Le comique de la situation me tétanise, la particularité du tout m’enivre, je suis cruel, je dis oui.

Sofa de simili cuir, murs bourgognes, chat obèse et Michel Tremblay sur la table, l’appart’ respire les brochettes masculines. Il me serre une Stella Artois, j’aurais presque une érection de joie d’enfin boire quelque chose de potable si ce n’était de l’ambiguïté de la situation. On s’assoit dans son salon. En fait, c’est plus un jardin botanique qu’un salon parce qu’il y a un tabarnac de millier de plantes, ça pue la verdure non fumable.

Du Kylie Minogue ou du Madonna sort des haut-parleurs, je ne les distingue pas vraiment pour être honnête. Je regarde le plus en face de moi possible, mais ma vision périphérique dégueulassement grande m’amène à apercevoir une érection qui déforme son pantalon indécent.

Il s’approche de mon visage, les yeux pétillants. Sans que je comprenne vraiment, il m’embrasse avec entrain, me fourrant sa langue dans ma gueule avec une férocité toute masculine. Sa légère barbe me pique, c’est agressant, je me sens un peu pris au dépourvu. Ma confusion est totale, je dirais presque qu’il vient de grogner. Sacrament.

Sa main droite se fait baladeuse, elle remonte lentement ma cuisse. Il est un pirate à l’abordage, un flibustier gay excité à l’idée de trouver un énorme butin. Malheureusement, alors qu’il s’attendait à trouver un immense sceptre, c’est une dague et deux rubis rabougris qu’il palpe. Sa surprise est grande, mon malaise, évident.

Le reste se passe un peu vite, de façon un peu trop cavalière. Je baragouine des excuses, lui indique que finalement les hommes ne m’intéressent pas vraiment, rien de personnel. Comme un idiot, je ne m’étais pas prévu de sortie d’avance, ou bien j’étais trop saoul pour m’en souvenir. Il est vexé, il crie avec un peu d’apitoiement, il est tellement efféminé, je me demande vraiment ce que je fais là.

Je ramasse mon ouaté d’un geste instinctif, et sans regarder un instant derrière moi, de honte, de peur et, ciboire que je suis saoul, d’affolement, je quitte le logement dans un fracas de porte. Je cours un peu croche, tentant de regagner mon domicile dans un minimum de temps.

Une fois revenu chez moi, le souffle court, je calle rapidement une canette de Sapporo qui restait dans mon réfrigérateur. Des sensations douteuses m’affligent, je suis vraiment mal. Je me dirige vers mon portable où j’écris en ce moment et je me masturbe furieusement en regardant de la porn abusivement esthétique. Du plastique pour stériliser ma sexualité, aseptiser mon esprit, cautériser toutes déchirures morales qu’aurait laissées cette soirée louche.

Plusieurs constats me fessent. Mon besoin de pousser, de me divertir, de sortir des sentiers battus est rendu affolant, affligeant. Crisse, c’est pas tant normal. Mais en même temps, j’ai de plus en plus l’impression que je n’ai que ça, que cette quête d’autre chose, cette mission qui fait en sorte que je me dois de toujours repousser, de découvrir. Car s’il ne me reste plus ça, c’est l’ennui. Et alors là, vraiment, la mort deviendrait encore plus séduisante.

Brume

•juin 7, 2009 • 2 commentaires

La fin de semaine fut intense. Cargaison de ketamine surprenante venant troubler ma quiétude, ajoutez à ça bien du mush et bien du weed, vous avez une combinaison des plus explosives. Vraiment high, profitant du soleil s’embrasant de mille feux dans un ciel ininterrompu, j’ai passé la fin de semaine à errer un peu partout, à voyager parallèlement à la masse. Masse heureuse en fin de semaine, populace joyeuse de ce beau temps. Ça m’a déprimé.

Ce blog occupe de plus en plus mon esprit. J’aime écrire, il m’en donne l’occasion. J’observe mon entourage, me force tranquillement à diverses expériences, que pour me pousser un peu plus, me donner matière. Je me promène désormais avec un petit calepin dans la poche gauche. Acheté dans la rangée 2 à la job, tout près des lavettes et des chandelles de fêtes, je griffonne donc des notes au gré des pensées éparses qui troublent mon esprit.

Bien souvent, je suis fortement intoxiqué, j’écris grossièrement, des lettres bâclées, des espaces galvaudés, régulièrement, je n’arrive pas à relire.

De ma journée d’hier, où sniffage de spécial K et gobage de mush furent au rendez-vous, j’arrive à relire certains trucs.

– Les lettres, c’est fou comme il y en a plusieurs qui ont un mot qui subtilise leurs sonorités. H=hache, B=bée, you know. J’étais chez moi, à boire de l’O sans faire de K, l’esprit qui R, l’N qui élance. Dans la cuisine, ma blonde boit du T, notre couple bat de l’L, ne reste plus que le Q. Je ne l’M plus. Puis, G pèté une coche. Les D sont lancés, je prends ma H. Je la tue, elle est bouche B, son corps J sur le plancher. Dans ma tête, une foule me U, je me sens comme W.

-Les gens rêvent d’être célèbre, les gens aspirent à être unique, quelle fatalité que celle d’entretenir des désirs aussi opposés.

-À quel âge commence-t-on à se soucier de l’opinion d’autrui? Après la première humiliation? Après avoir ressenti pour la première fois le poids du jugement de l’autre? Et à partir de quand peut-on espérer que le tout disparaisse entièrement? 7 à 77 ans, c’est le public de l’atteinte de la maladie d’amour de Sardou, mais c’est aussi l’âge de la maladie de l’assentiment.

-To do list :
-S’assurer la postérité
-Mourir

Athlètes

•juin 5, 2009 • 15 commentaires

Voilà maintenant deux semaines que je m’entraine quasi tous les jours. En 14 jours, j’ai pu cerner un peu mieux l’endroit et la populace qui le fréquente. Parce que même si la liste de membre doit être relativement longue, ce sont toujours les mêmes qui sont là, suant inlassablement sur les machines.

Gringalet, je fais figure de mon habituel rôle de mouton noir dans cette masse de gens aux gros bras et petites couilles. Tandis que s’enchaîne Procol Harum, The Doors et Deep Purple sur mon lecteur mp3 (j’aime ça moé l’orgue pour m’entrainer), je les regarde aller.

Il y a le mec d’au moins 60 ans, cheveux lissés, gigantesque bulldog tatoué sur le biceps qui respire abusivement à chaque répétition. On l’entend partout à travers le gym, il aime ça. Auditivement, on dirait qu’il accouche de ses levées.

Il y a le metrosexuel. Chandail moulant, gel dans les cheveux, barbe nickel et dentition toute blanche, il s’observe dans le miroir, obnubilé par l’image de la contraction de ses muscles. Après chaque entrainement, il se pèse, note le tout dans un beau cahier Canada l’air satisfait.

Il y a aussi les sportifs. Toujours en train de calculer leur rythme cardiaque, de se raffermir les mollets, de se toucher dans leur cuissard ignoble. Ils sont sérieux, scientifiques, ils ont des objectifs précis et importants. Ils me font bien rire.

J’observe ses gens un peu hypocritement, me refusant intentionnellement de me mêler à cette confrérie subtile de ceux qui s’entrainent.  Tandis qu’ils s’échangent des conseils et divers produits poudrés, je demeure en reste, vaquant à mes petites choses de petit homme.

Or ce soir, pour la première fois, quelqu’un m’a adressé la parole. Le gay extravagant de la place. Celui qui fait ses séries toutes croches aux poids libres because souplesse de poignet indécent. Celui qui mate éhontément les autres hommes et leur transpiration drue. Celui qui a besoin de se donner des swings d’entre jambes pour faire ses redressements assis. Le fif du gym est venu me voir, comme ça, sans autre préambule et m’a demandé :

– Ça te dirait qu’on aille prendre un café un de ces jours?

Rapide remise en question de ce que je projette, de mon orientation, mon esprit faisait du 100 à l’heure. Et sans trop savoir pourquoi, la quête du divertissement, de l’inusité et du jamais vu devenant sans doute de plus en plus instinctive en moi, j’ai accepté. Je ne sais pas ce qui va se passer, j’ai l’impression que dans leur univers encore plus que dans le mien, café rime avec on finit par s’enculer. Je verrai bien, je suis bizarrement curieux.

Paradis

•juin 4, 2009 • 12 commentaires

Je vivrais loin, au Nord. Seul, dans un modique chalet en bois rond, ça sentirait fort l’épinette et le thé. Mes fenêtres seraient à carreaux, avec des toiles d’araignée et des cadavres de mouche dans les coins. Mes électroménagers seraient couleur amande, mes meubles en érable massif. Dans mon salon, une gigantesque bibliothèque de chêne et un divan à motif fleuri. Un vieux lit aux ressorts rouillés et grinçants me servirait de plumard pour les rares nuits où je ne m’endormirais pas sur mon divan, un verre de scotch à demi bu.

Ça serait kitsch, de fortune, puant et sale. Ça serait moi.

Je vivrais reclus, presque autosuffisant, presque heureux. J’aurais une vieille bagnole qui boirait quasiment autant d’huile que je bois d’alcool. L’hiver venu, je laisserais les bordées de neige successives l’ensevelir. Pour mes rares emplettes au village, je sortirais ma motoneige antique et partirais à l’aventure. Le moteur serait capricieux, la batterie aléatoire, ça rajouterait au suspense. Ça m’exciterait.

Je fabriquerais mon alcool au sous-sol avec un équipement de fortune. L’odeur de fermentation emplirait lentement ma cave, laissant tranquillement la marque du plus doux des parfums, l’éthylique. Je bâtirais une gigantesque serre dans mon immense cour arrière. L’été, j’y entretiendrais un potager divers rempli de légumes croquants. J’y ferais aussi pousser une riche plantation de marijuana et me risquerais à engranger une culture de mush. Tous les matins, je ferais consciencieusement le tour de ma serre, baptiserais mes chenilles, caressant mes feuillages, arrosant minutieusement un peu partout. J’aurais le pas léger, thé en main.

Je me ferais un potage pour dîner, abusant d’épices fraichement cueillies dans mon jardin, juste parce que je le peux. Je ferais cuire mon propre pain que je tremperais dans ma soupe du jour. J’irais ensuite tenter de pêcher dans une rivière qui coulerait non loin de ma demeure. En chemin, je vérifierais mes pièges à lièvre. L’eau jusqu’aux genoux, je lancerais frénétiquement ma ligne, joint en bouche, bière en main.

Puis, alors que le soleil me susurrerait gentiment un langoureux au revoir, je retournerais vers chez moi, profitant de ses dernières caresses luminescentes tandis que mon ventre commencerait à me tenailler. Selon mes succès, je ferais cuire sur feu de braises ma prise du jour ou ferais revenir dans la poêle des réserves attendant patiemment dans mon vieux congélateur aux parois monstrueusement remplies de neige.

Le soir venu, j’enfilerais des pantoufles de fourrure de lièvre. Je puiserais dans mes bouteilles de fort achetées en quantité folle une fois l’an et me verserais de nombreux verres avec deux glaçons chaque fois. 12 glaces, 6 verres par soir. Je m’affalerais dans mon divan et éclairé par les flammes conjointes de mon foyer et d’une lampe à l’huile, je me saisirais d’un roman dans ma bibliothèque. Apaisé, je terminerais la soirée en compagnie de Beigbeder, Vonnegut, Palhaniuk, Salinger, Ellis, Orwell, Werber, Poe, Huxley, Camus. Mis à part le crépitement du bois et le chant des grillons, le silence serait entier. Ma sérénité, introublée.

Je serais bien, je serais seul.

Poupée

•juin 3, 2009 • 10 commentaires

La journée avait été jusqu’à présent archi morne. Je poivrais des steaks français, marinais des côtelettes et tranchait de la viande à fondue lorsqu’au loin dans le stationnement retentit dans toute la splendeur des basses fréquences des rythmes latins fin 90’s des plus suaves. C’était Ritchie Boy qui arrivait dans sa rutilante voiture de prépubère.

Sitôt dans le magasin, un énorme sourire enlaidit son visage crassé d’abus de bronzage artificiel. Il fonce vers la boucherie avec la vigueur d’une fille qui aperçoit un solde sur du rouge à lèvres. Je suis persuadé qu’il va m’entretenir du nouveau coach du Canadiens ou une sale connerie du genre mais non, voilà qu’il me parle de sa nouvelle conquête, une fille qui le suivait de façon un peu reculée dans le magasin. « Elle a 19 ans » qu’il me dit, une pointe de fierté marquée dans la voix.

Je la scrute, pendant qu’elle sous-pèse des ananas avec une candeur toute juvénile. Elle a un visage rond, un toupet carré, des seins pointus.  Je doute quasiment de son âge, elle semble si frêle. Telle jeune qu’à chaque fois que je lui viendrais dans la face, j’aurais l’impression de la baptiser. Mais Ritch lui, ça ne le dérange pas.

Il me parle de combien il se sent jeune, de combien il a l’impression qu’ils se comprennent, qu’il renaît, que le fardeau des jours s’est allégé. Il me parle du sexe torride, de l’inexpérience de la demoiselle, de ses cris stridents. Je suis mal à l’aise. Il ne me parle pas du fait qu’il a une fille plus âgée cependant. Ça non.

Richard me parle mais je n’écoute plus vraiment. Je pense à l’absurdité de la chose, au pathétisme du gars, mais aussi à la détresse de la fille, il y a une tonne de choses que je ne m’explique pas, ça me décrisse. Ça c’est passé ce matin et je n’en reviens toujours pas.

Ciboire.

Chill this out

•juin 2, 2009 • 13 commentaires

Ce soir je kiff trop, tou chill you know. J’té là à m’allumé d spliffs you know, j’me donnais un buzz. Le hood était smooth, j’tais trop vedge stait sick man, j’argardais les meufs qui defilais dans la rue, c tait trop cho. L’herbe me ownait que trop, la totale débauche mec, pas chic tic tic.

Faque genre jem suis dit ke je pourrais ben sortir un peu dewors pour aller voir c’kyavait à feeler dans l’world tonight. J’ai sorti mon five finger ring din coup kim pognerait de chercher du beef. J’avais enfilé ma gold rope, j’tais top notch pour les femelles d’la main street de Qc downtown. Rendu dans mon ride, j’me su allumé un autre join, cauz u know what (WHAT)? La night était way too jeune pour que j’retombe vedge right?

Ce soir jai le gout dune top meuf, you know le genre qui te fait kiffer din pants. So jarpente les road dla Cap’ on my boat, je check un peu les femelles, jem gratte la poche tlt sti. Din coup, j’vois un canom. Kapow you know, boom boom la dick qui grimpe full. J’baisse ma window so quick, j’ouvre grand la bouche, j’veux k’mes grills lui shine din yeux, classic stuff you know.

–          Hey babe, jel sens ktoé pis moé c fusionaile, jte verrais ben mamzelle me grimper cum si jtais une scelle. Té chaude cum une gazele bé, embarque don bo-t, la nuit a nous trop.

La girl se mais a rire. J’trop full karisme, c moé sa, c claire. Mé a walk plus quick la bitch, jel sens ka mouille po c pants la guerda, so fuck it. Life is life you know. Faque j’artourne ak ma ride che nous, divarti un max par la vibe d’la town en début de nuite.

Back in my apartement, jenlèv mon stuff de cruise. J’start par enlever mé sweet shoes a velcrocs. J’pitch dans mon panié mon classic FUBU coton ouaté buyer à 10 piastres dan un marché au puce. Le logo cheap peel un peu off, mais po grave, je chill pareye. J’deboutonne slowly ma chemise dragoon, jla put dans mon garde-robe. Reste jusse ma camisole jaunie pis trouer by mes cigs pis mé joggings gris shiné.

J’men va dan le lite. J’ai la vibe que la night sera que trop sommeillante you know. Jme crosse tight en thinkant à ma couzine, même si c d’la famille, tant qu’a la po 18 ans c correk. Je check mon plafond, mes lights ak mon luminère chinese payé po trop cher. Sul mur, un tableau électrik de chute qui move en faisant un noise d’eau. Su ma table de chevette, deux trois mangas.

So, cum lé minutes passait too fast comme ma life, je pognais la dizzyness du sommeil en m’flattant el pinch mou. Mé spa easy de s’endormir you know, jtoul temps fébrile passe ma vie est tro cool.

Café, costard et futilité

•Mai 31, 2009 • 9 commentaires

J’aime bien les fins de semaine. J’y fais ce que je veux, j’y voyage avec ce qui me plait, sans me soucier de mes capacités de travailleur du lendemain. Je bois dans ma flasque de métal lézardé dans les ruelles de la ville en lisant du Rimbaud, je me trouve un spot tranquille pour un trip de salvia, j’entre intoxiqué dans un bar sportif quelconque et me met à ostiner quiconque.

Ce matin, j’avais le goût d’aller prendre un café, vous savez, dans ces genres d’endroits branchés où l’on charge des prix exorbitants pour de vulgaires breuvages qui ne soulent guère.

Je suis donc parti tôt de chez moi, les yeux cernés, les cheveux en broussailles, la barbe drue. J’avais enfilé en vitesse un vieux gilet fripé de King Crimson qui gisait dans un coin de ma chambre, mis de vieux jeans parsemés de taches de sang séché que je n’avais su ou même tenté de nettoyer lors de lavages passés. Dans mes pieds, pas de bas, mes quelques paires étant beaucoup trop nauséabondes. J’étais chaussé de vieilles espadrilles de skate, reliques de ma jeunesse marquée par le rouli-roulant. J’ignorais alors que je jurerais de la sorte.

Je pénètre donc dans le café où règne une ambiance chaleureusement mesurée. Dans l’air, de multiples arômes somptueux se mélangent au bruit incessant de mains pianotant sur des claviers d’ordinateur. L’endroit est étonnamment bondé, les sessions d’étude étant à ma connaissance terminées. Apple est omniprésent, petits macs, gros égos. Après une étude sommaire de la gamme ridiculement large de produits, je choisis un truc quasi au hasard, la sonorité dudit breuvage me semblant sympathique et douce. Après m’être ainsi délesté de trop de deniers, je me déniche une table un peu plus retirée et m’assois.

Je sors un Ellis rapiécé de ma poche acheté la veille à un prix indécemment bas dans une bouquinerie crasseuse. Après un chapitre ou deux et l’intérieur un peu ravitaillé par mon chaud café tristement générique, je me permets de scruter un peu plus mon entourage.

La masse est jeune, quoique de faibles constitutions, les lunettes sont immenses, les foulards fréquents et les Converses épidémiquement déplaisants. À la table voisine, un gars qui ne saurait être plus vieux que 25 ans. Vêtu d’un costard fort moulant aux couleurs criardes, il parle au cellulaire d’une voix affairée et beaucoup trop forte, d’un ton qui incite mon écoute, ce qui est sans doute un peu l’objectif de parler si fort, avec des gestes aussi exagérément marqués.

Je le devine fraîchement sorti d’un programme d’étude en administration ou en affaires. Il affiche la suffisance et la coupe de cheveux trendy stéréotype du genre. Devant lui, les pages Affaires d’un journal avec des lignes surlignées rose. So much pour la virilité. Sa voix nasillarde n’aide en rien :

–          Je shorte de la comm’ depuis des semaines, je le sens, ça va imploser c’est imminent. …Non, faut je que revise les états pour ça, les cash flows sont un peu flous, la division en Inde fait une job louche… Tellement…Les EBIT disent quoi?… Le coût des options est aberrant, faudrait pas que je me fasse squeezer…Tellement… Les hedges, je leur pisse dessus… Tellement.

Et il continue infiniment à discuter comme ça, se caressant nerveusement sa barbichette taillée au couteau. Il parle et rêve sûrement en même temps à son futur condo en Floride, aux seins qu’il fera poser sur sa sempiternelle maitresse, sa partenaire la moins éphémère, au moteur du gros bateau qu’il s’achètera, aux vestons griffés qu’il consommera.

La compétition du marché est féroce, les requins sont attirés par l’odeur du sang de leurs comparses. La pitié fait figure de concept philosophique. Le gain, le gain. La loyauté n’existe guère, chacun pour soi. Les seules obligations sont celles d’épargne.

Les voitures de luxe, les vêtements dispendieux, les gros seins, les villas immenses, tant de moyens d’afficher sa supériorité. L’envie des autres est le seul moyen trouvé pour pallier le vide qui vous tenace lorsque votre grand lit king demeure froid une fois la nuit venue. Vous n’êtes pas heureux, triste même, mais voilà, des gens encore plus misérables aspirent à votre vie, n’est-ce pas là consolation nécessaire?

J’ai terminé mon deuxième café, mon cinquième chapitre, le soleil brille déjà de mille feux et la journée s’annonce splendide. Je délaisse donc mon voisin au visage sérieux et à l’affairement effarant pour aller me balader. Je mets de vieilles lunettes fumées, m’envoie les premières notes de The Soft Parade dans les oreilles et mouille légèrement mon premier joint de la journée.

Je n’avais pas d’actions à surveiller, de ventes à compléter, d’investisseurs à rassurer. Rien d’excitant dans ma journée, pas d’oseille à accumuler, d’achats à savourer. Je n’avais seulement que la paix.

Touch me

•Mai 31, 2009 • 7 commentaires

Transport

•Mai 29, 2009 • 2 commentaires

Mon automobile est mal en point. Dernièrement, le moteur faisait un peu le même bruit qu’une conne qui enfonce une bite un peu trop loin dans sa gorge et qui se retrouve à lutter peu esthétiquement pour ne pas vomir. Il s’emballait puis calait. J’ai donc été dans l’obligation d’aller la porter au garage où elle me serait indisponible pour deux longs jours.

J’étais donc pris à voyager en bus pour aller travailler, m’encarcanner dans cette grosse boîte mobile parmi les prolétaires suants et les antiquités nauséabondes. Autant que possible, j’essayais toujours de me dénicher un banc dans le fond du bus, question de me faire secouer bien comme il faut par les soubresauts immenses du véhicule à suspension inévitablement déconcrissée.

Je m’assois donc, sors mon dernier Beigbeder de mon sac, enfile mes écouteurs, puis lève les yeux. Parce que c’est inévitable, je ne lis jamais en bus, il y a trop à voir, à zyeuter, à sous-peser et à questionner.

Je scrute les gens à la loupe et ris intérieurement. Car quel spectacle que celui offert par tant de gens divers dans un endroit restreint.

Le petit monsieur avec son énorme moustache et sa valise brune, n’a-t-il pas de miroir? Comment peut-on en arriver à penser qu’il s’agit là de la meilleure façon de maximiser sa pilosité faciale? Ça me dépasse.

La mégère qui tente de cacher la couverture de son livre, a-t-elle peur qu’on la juge de lire du Danielle Steel? Pourquoi regarde-t-elle sa montre constamment? Ses vêtements si vastes, que cachent-ils?

Ce gars aux immenses écouteurs et aux yeux furtifs, il me scrute depuis tantôt. J’ai une saleté sur le bord de la gueule? Il est dérangé? Il veut m’enculer?  Il a le regard sombre, la mort dans les yeux. Peut-être pourrait-il faire sauter le bus. Ça, ça serait divertissant.

Il y a toujours quelques filles canons à bord. Si la chance est au rendez-vous, les jupes sont courtes, mon lacet supposément détaché, mes yeux vifs et rapides. Je les jauge toujours, décide immanquablement d’avec qui je voudrais copuler si jamais le bus tombait en panne dans un endroit isolé. J’appelle ça le syndrome de l’ascenseur. Parce qu’à chaque fois que je suis dans un ascenseur, c’est le genre de réflexion auquel je m’adonne. Qui est-ce que je baiserais, qui est-ce que je boufferais, qui est-ce que je tuerais?

Il y a parfois des énergumènes. Ceux qui s’assoient à l’avant pour parler au chauffeur, genre. Ceux qui changent de place plus qu’une fois. Ceux qui t’accrochent les cuisses un peu trop longuement. Ceux qui lisent le Journal de Québec.

Heureusement, mon doux véhicule devrait être de retour en état de marche demain. J’espère juste que ça ne me coûtera pas une fortune, des plans pour que je sois obligé de couper sur la coke pendant un bout. Ou d’acheter de la coke coupé. Je pourrais aussi me financer en vendant des calembours. Il doit bien y avoir un marché pour ça quelque part.

J’ai essayé fort de trouver un jeu de mots punché pour finir ce texte. EPIC FAIL. Moi qui voulais cimenter ma position de monopole dans ce milieu naissant, c’est raté.

Charcuterie

•Mai 27, 2009 • 12 commentaires

Pourquoi c’est toujours limite d’écrire en plein trip bouffe VRAIMENT intense :

J’aime la charcuterie. J’adore la charcuterie. Juste le mot, déjà, je l’aime bien. Char. Pas char, comme une voiture, char, comme charivari, n’est-ce pas une douce façon de débuter un mot? Cute. C’est percutant, c’est sec, c’est beau. Rie. Le contraste avec cute est sublime, ça complète l’évolution du mot, lui confère une tonalité entière. Charcuterie. Charcuterie. Charcuterie. Avouez que vous l’avez dit au moins une fois à voix haute depuis le début, juste pour voir. C’est si plaisant à dire, avec cette sonorité pleine. Et pourtant, peu de gens l’utilisent ce mot. On me réquisitionne plutôt des viandes froides ou de la p’tite viande.

Si j’aime le mot, j’adore aussi ce qu’il représente. Couper la charcuterie est sans doute le truc que j’aimerais le plus, si ce n’était du contact avec le client. C’est que je m’en gave éhontément.

–          Une demi-livre de jambon cuit pas trop mince? (Dieu que je hais les gens qui ne veulent pas ça ordinaire, mais bien pas trop mince)

Hop, la première tranche va souvent à la poubelle parce que brunie, 8 à 9 tranches pour le client et hop, la dernière pour moi. C’est quasi toujours ainsi : la dernière pour moi. Je m’amène toujours un très petit lunch, jamais de collation. De charcuterie je me gave all day long.

Le préféré, le jambon Authentique de Lafleur. Très salé, belle texture lorsque tranché mince, un délice. Il y a aussi le simili poulet Gaspesien, une viande très douce, des petits carrés goûteux dont je ne me lasse jamais. La poitrine de dinde Bitners est incroyable, une éclosion de saveur. La poitrine de dinde, c’est sans doute la viande la plus honnête. Plus tu paies, plus c’est bon. Rien de pire que de la poitrine Flamingo, c’est plus sec qu’une noune de vieille en plein désert. Le jambon forêt noire de Maple Leaf est pas mal non plus, un gout fumé tout à fait fumant, on oublie vite le côté un peu caoutchouteux. Le pastrami a ses bons côtés, lorsqu’on garde en comptoir des marques un peu plus corsées. Les rares vendeurs que sont le pain jambon-bacon, le cappicolo, le prosciutto et le salami de Gênes sont toujours d’agréables surprises à déguster lorsque des clients se font aventureux. Il n’y a que le bologne (sauf peut-être le Lafleur), le salami et le pepperoni qui ne m’excitent pas, mais pas du tout.

De la bonne viande salée, j’espère mourir avant mes nombreuses pierres aux reins. Tout ça donne soif, j’ai toujours ma bouteille de Coke près de moi durant la journée, à peine coupé de rhum.

Maintenant, cette habitude alimentaire, devenue quasiment dépendance, risque de me mener à ma perte. C’est dit ici. Je vais tellement mourir de 37 façons avant 30 ans, c’est quand même excitant.

Je vais me faire un sale snack.

Monday monday

•Mai 26, 2009 • 15 commentaires

J’endure beaucoup plus qu’apprécie mes collègues de travail. Leur insipidité est parfois si grossière que ça me choque. Le lundi, c’est pire que jamais. Bien souvent, je grince des dents, serre le manche de mon couteau avec virulence et retiens mille injures. Chacun semble croire qu’il m’est indispensable d’entendre le récit de leur fin de semaine dans les moindres détails.

Ainsi, tandis que je regarnis tranquillement le comptoir, affairé à couper, jeter, sélectionner la viande qui demeure en vente, les autres bouchers ou même les antiquités de la boulangerie s’épandent en soporifiques détails sur leur linéaire week-end.

J’en apprends donc plus sur le pH de leurs piscines, sur les aléas de leurs BBQ, les conneries de leurs gamins, les saloperies de leurs voisines, leurs parties de Scrabble du samedi soir, les soi-disant croustillants moments d’un gala télévisé quelconque. On parle des poitrines de poulet qui sont restées trop longtemps au four, de la percée musclée des pissenlits, je m’emmerde à en devenir agressif.

Personne ne me parle cependant du moment où, samedi soir, ils ont feint d’aller faire un numéro deux vers minuit, simplement pour se crosser tranquille dans les toilettes alors que la madame lit un Guy Corneau dans le lit orné de draps beiges. Curieux non?

La plupart de mes collègues sont trentenaires et quadragénaires. Ils me semblent pourtant si vieux, si desséchés, tellement usés. Ça me fait peur tout ça, la vitesse avec laquelle les gens s’effacent aujourd’hui, le rythme effarant auquel tous ne deviennent qu’automates puérils.

Et c’est la même routine chaque lundi, les mêmes anecdotes sans saveur. Les gens sont désormais gris, ils s’y complaisent, je crois que personne n’y échappe. Et c’est ce que je déteste le plus des lundis : le rappel de l’imminence de ma médiocrité.

Songe

•Mai 25, 2009 • 14 commentaires

La soirée avait été chaude et humide. Voilà maintenant quelques heures que j’errais dans la ville parmi des passants quelconques qui se faisaient de plus en plus épars. C’est que la nuit était désormais tombée. Et malgré cela, je continuais à errer calmement, me laissant caresser par le langoureux suroît qui sévissait depuis la fin de l’après-midi. Le ciel était magistral, sa voûte, étoilée avec une intensité indécente. Je fumais joint après joint, toujours un peu plus perdu dans mes pensées, toujours un peu plus béat.

Je transpirais tranquillement, ma mince chemise collant à ma peau, conséquence des effluves sudoripares et des huileuses coulisses exocrines qui se frayaient un chemin entre mes deux pectoraux saillants de tant de chaleur. J’avais chaud et ces pensées de toi ne m’aidaient guère. Tu m’avais dit, dans un mélange de boutade et de défi à teneur sexuelle, que tu m’attendrais toute la soirée, excitée, haletante.

Dans ma poche, un bout de papier froissé, ton adresse que j’avais notée de mon écriture pressée et nervurée. Dans ma tête, des tonnes de pensées, de pulsions, d’envies. Sur un coup de tête, puisqu’il devait en être ainsi, que la vie était courte et qu’il devenait de plus en plus ardu de marcher avec l’érection naissance qui poignait dans mon caleçon, je me suis risqué à la frivolité.

Sur le seuil de ta porte, des doutes, bien sûr, mais surtout de l’excitation, de l’appréhension, de la hâte. Trois petits coups discrets, je pénètre dans l’appartement où la lumière est tamisée et où une odeur d’encens est en suspens. Tout est silencieux, j’avance à tâtons, faisant attention de ne trébucher sur rien, oeuvrant avec le plus grand soin dans ton logement chaotique. Je me laisse guider par ma verge tendue, elle me guide avec fermeté jusqu’à ta chambre, dans un commandement que je n’oserais contredire.

Tu es là, allongée sur ton lit à scruter la ville par ta fenêtre ouverte, le vent venant faire balloter tes cheveux, magnifiant ainsi tes épaules dénudées, tes traits fins, ton regard de braise. Je ne dis rien, l’intensité contenue dans le premier regard que nous échangeons étant plus lourde de sens que tous les mots du monde. Je m’approche à pas feutrés, de peur de troubler l’électricité du moment.

Je grimpe sur le lit et sans attendre, nos deux langues s’enlacent avec la vivacité de deux comparses qui avaient craint ne plus jamais se revoir. Tandis que nos lèvres n’oseraient se quitter, trop occupées à consumer le feu qui brulait en nous depuis déjà maintes heures, tes mains me délestent de ma chemise dans une vitesse féroce.

La passion est prépondérante, aucun de nos gestes n’est calculé, tout n’étant désormais plus que réflexes sensoriels, automatismes hédonistes, axiomes physiques. Nos baisers sont d’une fougue quasi insoutenable tandis que nous nous dénudons lentement, chaque parcelle de peau faisant figure de vierge trésor.

Puis, nous cessons de nous embrasser, laissant en suspend le bruit sec et vif de nos lèvres qui se quittent. Nous nous étendons instinctivement tandis que nos yeux ne se quittent guère. Galvanisé par le bleu perçant de ton regard, je m’approche furtivement de ton entrejambe. Je m’attarde rapidement à ton clitoris, y allant de petits coups incisifs, chirurgicaux, profitant intensément des derniers relents du goût de ton baume à lèvres imprégné sur les miennes. Je me fais ensuite un peu plus langoureux, m’attardant dans une indécence contenue sur ton bouton de plaisir. Subtilement, je saisis quelques lampées de ce nectar familier qui m’indique que tu es excitée, ton corps se cambre nettement, tes mains agrippent un peu plus fermement les draps.

Tes mains se saisissent de mes cheveux dans une maladresse que je devine exaltée. Tu m’attires à toi dans une douceur émoustillante. Nos échangeons à nouveau de vivifiantes embrassades ma paume droite se saisissant avec vigueur d’un de tes seins infiniment soyeux. Nos respirations fortes et chaudes marquent la force du moment. Puis je redescends, m’attardant cette fois-ci à tes monticules charnels.

Leur rondeur a quelque chose d’hypnotisant. Alors même que ma langue explore tes tétons durcissant naïvement de pareils stimulus, je sous-pèse visuellement la perfection de ta poitrine, sa fermeté apparente, ses extrémités d’un rosé bandant. Je les sens frissonner aux rythmes effrénés des frétillements qui saisissent ton bas-ventre.

Malhabile d’excitation, ta main se glisse vers ma verge tendue, tu me caresses au rythme des afflux de sang qui viennent secouer les vaisseaux sanguins gonflés de mon sexe irréversiblement tendu. Ton bassin ondule, t’ouvrant un peu plus, marquant ainsi l’impatience de me sentir, l’urgence de me recevoir.

Après t’avoir fait languir dans une cruauté toute sexuelle, j’obtempère finalement, heureux de sentir ton chaud soupir d’excitation, d’entendre un premier cri rauque qui ne saurait mentir sur ton excitation déjà palpable.

Je demeure tout de même calme, faisant entrer ma verge tranquillement, explorant ainsi ton intérieur dans un délice lascif. Puis le rythme augmente, l’accélération de la cadence n’étant guère étrangère à l’impulsivité des baisers que nous échangeons pendant que je te pénètre. Mes lèvres étouffent tes gémissements alors que tes cuisses se referment autour de moi, commandant toujours plus de virulence. Mes mains qui prennent tout ton corps afin de m’enfoncer toujours un peu plus loin, tes cris rauques comme des sourdes appellations à continuer, à augmenter.

La frénésie me gagne lentement, mes coups de reins sont plus ardents, mes muscles fessiers sont tendus à l’extrême. Il y a quelque chose d’extatique dans nos caresses, nos touchers, une jouissance éventuelle qui magnifie l’instant. Tu t’agrippes à mon dos afin que nos corps bougent à l’unisson tandis que le coït se veut imminent.

Ton souffle est court, le point de non-retour est atteint. Ma respiration est brulante, mes coups de reins sont saccadés, au rythme de notre jouissance mutuelle, battant ainsi la cadence de la plus chaude des mélodies. Nos corps tressaillent simultanément de plaisir alors que j’éjecte de longues coulées de spermes en toi. En toi que je sens secoué d’une chaleur quasi fiévreuse.

Sans dire mot, je me rhabille lentement, tétanisé du moment, porté d’allégresse. Alors même que tu demeures allongée sur ton lit, l’air songeuse, le sourire facile, je quitte la chambre sans me retourner et je retourne d’où je suis venu.

Dehors, le vent a perdu de sa chaude candeur, la nuit est un peu plus noir, l’air est plus frisquet, le monde est un peu plus miséreux, la vie un peu plus triste.

Blogues

•Mai 24, 2009 • 6 commentaires

Voilà maintenant un petit moment que j’écris ici, que je me déleste à l’écrit de mon quotidien, de ces pensées qui me tracassent, de mes tergiversations crasses. Ce que je considère être un peu comme mon épithète idéologique et qui, je croyais, ne serait guère d’intérêt pour quiconque semble s’avérer intrigant epour quelques éparses personnes.

Bien qu’au fond il devait intérieurement s’agir là d’un quelconque objectif puisque je publie sur la Toile, le tout m’a troublé initialement. D’autant plus qu’on prenait contact avec moi par MSN, voulait me rencontrer, qu’on parlait de moi sur divers blogues, tant d’attention que je ne mérite d’aucune façon, tant de choses dont je suis cruellement indigne.

Puis lentement, j’ai décidé de prendre part au jeu. De m’y divertir, et étonnamment ,je réussis. Je parle avec d’autres, c’est distrayant. J’ai découvert une sorte de micro-société parmi les blogues, une curieuse confrérie dans laquelle je baigne ludiquement au risque de me noyer minablement.

La blogosphère. J’y découvre différents univers, de drôles de personnages, de tristes cas. J’y perçois des gens qui se parlent comme s’ils étaient de grands amis, c’est particulier. Je lis des gens qui écrivent tellement mal, d’autres avec des plumes divines. Certains oeuvrent dans l’indifférence totale alors que d’autres se font payer des portables. Des icônes se forgent, des mythes se cimentent, la joute latente de marketing, le subtil combat des réputations est fascinant. Les égos sont parfois titanesques, c’est saisissant.

Il est parfois difficile de cerner la motivation derrière l’auteur. D’ailleurs, le terme auteur m’agace, c’est tant de prétention pour si peu, mais voilà, faute d’alternative, ce sera ainsi. Si une recherche d’attention fait figure de dénominateur commun, le reste demeure souvent insaisissable.

Plusieurs le font sans doute par amour de l’écriture, pour la jouissance des arabesques lexicales, pour la galvanisante quête du mot juste. D’autres semblent uniquement vouloir provoquer, s’inscrire systématiquement en faux, se complaire dans une illusion grossière d’être un polémiste.

Et il y a aussi la motivation que je qualifierais de sexuelle. Une forte proportion des auteurs (sic) semblent être célibataires. La séduction est imperceptiblement omniprésente. Les clins d’œil se distribuent à profusion dans les commentaires, j’ai parfois l’impression que tout ça se veut au fond que le plus élaboré et hypocrite des réseaux de rencontre. Bien sûr, j’arpente le world wide web, je lis des écrivaines, certaines qui me séduisent, qui charment, qui échappent avec élégance au joug de mon jugement caustique et cynique. Mais pourtant, rien qui me trouble ou me permet de voir cet espace comme une possibilité de faire perdurer ma génétique.

Le fait est que cette mascarade littéraire internet me divertit hautement. Je prends plaisir à coucher mes états d’âme et à satisfaire mon gras côté voyeur parmi cette populace de gens émotionnellement exhibitionniste. Si vous lisez entre les lignes au lieu d’en sniffer comme je fais en ce dimanche matin, vous risquez peut-être d’étonnamment voir que je vous aime. Et je ne suis même pas saoul.

Pensée

•Mai 23, 2009 • 5 commentaires

Ce n’était pas vraiment un suicide mais bien une euthanasie auto-pratiquée. C’est que j’étais malade, je souffrais de la banalité et étais en phase terminale.

Essais

•Mai 22, 2009 • 7 commentaires

J’ai eu mon plan d’entrainement aujourd’hui. Vers 6 heures, j’avais enfilé mes shorts trop serrés et un t-shirt plus ou moins propre. Félix l’entraineur latino m’attendait dans l’enceinte, je lui ai serré la main avec laquelle je me suis replacé 5 fois la poche sur le trajet d’aller. Godamn short trop serré.

On s’assoit près des bouts de bois chambranlants qu’il appelle son bureau, il prend ma pression en me serrant le bras avec sa petite pompe, calcule mon indice de gras corporel à l’aide d’une machine qui fait circuler un courant électrique dans mon corps, il me mesure, il me pèse, il me dit que ça va aller en s’améliorant.

On parle de mes objectifs du moment (survivre et baiser), il me monte un programme. On fait le tour des machines, il m’explique les mouvements, utilise des termes beaucoup trop techniques comme hypertrophie, deltoïdes et poignet. Il prodigue conseils et postillons avec bonté, me donne un pad et une feuille, me souhaite bonne chance et puis s’en va.

Le gym est somme toute silencieux. Ne viennent troubler la quiétude que des respirations haletantes de mastodontes et le froid éclat sonore du métal qui s’entrechoque. Je m’attelle à la première machine du circuit, pour les quadriceps, la charge installée est immense. Je suis feluette, mais fier, je décide donc de la baisser un max afin de soulever le tout et d’ensuite augmenter le poids. Je pose ma serviette, vérifie que tout est en place et je force. Rien. Je force plus fort. Calissement rien. Je suis tellement fif.

C’est donc démoralisé par ma faiblesse que j’ai complété mon premier entrainement. J’ai mal, j’ai le souffle court, j’ai les tendons qui veulent se déchirer comme l’hymen d’une gamine sur une poutre de gymnastique. Mais je reviendrai, toujours plus fort.

De retour chez moi, douché et débarrassé du joug génital que m’imposait mes seuls shorts malheureusement trop tight, je me suis dit que plusieurs bières s’imposaient. Parce que tant d’effort mérite une hydratation musclée, right?

Je suis donc allé au bar du coin. C’était jeudi, de la Carlsberg à un prix honnête et une barmaid à te ressusciter une queue atrophiée m’attendait. Émilie (Ici et ). Le bar est pratiquement vide, les gens ayant sans doute préféré aller sur une terrasse. Je m’assois donc au bar, plus résolu que jamais à entamer une discussion. Une fois les deux premières blondes englouties à une vitesse frôlant la limite de la décence en présence de telle dame, je me lance en feignant grossièrement un ton salace plein de sous-entendus :

-À quelles heures tes jambes ouvrent à soir bébé?

Je pousse un petit rire, j’ajoute qu’elle « doit souvent en entendre des vertes et des pas mûres ». Elle comprend que je blague, souris pour être poli, je me sens un peu con. Fuck, elle m’intimide. Je prends mon trou, cale mes deux autres bières et commande un autre quatuor.

Lentement, je tente de refaire des points. On parle un peu d’actualité, du Festival d’été, de musique. Ça reste en surface, mais je crois avoir réhabilité mon image. Elle sourit et même rit, elle est friendly.

Finalement, mon dur labeur au gym finit par claquer. Je prétexte donc la fatigue et m’éclipse. En partant, elle m’a dit :

-À la semaine prochaine

Je suis peut-être chaudaille, mais je la sens en ciboire.

Projets estivaux

•Mai 21, 2009 • 3 commentaires

Je commence à avoir hâte à mes vacances. Cette année, j’ai tout près de trois semaines de disponibles et avec le soleil qui se décide lentement à se montrer, le boulot devient un peu plus lourd.

Le Festival d’été de Québec a dévoilé sa programmation. Yeah Yeah Yeahs, Jeff Beck, Beast, Pat Watson, Cœur de Pirate (NAKED HERE), Metric et Mononc’ Serge. Saint tabarnac. Le Festival est toujours une belle période de mon année. J’achète une quinzaine de 8-pack de cold shot, mon passeport et j’erre dans les rues du Vieux-Québec en me laissant bercer par les diverses mélodies qui émergent d’un peu partout dans une ville résolument festive.

Je pense aussi appeler pour me réserver un lot dans un camping quelconque pour une semaine. Question de vivre avec la nature, de fourrer une ou deux Ontariennes et de jeter des bouteilles de 50 vides dans la forêt. Faudrait cependant que je magasine ça sur les internets, je suis lâche en criss.

Je pourrais également essayer de faire de la pêche, du kayak, de la marche en montagne, aller voir la Garnotte Trouée, la Côte-Nord, la Baie James pis toute ces places-là où un médecin est plus recherché qu’une asiatique aux gros seins. Un genre de Québec Tour, comme Bourgault en 65.

J’pourrais faire de la montgolfière, du deltaplane, du saut en parachute. Aller au Sud, écrire un roman, faire un pèlerinage.

Je suis beaucoup trop excité. Assez.

Sex Shape

•Mai 20, 2009 • 9 commentaires

Toujours dans un but de me parfaire et d’avoir une santé un peu plus potable malgré tout, un peu fouetté par ma déchéance de sélectivité d’hier, j’ai décidé ce soir de m’inscrire dans un gym. Presqu’aussi près de mes sous que de mes pills, j’ai sauté sur un deal estival d’un gym plus ou moins salubre près de chez moi.

À peine ai-je pénétré dans l’enceinte de ce temple de la testostérone et affirmé à l’hôtesse aux berlingots 3,25 % que je voulais m’inscrire qu’un entraîneur latin à pinch mou accourt et discourt.

-Hey l’amigo, tou veux t’entrainer? Lé biceps, lé mouscles et lé fessiers doures comme lé rock, l’amigo? C’est lé bonne endroit pour toi mi amigo. Yé té régardé lé mollets, tou es in joggeur é? Ah tou va voir, c’est pas tré compiliqué. Lé chicas elles séront toutes après toi mi amigo.

Amusé de son enthousiasme, médusé par son polo fluo,  je me sens quasiment zélé, ça m’apprendra à ne pas puffer après souper. J’appose donc ma signature sur 3 copies d’un contrat, ça fait presque sérieux tout ça. L’entraineur me sert la main solennellement et m’invite à prendre rendez-vous pour me monter un programme.

Il me fait faire le tour de l’équipement. Sur le bench press, un gars aux multiples tatoos lève une masse incroyable. Faudrait cependant lui dire que sa queue de cheval contrecarre tout plan de virilité. Près des miroirs, un mec au gilet indécemment moulant soulève des poids par-dessus sa tête en se scrutant les épaules. Sur les nombreux appareils cardiovasculaires, une multitude de bonnes femmes se font aller leurs immenses culs en lisant un 7 Jours, espérant sans doute qu’un peu de fermeté aidera leurs maris à retrouver leurs érections depuis longtemps devenues lointains souvenirs.

Les vestiaires semblent plutôt bien, des cours de spinning ou de workout sont offerts, Félix le latino me parle d’une multitude de poudres et autres produits. Je feins l’intérêt du mieux que je peux, le prochain joint de plus en plus imminent me travaillant l’esprit.

Finalement, je suis parti de là le portefeuille délesté d’une bonne quantité de blé mais le cœur presque empli de motivation. Peut-être qu’avec un peu de vélo, d’elliptique et d’haltères, j’aurai une forme moins pitoyable et réussirai à me pogner autre chose que des immondes lipideuses.

Faut que je retrouve ma sex shape.

Critères de sélection

•Mai 19, 2009 • 24 commentaires

La vie nous offre perpétuellement la possibilité de tester nos limites, d’observer comment nous agissons lorsque nous sommes confrontés à des situations critiques. Notre esprit qui course à une vitesse folle, de tumultueuses tergiversations, des constats parfois répugnants, d’autres fois pénibles sont faits sur notre propre personne. On chemine à travers ces questionnements sur nos frontières personnelles, on se redéfinit sans cesse.

Jusqu’où me grugera la banalité avant que je me suicide, serais-je prêt à tuer, juste pour voir, ressentir? Mes comparses sont-ils bons de façon innée? Jusqu’où devrais-je tenter de m’adapter pour vivre parmi ces ineptes contemporains? À quel point puis-je être miséreux? Quel niveau de laideur suis-je prêt à tolérer quand je deviens crissement en manque?

Oui oui.

Parce que lorsque viennent les périodes de sécheresse, on se demande jusqu’à quel point nous accepterons de boire notre eau vaseuse. C’est le même genre de phénomène qui se produit quand tu acceptes de payer un prix de fou pour de la cotte toute verte de grano quand tu n’as pas fumé depuis 2 jours. La même chose qui te fait boire de la Labatt 50.

Quand ça fait un bon bout que tu ne t’es pas mis, tu passes un peu plus vite sur les peaux boutonneuses. Tu t’attardes un peu moins à la mollesse des seins que tu palpes. Tu fais des sacrifices sur la fraicheur de la noune visitée. Ça devient un terrain glissant, plus l’attente est longue, plus les dentitions hideuses passeront inaperçues.

Depuis quelque temps, j’accumulais. Je n’avais pas vraiment le goût de me mêler à la masse, de tendre des perches et d’augmenter mes odds de fourrer. Pas de sortie dans des bars à plotes, pas d’allusions salaces aux nouvelles caissières, pas d’escorte. J’étais las, mais de façon latente, l’envie de copuler augmentait.

Ce soir, s’en était trop. Je suis donc sorti de mon logement et aie décidé de partir à la chasse, un explorateur aventurier à la recherche du clitoris perdu. J’ai butiné un peu de bar en bar, ne sentant guère de situation particulièrement propice. Lentement, le découragement s’installe, la pensée d’avoir à faire la job manuellement est lourde et omniprésente. Je tente de noyer le désespoir à coup de tequila, ça goute tellement mauvais.

En fin de soirée, les bars se vident. Le désespoir fait place à un peu de panique teintée d’ébriété. Je me lance sur la piste de danse avec une motivation tant éthylique qu’hormonale. Je fais mes trucs, investis tout mon être et tout mon bassin. Sans vraiment tout saisir, je réussis à ressortir avec quelqu’un.

Cette nuit, j’ai baisé une tabarnac de grosse torche.

Ravages

•Mai 18, 2009 • 9 commentaires

Je suis dans une mauvaise passe au niveau physique, je capote un peu. Je n’ai jamais beaucoup dormi, le sommeil m’emmerde et me rend amorphe. Mais voilà, dernièrement, j’avais l’impression d’avoir un peu trop étiré l’élastique : yeux secs, difficulté de concentration, maux de cœur, érections molles. Ça fait donc deux semaines que je m’envoie au lit en me gavant de vieilles Gravol que j’avais accumulées depuis le temps. Ça fonctionnait vaguement, j’avais l’impression d’être dans la bonne voie.

Or en fin de semaine, j’ai eu des palpitations cardiaques big time. Douleurs lancinantes à la poitrine, souffle difficile, je capotais un peu, seul dans mon appart’.

Je ne suis pas con, ou du moins si peu, je sais bien que ça a affaire avec les amphétamines, avec la quantité que j’ingurgite. J’essaie de m’aider, je fais du jogging régulièrement, j’évite de me bourrer de gras, je tente de fourrer une fois de temps en temps, je me limite sur les cigarettes. J’avais toujours eu l’impression que cela m’avait bien servi.

C’était avant les palpitations et l’inspection exhaustive devant un imparable miroir. Mes cernes se creusent inexorablement, j’ai les cheveux un peu plus gras, la peau un peu moins lisse, les joues un peu plus creuses, les yeux injectés de sang.

Ça a quelque chose de triste. Alors que je suis dans la fleur de l’âge, que je devrais m’occuper à briser des cœurs plutôt que de me préoccuper de la santé du mien, je dépéris comme une plote qu’on refuse de tondre.

Probable que je pourrais tenter de réduire ma consommation. Mais je ne vois guère où puiser la motivation. J’ai besoin des speed pour démarrer ma journée, me lever, autrement je suis amorphe. Du moment où j’arrête, je deviens décalisse. Je suis un peu découragé.

Pour l’instant, je vais essayer d’ajouter des benzos à ma routine de soir, en espérant attraper une heure ou deux de plus et que cela règlera quelques problèmes.

Prose de duvetteux

•Mai 17, 2009 • 4 commentaires

30 onces de rhum, une vieille boite remplie d’écriture que Pandore n’aurait reniée,  des souvenirs, des poèmes d’antan.

Assis face à la voûte étoilée, scrutant l’infini,
Sentant en mes veines couler le poison de la vie,
J’attends que Son carrosse fende le temps,
Pour qu’enfin Elle mette fin au mien séant.

J’espère Sa venue telle une clémente salvatrice
Qui de ma détresse serait l’ultime libératrice
L’orgasme morbide, dans une macabre danse,
Je l’attends, j’aspire à cette putride transe.

Je veux apercevoir Son lugubre sourire édenté
Entendre Son murmure empli de jactance éhontée
Paniqué, je susurrerais une sobre oraison jaculatoire
En attendant la douleur, grande catharsis éjaculatoire.

J’ai soif de mon sang, de mes entrailles, de ma mort,
Désir d’un calme éternel absous des remords,
Faim d’un apaisement de toutes ces douleurs,
Viens que de Ta faux j’entrevois la Lueur

Je t’appelle, te prie, t’implore ô Faucheuse
Comment peux-tu, toi d’habitude si hargneuse,
Prolonger avec tant d’avidité mon glacial calvaire
Au lieu de me livrer aux tendres flammes de l’enfer?

Again

•Mai 16, 2009 • 3 commentaires

Passants

•Mai 15, 2009 • 2 commentaires

J’étais là, ce soir, à boire sur mon perron en regardant les passants se presser, les quidams errer. Je buvais un Mouton cadet fraichement acheté à la bouteille. Le nom m’avait séduit, je n’en demande guère plus d’un vin.

Ils étaient là à fuir la pluie, à éviter le vent, à se dérober du regard d’autrui. Qu’ils étaient préoccupés avec leur sombre parapluie et leur air ridiculement grave. Qu’ils semblaient tristes à fixer le sol et à se gratter frénétiquement le cuir chevelu. Qu’ils étaient laids.

Je les regardais jeter un coup d’œil furtif à leur montre, brasser leur change dans les poches de leur pantalon gris, se déplacer afin de passer le plus loin possible d’autres passants. Ils étaient là avec leurs petits gestes à essayer d’être invisible, parce qu’ils se croient inintéressants.

Et moi pourtant, je les regardais. Seulement, ils avaient raison.

Pornstar

•Mai 14, 2009 • 3 commentaires

Je me suis réveillé un peu désorienté ce matin. Il y avait une présence dans mon lit et pourtant, je n’avais pas souvenir de m’être ramené des orifices. Puis je me suis rappelé, le kid, la folle d’en haut, moi en baby-sitter sans cours de Gardien averti ni même de RCR. J’ai dit au p’tit gars de m’attendre dans le salon. J’avais la bouche sèche, je me suis gargarisé avec un fond de Moosehead et j’ai sauté sous la douche.

Cinq minutes, aucun coït et un shampoing partiel plus tard, je m’habillais en vue d’aller le dompter plus ou moins cavalièrement à l’étage supérieur. Rapidement, je l’incite à me suivre tout en avalant ma shot de speed matinale.

– C’est quoi ça?

– Des vitamines

– Je peux en avoir?

– Non, non toi tu es encore petit mon gars. À ton âge, pas besoin de ça, t’es encore immunisé contre la connerie. Mais moi, moi mon système immunitaire se fait vieux tsé. Mais tu verras, un jour tu attraperas le cynisme, c’est très contagieux chez les grandes personnes.

Arrivé sur place, quatre petits coups, un brouhaha sourd à l’intérieur et une porte qui s’entrouvre sur un visage blême, des cheveux ébouriffés et une halène fétide. Je grommelle un au revoir à Samuel sans demander mon reste et quitte sans trop porter attention aux remerciements confus qui me sont adressés.

Le reste de la journée fut sans grande histoire, seulement ma fade routine qui se perpétue. Au moins, la période des BBQ commence tranquillement, ça augmente un peu le nombre de coupes à faire.

De retour à l’appart, enfin seul, je respire un peu mieux. Mine de rien, ça fait 36 heures que je ne me suis pas crossé. J’ouvre donc mon laptop, décide d’y aller avec Jesse Jane.

Ça doit être étrange la vie de pornstar. Tu te lèves tôt le matin, tu manges des fruits frais, tes petites gélules d’oméga 3, tu vas faire un petit jogging dans ton voisinage, tu prends le soleil. Tu dînes au restaurant, des sushis, du thaï ou du poulet frit, qui sait, et puis l’après-midi, tu te fais ramoner la plote.

Sur le plateau, un cameraman qui se rince l’œil, un preneur de son qui a les 2 perches tendues. Tu sais que des milliers d’hommes seuls vont se branler en te regardant, tu te donnes donc pleinement, ça t’excite au fond. Tu suces avec une vigueur insouciante digne d’une cégépienne qui n’a pas encore reçu un malencontreux jet de dèche dans l’œil encore dans sa vie. Tu distribues les « Fuck me like the whore I am » autant que les coups de bassin indécent. Et si t’as des ambitions monétaires quelconques, tu ouvres le back-store pour des livraisons séminales impromptues.

Tu as une vie probablement triste aussi. Mais au moins, elle doit être divertissante et tu ne manques guère de sexe. Deux choses qui manquent cruellement à un boucher qui agonise lentement à des milliers de kilomètres au nord de ta Californie toute plastique.

Enfantin

•Mai 13, 2009 • 31 commentaires

Je suis affreusement nonchalant depuis quelques jours. Je ressasse laborieusement mon passé, réfléchis beaucoup, mange pour me désennuyer, chie pour me divertir. Mon linge sale s’accumule, voilà deux jours que je vais travailler sans sous-vêtement, trop lâche pour nettoyer tous ceux déjà portés. Je frissonne au moindre contact de ma bite sur la froide fermeture éclair, ça me chatouille et le temps passe un peu moins lentement.

J’étais donc là ce soir, affalé mollement sur mon sofa à manger des beignets, fraichement envolé d’une dizaine de tacts inhalés à grandes sueurs pulmonaires, lorsqu’on frappa à ma porte. Laborieusement, je me lève et dépose le Bukowski ennuyant que je m’efforçais de lire. Après m’être replacé le scrotum inconfortable de toute cette humidité qui sévit en ce printemps, j’entrouvre la porte.

Un peu médusé et définitivement high, je me retrouve face à Caroline qui m’explique qu’elle doit aller j’ignore où. Elle me demande de garder un œil sur son kid. Un peu éberlué, dépassé, je marmonne ma confusion alors que d’ordinaire je prétexte avec vivacité divers empêchements. Elle saute sur mon hésitation et me remercie, pousse le gamin à l’intérieur en partant quasiment à la course, ses cheaps souliers à talons hauts faisant un bruit infernal en claquant sur le plancher du corridor.

Douh.

J’étais un peu pris au dépourvu, moyennement angoissé, beaucoup en criss après la bitch d’en haut. Mais voilà, j’avais plus ou moins le choix. J’ai donc appris que l’enfant s’appelait Samuel, qu’il allait à l’école, avait 8 ans et aimait Naruto (?). À court de questions et sentant le bad trip imminent, je lui ai demandé ce qu’il voulait faire. Il a fouillé dans mes quelques DVD, a trouvé le Seigneur des Anneaux, voilà voilà. Il l’a regardé, j’ai somnolé plus que d’autre chose. Après coup, je me suis dit qu’à son âge, il fallait bien dormir. Je l’ai donc installé dans mon lit, tamisé les lumières et je suis sorti tirer sur un joint question d’enfin relaxer un peu.

L’air était encore chaud, on pouvait entendre de la musique émaner des fenêtres baissées de voitures passantes, il faisait bon vivre. Je siphonnais mon spliff aussi intensément qu’une grosse aspire une queue et je pensais au p’tit gars. Ses yeux écarquillés en regardant la télévision, ses exclamations murmurées, son petit sourire enfantin partiellement édenté.

Je suis ensuite retourné à l’intérieur, les yeux sans doute un peu rougis. Il m’attendait dans la cuisine, assis sur une chaise, les pieds à 6 pouces du sol. « Je n’arrive pas à dormir » qu’il me dit. Moi j’ai faim, évidemment, alors je sors une boîte de biscuits, nous verse de grands verres de lait et je m’assois. Et il démarre.

Je suis buzzé, il me parle de ses amis avec sa petite voix aiguë et de grands gestes avec ses mains. Je l’écoute, un peu figé par son enthousiasme. Il a une moustache de lait, je pogne le fixe sur cette dernière, c’est bizarre. Puis il finit son verre avec un gros « Aaaaaaah », s’essuie la bouche du revers de la main et retourne dans mon lit. Juste avant de pénétrer dans ma chambre, il se retourne et me dit qu’il a passé une soirée « pas mal cool ».

L’appart tombe silencieux. Je ne sais pas trop quoi faire, j’essaie de continuer mon Bukowski sans grand succès. J’allume mon portable pour me détendre. Je vois qu’il y a un nouveau Delta White de disponible, je tente d’y aller avec ça. Mais rien n’allume. Au mieux, j’avais une érection aussi molle qu’un plan vert conservateur. J’allume donc la télévision.

Les platitudes s’enchainent, rien ne m’intéresse. J’écris donc un peu de poésie, rien de potable, moche moche. Je vais voir si le kid s’est endormi. Il est là dans le lit, les yeux clos, le visage serein. Je replace délicatement la couverture qu’il avait déplacée, la fenêtre est ouverte, je ne voudrais pas qu’il prenne froid.

Des bombes éclatent au Moyen-Orient, des financiers magouillent sur Wall Street, les pots de vin sont monnaie courante au gouvernement. Mais dans son visage, tandis qu’il dort, il n’y a guère de trace de tout ça. Il y a une pureté, quelque chose d’angélique qui, je l’oublie parfois, fait aussi partie de ce monde.

Il est 1h30, aucune trace de sa mère, mais voilà, ça ne me dérange guère. La présence du petit Sam m’est réconfortante.

Paradoxe

•Mai 12, 2009 • 9 commentaires

Je ne suis pas là pour me faire des amis, trouver des orifices à spermer ou découvrir l’amour. J’écris ici, ça me divertit, ça me permet de réfléchir, de laisser une trace, ralentir un peu l’éphémérité inhérente à notre existence. Je n’ai que faire de groupie ou d’ennemi.

Je me crisse bien des rencontres de blogueurs, j’exècre les deux ou trois biens pensants qui m’ont envoyé des mails pour me soutenir ou me psychanalyser dans l’hypocrisie la plus complète. Je me ris de ceux qui lèvent le nez sur moi.

Je ne cherche pas d’attache. Voilà cinq ans que j’évolue seul, que je me suis développé un monde où je me laisse guider quasi unilatéralement par mes envies, ma liberté est entière, je m’y complais crasseusement. Je n’ai pas l’intention de modifier ça.

Je n’ai que faire de réconfort ou d’affection. J’aimerais peut-être avoir le narcissisme de croire que ma vie puisse intéresser des gens, je ne l’ai guère. Au mieux, j’essaie de trouver ici une consolidation à mes observations d’une société qui se meure, quelques voix qui sauraient me confirmer que je n’hallucine pas.

On essaie de me normaliser, de m’uniformiser avec le paysage. Je prie pour qu’on me laisse le droit à la marginalité, à mon existence parallèle. Tout ça est peut-être paradoxal avec le fait d’écrire ici. Je me questionne, remets en perspective, doute du bien-fondé de tout ça. Je me sens idiot, une fois de plus. Ce paradoxe entre le désintérêt total d’autrui et le plaisir ou je ne sais trop quoi que je prends à vociférer ici me déroute et me fait crissement chier.

Maternel

•Mai 11, 2009 • 7 commentaires

Je n’ai jamais vraiment aimé la Fête des Mères, en serez-vous seulement surpris? Pour moi, ce n’était qu’un autre dimanche sans présence maternelle. « C’est une grosse journée, les tips sont bons, tu sais ». Puis j’ai vieilli, et mon mépris s’est cimenté. Aujourd’hui, ça me pue au nez.

La Fête des Pères, la Saint-Valentin, l’Halloween, la Fête des Mères, tant de bouilli poussé big time par les commerçants. Même Noël, j’ai l’impression que le vieux J.C., l’homme qui bousillait les tables des marchands du temple, péterait une criss de coche. On nous indique quand aimer en prenant bien soin de nous rappeler qu’aimer, ça vaut bien quarante piastres.

Il se vend du chocolat, des roses, des beaux petits forfaits de soin de beauté. De l’amour, de l’attention parfumée, de la reconnaissance aseptisée. Yeah. Des enfants invitent leur génitrice à manger au resto, ils font leur devoir. Une fois sur place cependant, le malaise est souvent palpable, la discussion est laborieuse, le leurre ne trompe personne. Mais les gens sont heureux, right?

C’est surtout le fait de synchroniser tout ça qui m’exaspère. De se fixer une date, de se rappeler collectivement qu’on les aime tellement nos mères. Moi, j’étais plutôt fan de haïku laissé sur un oreiller, d’une part de gâteau qui l’attendait à son retour de travail de soir, de marguerites inhabilement disposées dans le cadre de sa fenêtre.

Au fond, le pire avec la Fête des Mères, c’est que je la passe seul.

Faiblesse

•Mai 8, 2009 • 6 commentaires

J’avais encore le gosier plus sec qu’une plote de nonne frigide. Et j’avais peut-être aussi, un peu, à peine, légèrement le goût de revoir la barmaid qui hanta mes masturbations pour deux jours. Je suis donc retourné au bar qui me sert tristement de refuge en ce jour de paie. Évidemment, elle était là.

Elle était au bar, souriante, radieuse, en train de se déchirer les douces paumes en ouvrant une fade 50 pour un client crasseux qui laissait aller scabreusement ses yeux vitreux sur son décolleté, tentant de la séduire avec son sourire tout doré.

Je m’assois comme toujours à une table reculée, elle vient lentement me voir, dans une démarche des plus gracieuses. Timidement, je me commande encore une fois quatre Carlsberg. Elle repart, j’ai un rythme cardiaque un peu plus élevé, je me trouve crissement con. J’ai peur d’être atteint de cette stupide fièvre printanière. J’ai déjà quelques symptômes avant-coureurs : perte de mon aversion pour l’humain, émotion, timidité. Foutue fièvre du printemps

Le virus est déjà bien répandu. Un peu partout, les demoiselles gloussent, des jupes se rehaussent, des critères de sélection se rabaissent. Des hommes ressortent leurs vieux haltères, des cheveux se coupent, des scrotums se rasent. La quête d’un couple est lancée, la déréliction est plus que jamais maudite, les rites de chasse sont bien enclenchés et la joute sexuelle bat son plein.

On se cherche un amour estival, quelqu’un avec qui partager un cornet, quelqu’une à doigter subtilement sous une couverte autour d’un feu de camp. Les étés sont torrides, il fait bon baiser, on s’invente de l’attirance, de l’amouuuuur sous les pires prétextes. On s’échange des premiers baisers doucereux, on subit des mièvres soupers en tête-à-tête, c’est moins lourd que la solitude après tout.

J’abhorre toute cette hypocrisie, cette faiblesse qui pue l’hommerie, ce besoin de sentir le réconfort dans les bras d’un autre, j’exècre la mollesse. Toutes ces amourettes, c’est la poursuite du futile, une grosse mascarade vide. Et malgré ça…

Malgré ça je la trouve cute cette fille. Je me sens vachement con, j’ai le goût de la connaitre, un tantinet. Mais voilà, je fais dans mes culottes. J’ai fini mon quatuor et je me sens toujours aussi weak. Elle revient à la charge, je renouvelle ma commande, elle m’apporte le tout. Je lui demande son nom, nos yeux se croisent. « Émilie » dit-elle, un léger sourire se dessinant subtilement aux commissures de ses lèvres.

Fuck fuck fuck.

El grand t’écran

•Mai 7, 2009 • 6 commentaires

Je suis allé au cinéma ce soir, ça faisait un bail. Comme toujours, je me suis faufilé subtilement :

-Mon billet? Oh désolé m’sieur, je l’ai oublié dans ma veste à l’intérieur, je suis allé prendre des mouchoirs dans ma voiture. Oui, oui désolé, je sais, je sais.

J’ai commencé par le Soliste. De la musique, un surdoué du violoncelle, Robert Downey Jr. pas en Iron Man, tout plein de points positifs. Et malgré tout ça, un film interminable et vachement creux. Mis à part le fait de suivre un chroniqueur (Bob Jr.), un job que j’adorerais faire, il n’y avait rien de vraiment intéressant. Pas de développement, de surprises, de bouleversements ou d’épiphanie intense. On part du point A pour aller au point A.

Je décide ensuite d’aller voir Wolverine, espérant qu’un peu d’explosions sauraient me réveiller un peu. Je change donc de salle, subtil comme jamais parmi la masse de gens qui achètent du pop corn à quatre piastres, les couples qui font « leur p’tite sortie » et les groupes d’adolescents d’où émanent des esties d’effluves de pot.

Ça fait un petit bout qu’il n’y a pas de film qui m’ait exalté. Même Slumdog Millionaire qui a fait bander la planète entière m’a laissé un peu mièvre. Prévisible et à la limite condescendant. Big bof.

Et ce n’est pas avec Wolverine que j’allais mettre fin à cette séquence de bouette. Le corps nu de Hugh Jackman ne m’émerveillant guère, c’est donc dire que le tiers des plans du film tombait à plat. Pour le reste, rien de marquant, un scénario facile, beaucoup de clichés, pas assez de seins nus.

Ma foi, je ferais presque un bon chroniqueur cinéma. Je n’aurais qu’à saupoudrer des trucs comme « il a une approche très clinique », « sa réalisation est amputée par son prépondérant souci de l’esthétisme », « son jeu monolithique ankylose le scénario » ou encore « plusieurs séquences psychédéliques frôlant le narcissisme on de quoi exaspérer l’auditeur ». Essayez juste pour voir de dire que je serais mauvais hein…

Crachat

•Mai 6, 2009 • 10 commentaires

Je n’ai jamais été en amour. Les papillons dans l’estomac, l’exaltation, les gloussements prépubères et les cœurs en chocolat achetés on the fly à la pharmacie, je laisse ça à Hugo, Musset et Chateaubriand. Pas d’amour, au mieux, j’ai eu Cynthia.

Secondaire 4, un peu d’acné, une barbe empruntant beaucoup au duvet, des vêtements un peu trop amples et une coupe plus ou moins trendy, je me crosse fort en pensant à Cynthia. Elle est la bombe de l’école : cheveux platine, seins anormalement gros, postérieur anormalement petit, peau lisse, trop chaude la crisse. Le soir, la bus vient me porter à 4 h 30, ma mère arrive à 6 h, entre les deux, je me crosse en pensant à Cynthia.

En histoire, en français et en anglais, elle était assise un peu en avant de moi. J’avais des bonnes  notes, on m’assoyait à l’arrière, je n’avais pas besoin d’attention. Elle était généralement un peu en avant de moi, juste assez pour que je puisse passer de nombreuses heures à lui scruter le string. Ça me donnait des érections en classe.

Elle sortait dans les bars, était cool, baisait supposément dans les toilettes de l’école. J’étais inconnu, sans intérêt. Je n’étais guère plus qu’une copie sur laquelle copier en opportun moment. Elle sortait avec un mec de six ans son ainé, voiture pimpée, vous voyez…

Elle m’obsédait, je m’imaginais les pires scénarios, ma queue dans tous ses orifices, mon sperme sur tout son corps. En tout, je l’ai côtoyée cinq ans, jamais elle ne m’adressa la parole. J’étais un subalterne estudiantin, comme des centaines d’autres. Puis, la semaine dernière, elle m’adressa la parole pour la première fois :

« Tu me donneras une demi-livre de ton jambon meilleur marché. »

Tu me donneras… Un ordre. Les gens qui requièrent qu’on leur fournisse de la viande me font toujours crissement chier. Je m’exécute quand même et je lève les yeux. Lentement, je la reconnais. Toujours les cheveux platines, un léger surplus de poids désolant, une peau moins uniforme, elle chique de la gomme sans la moindre élégance.

Je trouve ça ironique de la voir. Elle est foncièrement plus laide qu’autrefois, définitivement plus misérable. Elle porte des bottes qui puent la fausse cuirette, des boucles d’oreille bon marché, des jeans trop serrés pour ses hanches aux ambitions expansionnistes. Évidemment, elle ignore qui je suis, mais moi, je sais.

Je doute qu’elle soit heureuse. Peut-être vit-elle avec son chum de l’époque, dans un appartement à peine salubre, peut-être a-t-elle un enfant, ou même deux. Elle a surement une garde rapprochée de guerdas, une job douteuse qu’elle conserve en suçant son supérieur.

Ô, moi aussi, j’ai une vie plutôt minable. Mais voilà, à cet instant, je contrôle sa viande. Une demi-livre, neuf tranches d’épaisseur moyenne. Elle est partie chercher du jus, du lait, je ne sais trop. J’en profite pour déposer un subtil crachat entre deux tranches. Je referme le papier, insère la viande dans le sachet de plastique et scelle.

-Autre chose avec ça, madame?

-Non, bonne journée

Et moi, je me sens presque bien.

Vanité

•Mai 5, 2009 • 9 commentaires

Existe-t-il un bonheur? Est-il seulement accessible? J’arpentais un peu le vieux ce soir et les cold shots que j’enfilais me plongeaient toujours un peu plus profond dans mes réflexions.

À la sortie d’un magasin, une dame au sourire crispé et au souliers haut perchés est encombrée d’une multitude de sacs. Elle respire la joie artificielle, le bonheur éphémère que procure un solo de carte de crédit.

J’entre dans une librairie, il y a des étalages remplis de livres parlant de spiritualité, de reiki, de travail sur soi, de vie après la mort. On promet la sérénité, l’obtention d’une paix intérieure, le tout en 245 pages et pour 19,99 $. C’est pas beau la littérature?

Je marche un peu plus loin, des vieillards sortent d’une église, l’hostie probablement encore collée au palais. Ils ont rempli leur devoir, ils n’iront pas en enfer, ils marchent donc d’un pas assuré qu’un début de Parkinson ne saurait troubler.

Je peux voir l’intérieur d’un gym par une grande baie vitrée. Des hommes se scrutent dans le miroir, analysent la symétrie de leurs trapèzes et de leurs biceps. Ils n’ont que faire de bander bien dur, plus ils seront gros, plus ils seront heureux.

Sur mon chemin de retour, je passe devant deux salons de soins de beauté. À l’intérieur, des femmes paient des grosses piastres pour se faire masser, se faire couper les ongles, se faire coiffer. Elles racontent leur vie, les déboires de leur entourage. Subtilement, elles font l’exposé de leur supériorité. Et elles en sont grandement satisfaites.

On achète l’illusion du bonheur à grand prix, on essaie tant bien que mal d’oublier le vide incommensurable qui nous gruge. La quête de la félicité a depuis trop longtemps été corrompue, elle est désormais entièrement altérée, devenue maintenant que synthétique. La joie a été commercialisée.

Or j’ai l’impression que mon malheur devient lui aussi de plus en plus artificiel, quasi réactionnaire. Et ça, ça me rend vraiment fou. Je n’ai plus de refuge.

Mari et Femmes

•Mai 4, 2009 • 11 commentaires

J’avais été convié pour la première fois de ma vie à un mariage cette fin de semaine. Un faire-part avec un ange, beaucoup de blanc et de rose, une écriture ben fancée et un papier parfumé. Saint ciboire, on espérait ma présence lors de l’union d’une des caissières. L’union du mondain et du quétaine forme sans doute l’alliage qui me rebute le plus mis à part les seins mous et une face de marde. J’espérais quand même une journée de weed et de femmes.

Mais voilà, fin renard que je suis, j’avais cerné qu’il s’agissait sans doute là d’une opportunité de divertissement inusité. J’ai donc embarqué à grand coup de faux enthousiasme dans le ça pue.

Samedi matin donc, je me lève, les oiseaux gazouillent, l’air est plutôt frisquet. Tu parles d’une idée de se marier aussi tôt dans l’année. J’apprendrais plus tard que les salles étaient dures à dénicher et que ça adonnait en même temps que leur anniversaire de rencontre. Quasiment cute hein?

Motivé comme une prépubère qui se prépare à une première date sachant pertinemment que son hymen est sur ses derniers milles, je me disais que mon baptême d’union catholique était une occasion unique et que je me devais d’être tout beau, tout chic. Je me suis donc rendu à une friperie non loin de chez moi pour m’acheter un complet que j’espérais pas trop moche.

Arrivé sur place, l’odeur de boule à mites et de joueurs de 500 me prend au nez. Je trouve admirable que des bonnes femmes se démènent pendant des heures dans pareille puanteur pour aider les p’tits pauvres. Je monte au deuxième étage, on me dit que c’est là que se trouve le linge.

Une fois au deuxième, je suis frappé par la cohue qui sévit. Une employée sort de la toilette en lâchant un retentissant « TABARNAC». Hystériquement, elle apprend à la friperie entière que quelqu’un a chié partout sur la bol. Un autre employé arborant le simili poncho et des manières efféminés va donc s’enquérir de l’état des toilettes d’un pas galopant. Aussi tôt entré, il émet un son strident. Il épand le sent-bon Glade comme il étend probablement son sperme sur des joues barbues le soir venu : avec générosité. Le staff s’émoustille, semblerait que le petit coin soit souillé de brun granuleux de bord en bord. J’essaie de trouver un complet potable en faisant abstraction de tout ça.

Finalement, je trouve quelque chose de pas si mal parmi les vestons en velours côtelés et les chemises brunes. J’achète le tout pour 22 dollars et repars le cœur léger, avec la conviction qu’un tel début de journée ne pouvait qu’annoncer de grandes choses. De retour chez moi, je m’habille, me rase et me peigne. Je me regarde dans le miroir, j’ai l’air d’un monsieur sérieux, le teint ciré et les grands tourments. J’hais ça. Je pars pour l’église.

Une fois à l’intérieur, j’ai tôt fait de spotter deux gars des fruits et légumes. Des véritables plaies, mais voilà, je décide de me joindre à eux parce qu’être seul parmi tant de fébrilité, bof. L’église se bonde peu à peu, l’air frais printanier entre à grands vents par les portes ouvertes et les cloches résonnent à ne plus finir. Je commence à avoir hâte que ça commence pour décrisser au plus vite.

Finalement, l’orgue se fait entendre, les gens se lèvent, la mariée entre. On s’extasie, moi j’ai toujours trouvé ça laid en esti une robe de mariée. La cérémonie se passe rondement, les vœux sont échangés, ils sont déclarés mari et femme, on laisse partir des colombes et je souhaite vivement que quelqu’un se fasse chier dessus. Il n’en est rien.

Des millions de photos sont prises sur le perron de l’église, on part en voiture à la file indienne en direction de la salle de réception. Les gens s’excitent et abusent de leur klaxon. De vrais gamins.

Tant bien que mal, on arrive sur place. La salle est très grande, des dizaines de tables sont mises, l’ambiance est festive. Je signe les livres, répète grossièrement aux mariés les vœux que la personne avant moi a offerts. Je parle un peu avec les collègues de la job mais je sens que je pourrais trouver le tout un peu long. Je vais donc me fumer trois quatre ballers dans mon bong fraichement acheté.

Dès lors, je suis pas mal plus sociable. Je parle un peu avec la famille du marié, à une espèce d’illuminé qui s’époumonait à pourfendre le fait que tout ça faisait de l’ombrage au mois de la Vierge Marie et à un oncle de la mariée visiblement déjà ben saoul. Me voilà diverti et ça va mieux.

On nous invite ensuite à table. Initialement, on m’avait installé avec le monde de la job mais je trouvais ça ben plate. Je me trouve donc un spot à une table de matantes qui rient à gorge déployée. Elles m’adoptent bien vite et Jeanne, ma convive de droite, sort subtilement une immense bouteille de crème de menthe de sa sacoche. Elle m’en offre et sans vergogne, je demande de nombreux refills. Je pense que c’est le truc le plus imbuvable que j’ai bu de toute ma calisse de vie mais sur le coup, j’en demandais toujours plus. Je m’en venais gorlot, la crème et le vin cheap servi à table me rentrant fort dans le système. Les folles parlent de Star Académie et de bridge et moi j’interagis avec intensité.

Une fois la crème de légume et la poitrine de poulet sèche englouties, on tasse plusieurs tables et un band s’installe. Après un slow où le marié a l’air d’un trisomique et où la foule s’excite le poil des jambes en parlant d’amour éternel et autre bullshit, le groupe entame le répertoire le plus moche qui soit. S’enchainent L’incendie à Rio, Bad Moon Rising, Journée d’Amérique et autres trucs du genre.

Avancé, je me surprends même à me joindre à un continental. De la grosse danse en ligne sale. Et puis sur Can’t Get Enough de Barry boy, je danse avec Jeanne. Je la trouve un peu trop collante et entreprenante à mon goût, elle respire proche de ma face en esti. Son haleine de menthe et sa peau crouteuse me lèvent le cœur. Un peu amorphe, je réagis mollement. Trop mollement. Sa main remplie de jewels et de bagues surdiamantées s’aventure lentement sur mes fesses. Ça a un effet de détonateur, je quitte le dancefloor au plus criss.

En le temps qu’il ne faut pour prononcer plote, je cale deux bières pour oublier le goût. Je décide donc de me faire un peu plus discret, je m’affale dans un coin sombre et observe la salle.

Les cravates sont désormais lousses, les joues un peu plus rouges, les voix un peu plus vives. Le marié boit une bière avec deux gars accoudés au bar. La mariée est entourée de quelques dindes, ça glousse big time. Tout le monde nage dans un bonheur un peu fade en se baignant dans des espoirs d’amour et de familles nombreuses. Un peu partout, des gens ne s’étant pas vus depuis cinq ans se remémorent les mêmes anecdotes qu’ils se sont racontées la dernière fois qu’ils se sont vus et les mêmes qu’ils se raconteront dans cinq ans. Je suis découragé par le vide sous-jacent à ce genre de célébration.

Je quitte donc, un peu dégouté et le cœur un peu chamboulé. À peine à cause de la crème de menthe.

Leloup

•Mai 3, 2009 • Laissez un commentaire

Magistral

Mille excuses

•Mai 2, 2009 • 5 commentaires

La musique québécoise en générale ne m’émeut guère. Pour moi, Éric Lapointe n’est pas un bum, c’est une lopette comparativement à Jim Morrison. J’aime écouter la musique des années 70, pas que Sylvain Cosette me la lamente. Du progressif, c’est du Pink Floyd, pas du Harmonium. Un vrai parolier, c’est Lennon, pas Roger Tabra caliss.

Bien sur, certains trucs m’allument. Malajube est pas si mal, Arcade Fire se défend, Les Colocs c’était quelque chose. Mais voilà, le seul qui mérite vraiment attention, c’est Leloup. Leclerc. M’enfin, Jean, vous savez.

J’ai écouté Le Dôme un nombre incalculable de fois. Le sombre Edgar, le groovie Jonnhy Go, mélancolique I lost my baby, superbe Sang d’encre, intarissable Dôme. Puis il y a eu Les Fourmis, définitivement plus expérimentale, mais tout autant savoureux. La Vallée des Réputations s’avéra également à la hauteur du tourmenté chanteur. Et puis, dernièrement, il y a eu Mexico.

Ce disque-là, j’ai dû l’écouter dans une boucle plus ou moins continue dans les deux dernières années. Les textes sont écoeurants, les guits sont incroyables, Jean est assassin, acerbe, délirant.

Inutile donc de vous dire que j’avais extrêmement hâte à la sortie de Mille excuses Milady. Mardi, je filais directement après le boulot au HMV pour me procurer le dernier opus du mythe. Je l’ai écouté plusieurs fois cette semaine, je l’ai shooté sur mon iPod et ce soir, officiellement, j’ai fait mon écoute attentive.

J’ai allumé deux gigantesques joints, je suis allé sur le bord du fleuve, j’ai remonté ma fermeture éclair de coton ouaté pour combattre la brise frisquette et j’ai tendu l’oreille.

L’album commence avec La plus belle fille de la prison, des sonorités un peu usées, mais quand même quelque chose de notable. Ensuite, rien à déclarer avant Les Anges, une chanson légère, désinvolte et romantique. Ça me réconforte, je me dis que Jean est peut-être plus heureux que l’on croit. Il y a aussi Mille excuses Milady, un espèce de mix d’une toune qu’il avait faite chez Christiane Charrette. Quand même réussi. Pour le reste, j’accroche peu. Ça demeure du Leloup, bien au-delà de la moyenne, mais voilà, ça me semble bien peu.

Je suis donc un peu déçu, mais criss que je l’aime quand même.

Attirance

•Mai 1, 2009 • 8 commentaires

J’avais le goût de boire ce soir, goût de quitter un peu mon appart’ aussi. Je suis donc allé au bar miteux du quartier, comme trop souvent depuis quelque temps. Arrivé sur place, je me call 4 Carlsberg pour 20 pièces et obtient un beau verre gratisssss. Si je suis bien content de recevoir mon alcool, c’est surtout la serveuse qui retient mon attention.

Je me suis toujours questionné sur la nature de l’attraction. À la base, pourquoi un homme est attiré par des seins. Après tout, ce n’est qu’un mix de glandes, de graisse, de nerfs et de vaisseaux sanguins. Et les fesses, c’est encore pire. C’est difficile à expliquer donc, c’est indicible. On se crosse en pensant à des seins, des culs, mais quand on s’y arrête, kessé ça tabarnac.

Tout ça pour dire que je trouvais la serveuse ultimement attirante. Pour moi, il y a deux genres d’attirance. L’attirance physique, pure et dure, c’est celle qui opère pour me donner une semi-croquante sur un dancefloor. Habituellement, elle ne me trouble pas outre mesure. J’écoute mon gland qui combat le joug prépucien et je fonce, sans gêne. Puis il y a le deuxième type, l’attirance qui me fige. L’attirance de l’intelligence, du regard vif, de la répartie, du sourire timide.

Je pense que j’ai besoin de me sentir supérieur à autrui pour être à l’aise. Ça a quelque chose de troublant. La fille qui s’habille comme une pute de tout compris, je la sais idiote, je n’ai donc pas de difficulté à être salace, à lui pogner une boule, à user de basse séduction. C’est facile, je me sais en contrôle, c’est tout ce qui me suffit.

Autrement, j’ai peur de développer un intérêt, peur d’être challengé, peur de perdre. Et ça, ça serait terrible. Je mène une vie sans trouble, sans échec, cela me suffit bien.

J’étais donc à ma table, médusé par le charisme de la barmaid, muet comme une fille bite en bouche. C’est à peine si j’ai osé la regarder dans les yeux quand je me suis callé mes deux autres quatuors de Carlsberg. Et puis une fois âprement réchauffé, je ne me sentais pas la cohérence pour lui dire quelque chose d’intelligent. J’ai donc quitté piteusement, marché longtemps et me voilà à déverser toute cette merde ici.

Tabarnac.

Rites printaniers

•avril 30, 2009 • 19 commentaires

Je jogge régulièrement, aussi paradoxal que cela puisse sembler à certains. Je gobe une tonne d’amphétamines et cela est mauvais pour mon petit cœur, je tente donc de lui donner un coup de main.

J’arpente donc mon quartier plusieurs fois semaine au pas de course, les yeux grands ouverts, l’esprit à 100 à l’heure. Je note, je scrute, je réfléchis, j’assimile. Mon voisinage est fascinant. Des dizaines de gens, autant de rites et coutumes à savourer. Autant de stupidités à juger.

Avec le printemps, je suis toujours médusé de voir mes contemporains s’activer. Aux premiers signes de rayons de soleil persistants, il y a toujours quelques illuminés qui croient bon pelleter leur gazon, envoyer la neige dans la rue afin d’accélérer la fonte. Parce que trois quatre jours de plus sans neige, c’est connu, c’est la vie.

Une fois l’herbe entièrement libérée du joug blanc, les zélés sortent leurs râteaux et tente d’enlever les brins morts ou je ne sais quoi. Ils brulent le gazon ainsi arraché, ça sent le tabarnac, je deviens irritable.

Vient aussi le moment de nettoyer l’asphalte. Nombreux sont ceux qui sortent le gun à pression pour bien nettoyer leur entrée asphaltée, véritable prolongement de leur excroissance sans doute déficiente. Il enlève la petite garnotte à grand coup d’eau potable et certains poussent aussi l’audace jusqu’à peinturer leurs cours. Qu’on m’explique quelqu’un.

Finalement, tous et chacun lavent sa bagnole. Parce qu’une voiture rutilante, c’est avéré, ça va calissement mieux du point A jusqu’au point B. Pendant ce temps, les lilas fleuriront et personne n’y portera attention.

Masturbation

•avril 29, 2009 • 16 commentaires

La masturbation est taboue, assurément. Ça me trouble. Parce qu’en fait, une très vaste majorité de la population s’y adonne à une fréquence probablement soutenue. Et pourtant, on y accole la disgrâce, le malaise, la honte. Assurément un relent judéo-chrétien parmi les plus latents de cette religion désormais anachronisme.

Le terme masturbation, de son étymologie manus stupratio (souillure par la main), implique déjà au départ un côté péjoratif. À l’époque, on disait que des éjaculations trop fréquentes asséchaient le corps et le vidaient de ses énergies. On a aussi dit que la masturbation rendait sourd et faisait pousser du poil sur les paumes. Or il n’en est rien, je vous le dis. Oh, je vous le dis.

Par la suite, la branlette fut réhabilitée. Il y eut même une période où l’on prescrivait médicalement des vibromasseurs pour contrer l’hystérie. J’ai trouvé ça quelque part sur le web. Puis il y a aussi le fait que cinq éjaculations par semaine réduiraient par trois les chances d’avoir un cancer de la prostate. Ouh la la.

Pour ma part, je me masturbe chaque jour, souvent à raison de plusieurs fois. Dans la fleur de l’âge et possédant un membre des plus vigoureux, je ne manque guère de me faire aller le poignet à qui mieux mieux.

Si j’aime bien commencer ma journée avec une éjaculation, j’aime aussi ces petits moments en soirée, avant de tenter laborieusement de trouver le sommeil ou en revenant de jogger où je m’installe la main droite sur la souris, la gauche sur l’autre petite bête. Je choisis au gré de mon inspiration : ici, ici ou même .

Je laisse aller un profond soupir empruntant au rauque et je commence un sweet va-et-vient.

Le sexe est définitivement une des drogues les plus puissantes qui soient. Après une certaine période d’attente, c’est de loin l’addiction qu’il me fait le plus de bien d’assouvir. Je suis affaissé sur ma chaise d’ordinateur, les pantalons flasquement accumulés à mes chevilles, le pénis pointant vers le petit Jésus. J’ai la respiration haletante, je suis toujours scié par la puissance des ressentis que peuvent procurer pareille auto-stimulation. Dans mon appartement vide, les gémissements de pornstar résonnent contre les murs comme résonne mon poignet sur mon aine lorsque je m’emporte.

Puis la tension monte lentement, j’affute mon analyse de la situation afin de trouver le rythme adéquat qui saura faire perdurer le plus longtemps possible cette zone si grisante que celle de l’antichambre de l’éjaculation. À l’écran, un deep throat, une branlette espagnole, une poufiasse prise avec virulence par derrière, peu importe, je ne regarde plus, parti dans mes pensées, galvanisé par la jouissance proche.

Et finalement, je viens. Je gicle un peu, tentant tant bien que mal de contrôler la direction de ces jets de vie. Je saisis un kleenex et m’essuie le gland. D’ailleurs, je me demande la proportion de mouchoirs que j’utilise par année pour me moucher par rapport à ceux que j’utilise pour m’essuyer. J’ignore si les compagnies de Kleenex sont conscientes que les branleux représentent une bonne portion de leur clientèle. Il me semble que je verrais bien un ours des mouchoirs Puffs se crosser en pleine annonce. M’enfin…

Lentement, je remonte mes pantalons, et ferme mon ordinateur. Je me sens vidé et exténué, oui, mais je me sens surtout infiniment zen.

Interagir

•avril 28, 2009 • 4 commentaires

L’humain me fascine. Sa façon de se comporter, d’interagir, de réagir, tant de possibilités et d’observations possibles que ça en est grisant. Chacun tente de projeter une image, cacher quelque chose. Les secrets sont là, à portée de main, ils n’attendent que d’être cueillis. Ça ne vous rend pas horny tout ça?

À chacun ses malaises, ses squelettes dans le placard, ses complexes et hontes. On enterre le fumier avec plus de merde, on cultive l’excrément. Tout ça dans le but de bien paraître aux yeux des autres, c’est d’une insignifiance.

Pour l’œil fin, il devient très facile d’évaluer la valeur d’une personne en la regardant évoluer parmi ses contemporains. Je trouve ça tant bouleversant que minable de voir combien les gens sont prêts à sacrifier de leur personne pour une reconnaissance d’autrui qui au fond n’a pas la moindre valeur.

Je me calisse bien de quiconque. Ça me confère une liberté que je considère vitale. Autrement, la vie, ça ne serait que mourir à petit feu. Mauvais exemple.

Will to live

•avril 27, 2009 • 5 commentaires

Après mon rendez-vous doux avec la mort de vendredi et les commentaires d’un gars qui semble croire que je suis un sombre déficient et penser que je veux mourir au plus criss, je me pose des questions sur ma motivation à vivre.

J’entendais le téléviseur de la voisine d’en haut qui crachait le gala Artissss à tue-tête toute la soirée, j’ai vu des gamins saboter un vélo cet après-midi, la vie est crissement laide. Mon existence est d’une insignifiance crasse, le quotidien est d’une banalité exaspérante. Pourquoi vivre?

Premièrement, et peut-être principalement, le suicide, c’est douloureux. Parce qu’une forte dose de pilules ou ces tentatives de mise à mort de pacotilles, ça ne vaut pas de la marde, ça serait la pendaison ou le fusil. Or, ça fait mal tout ça. Et mine de rien, c’est souvent ce genre de truc premier niveau qui me retient.

J’ai aussi peur de manquer quelque chose. Je crois qu’indubitablement, le monde risque d’imploser. L’égocentrisme latent aura raison de l’ordre public, ce sera l’anarchie, ce sera la chose la plus drôle qui fut. Je ne voudrais pas manquer pareil spectacle. Avouez-le que ce sera EPIC.

Et puis, j’aime quand même certaines parties de mon existence. Je mène une sorte d’épicurisme métaphysique des plus sympathiques. Je pense qu’il y a encore de nombreuses choses à découvrir, des sensations fabuleuses à ressentir, des mondes parallèles à explorer. Voilà 23 ans que je survis et subis cette chienne de vie, j’aimerais bien en récolter quelques dividendes.

C’est un peu pour ça qu’instinctivement, la mort me fait un peu peur. Mais ça ne saurait durer, il y a la rationalité qui m’attend dans le coin pour m’enculer. Et la prochaine fois que je rencontrerai un orignal, qui sait seulement si je jouerai du volant.

Summer

•avril 26, 2009 • 2 commentaires

L’été est de plus en plus imminent. Aujourd’hui plus que jamais encore ce printemps, on le sentait. L’air était chaud et humide comme une chatte. Et même si de gros nuages noirs se voulaient menaçant, je me suis installé sur mon balcon, caisse de 24 à portée et me suis ouvert un Dostoïevski fraichement acheté hier à la bouquinerie du coin. Sur ma petite table, un contrefilet saignant coiffé d’une grosse tranche de bleu attirait un peu trop les mouches à mon goût.

J’aime ces moments où on sent le ciel lourd, chargé, sur le point de se vider, un peu comme un homme bourru qui aurait refoulé trop de trucs depuis trop de temps. Il y a dans l’air des arômes particuliers, quelque chose de salin porté par les chaudes brises.

À intervalles réguliers, j’aperçois des joggeurs. Semblerait que la saison des wannabe marathoniens batte son plein. Se relayent les pros au lecteur mp3 en brassard et les grosses aux espadrilles à douze piastres fraichement achetées chez Yellow et au cul probablement plus larges que la persévérance. J’observe et je jauge en compagnie de mon Fiodor chéri tandis qu’au loin retentit la voix de Freddie Mercury.

Pas pire, pas pire.

Caresser la mort

•avril 25, 2009 • 5 commentaires

Il est presque quatre heures et je ne pense pas dormir avant cinq ou six heures. C’est que ce soir, j’ai échappé à la mort. J’ai l’adrénaline au plafond, ça fait trois fois que je me crosse dans la dernière heure et la pression n’a pas diminué d’un poil.

La soirée s’annonçait pourtant tranquille. Minuit passé, peu d’action, je décide donc d’aller me promener en voiture, m’arrêter près d’une petite cascade pas trop loin de chez moi, fumer un peu de hash et scruter le ciel franchement étoilé ce soir.

J’arrive donc sur place, l’air est encore chaud, je suis bien. Je sors ma bonne vieille longue pipe en bois et inhale tranquillement. La semaine a été plutôt emmerdante, quasi désolante. Je décontracte, griffonne deux trois trucs à la chambranlante lueur stellaire. Puis l’air se rafraichit soudainement, je décide que c’en est assez, je retourne dans mon doux foyer.

Ce faisant, je dois prendre une petite portion d’autoroute. Il fait noir, mes capacités cognitives n’atteignent pas leur sommet, je joue avec mon lecteur cd à la recherche de la chanson parfaite pour le moment. Et tout à coup…

Un christ d’orignal obstrue la voie. Un sale mastodonte, de quoi nourrir une famille d’Inuits chasseurs héroïnomanes (pléonasme?) pendant un mois. Avec l’agilité d’un fauve, je donne un coup de volant monstre, ma suspension s’écrase, mes pneus crissent, je me chie sur le torse. Sans trop saisir ce qui se passe, je survis.

J’ai le cœur qui bat la chamade, j’ai des sueurs froides, sérieusement, je capote. Je roule désormais à 70, je sers mon volant comme un forcené, je sens mon pouls jusque dans mes mollets. Le reste du trajet me parait surréaliste, j’ai toujours la même scène qui tourne dans ma tête : moi qui évite une mort assurée.

Tout ça me laisse songeur. La vie est fragile, elle peut se terminer vraiment abruptement à tout moment. J’aurais pu être en train de regarder mon lecteur cd, être à me gratter l’entrejambe, n’importe quoi et bang, ça y était.

Je ne peux m’empêcher de croire que ce n’est pas un signe. Je ne sais pas si c’est parce que je suis trop fini mais j’ai l’impression qu’il y a là un message comme quoi j’ai une mission, un but, une raison d’être. À toute fin pratique, je devrais être mort à l’heure actuelle, mais voilà, il n’en est rien. Ciboire, il doit y avoir une raison. Je suis troublé, choqué.

Les couteaux chauffent depuis un moment, je vais aller me faire des tacts, j’y verrai peut-être un peu plus clair ou qui sait, peut-être trouverai-je enfin le sommeil. Sinon, je continuerai à me crosser et peut-être avoir une épiphanie.

Jouvence

•avril 24, 2009 • 6 commentaires

Je n’aime pas particulièrement ma job. Malgré tout, je me considère chanceux. J’ai vécu des moments de famine et de misère, maintenant que je peux mettre de la bouffe régulièrement sur ma table et payer mon loyer sans ennui, je savoure. Et puis, de travailler dans une épicerie, ça me permet de côtoyer toute sorte de phénomènes. Ça me fascine en tabernacle.

J’aime bien Ritch. En fait, c’est Richard, mais vous savez, Ritch, ça fait ben plus trendy. Ritch est dans la quarantaine avancée. Si je me souviens bien, il a deux enfants, divorcé, la bedaine bien développée. Ritch est drole mais sans vraiment le vouloir, c’est ce genre de mec.

C’est qu’il a peur de vieillir, voyez-vous. Peur d’être dépassé, peur de devenir encore plus moche qu’il ne l’est déjà (est-ce seulement possible?), peur de bander mou, peur d’être jugé comme périmé. Peur de mourir aussi peut-être, un peu. Alors voilà, il fait vraiment tout pour pallier à la fatalité.

Ritch n’est définitivement pas svelte. Et pourtant, cela ne l’empêche pas de porter des culottes vraiment trop serrées, n’ayant pas peur d’arborer le toujours sexy bourlet dorsal, une espèce de dune de lipides pré-ceinture des plus chics. Ritchie Boy ne croit jamais bon de boutonner plus des deux tiers des boutons de sa chemise, chemise très souvent dans le fluo ou dans le dragon. C’est ainsi que son torse, autrefois aux poils grisonnants, aujourd’hui rasé s’en retrouve exhibé à la vue des dames et des enfants. Top notch.

Toujours à l’affût des nouvelles modes dans le monde de la pilosité faciale, notre homme arbore toujours les coupes de barbichettes les plus extravagantes qui soient, allant des favoris en éclair (oui oui) au gras pinch.

Une fois, il est resté au comptoir durant près d’une heure pour me parler de son premier cheveu gris, de l’angoisse puérile qu’il ressentait. Le lendemain, il arrivait tout fier, les cheveux bleachés. Un grand champion.

À chaque début d’année et à chaque fois que l’été se fait proche, Richard s’abonne dans un gym. Il se motive, se dit que les « petites poulettes » seront bien plus attirées par des rides semi fermes que de la peau bien flasque. Puis après deux semaines, inévitablement, il abandonne, se disant que déjà, il a l’air bien jeune.

Le séducteur a un aileron sur sa voiture. « Ça fait jeune ». Il s’est fait poser un énorme sob, question d’être sur que la terre entière entende bien le Rihanna qui joue dans son char. Parce que quand t’écoutes de la musique de l’ère, t’es dans le vent en sacrement.

Aujourd’hui, il est pénétré dans le magasin avec un air de vainqueur, il jubilait en se dirigeant en ma direction. En date d’aujourd’hui, fucking Ritch a les oreilles percées.

Évoquer l’Emmanuel

•avril 23, 2009 • 4 commentaires

J’ai reçu un email aujourd’hui. Une mégère quelconque qui se plaignait du langage supposément grossier que j’utilise. J’évoque trop souvent Jésus ledit Messie au goût de la petite dame. Je suis quand même fessé que l’on puisse croire son opinion d’une quelconque importance en la matière.

Toujours est-il que je ne prévois pas de modification à ce niveau. J’écris ce que je pense, de la manière que ça sort. Donc, caliss, mange de la marde vieille frustrée.

Cependant, doté d’une grandeur d’âme sans borne tel que je le suis, je ferai un effort au niveau de l’orthographe. Ainsi, caliss deviendra calice, osti deviendra ostie, tabarnac tabernacle et criss, christ. On ne pourra pas dire que je ne fais pas d’effort pour satisfaire les vieilles peaux. Cependant, je ne me commets pas dans la folie de promettre que cela durera.

Ondes fongiques

•avril 22, 2009 • 4 commentaires

Je me suis fait une petite crème de champignon en début de soirée, comme collation. S’il mouillassait à l’extérieur, il faisait soleil dans mon appartement alors que je faisais jouer en boucle du Gentle Giant. Un peu (beaucoup) de beurre, de la farine, de l’eau et du lait. L’air se remplit lentement de divers arômes, mon Dieu que j’aime la bouffe. J’ajoute du bouillon et de l’oignon pour finalement intégrer un savant mix de champignons achetés à l’épicerie après mon chiffre de job et ramassés au passage chez Mush. Là tu parles.

Je mange donc ma crème enhancée en scrutant la rue du haut de ma fenêtre pendant que John Weathers martèle ses peaux comme un déchainé. Puis je m’effoire sur mon sofa, repu comme le sexe d’une fille après ma présence. J’attends les effets en regardant mollement mon téléviseur.

Lentement ça embarque, j’ai l’impression que ça va être un bon voyage. Je me sens d’humeur festive et le temps semble se suspendre. Je tamise un peu l’éclairage qui devenait agaçant et je prends de grandes bouffées d’air, détendu, je suis quasi léthargique. Et là, je suis en plein dedans.

Ce que j’aime particulièrement, c’est la multiplicité des pensées, de sentir mon esprit qui enchaine les réflexions à un rythme effréné. Sauf que là, je me mets à songer aux ondes. Vous savez, les micro-ondes, les ondes radios, les ondes de routeur wireless (dont celui de quelqu’un dans le bloc de qui je vole ma connexion), les ondes de satellites, etc.

Et je pense à tout ça qui traverse mon corps. Et je capote. Un peu, mettons.

Je sors mon portable et me met à scruter le web, je lis une tonne de forums. Mon attention va et vient, je sens que je gaspille mon trip, ça me fait semi chier.

Alors voilà, je suis actuellement tout calme, semblerait que ça ne soit pas si pire toutes ces ondes. Mais il y a des gros débats sur les ondes des cellulaires, oh si vous saviez. Je m’en vais me coucher, bredouille d’une soirée gaspillée.

Lire de la marde

•avril 21, 2009 • 12 commentaires

J’aime lire. Que ce soit de la poésie, des romans, des biographies ou, depuis tout récemment, des blogues, je trouve vraiment que l’écriture est le plus bel art. Parfois directe, d’autres fois plus suave, elle exprime assurément un message, une émotion, généralité que je ne me permettrais pas sur aucune autre forme d’art.

Lire est cependant devenu louche. On croit la lecture l’apanage des geeks et des pseudos intellectuels tous vides, mais j’ose croire que c’est accessible à tous. Pourtant, dans mon entourage, j’ai pas mal l’impression d’être exception plutôt que règle.

À chaque fois que je dis que j’aime lire, les réactions sont douteuses. Les gens de mon âge me regardent comme un déficient ou bien commencent à me parler d’Harry Potter. Les matantes évoquent en frétillant l’Alchimiste (douleur) ou n’importe quel livre de Marie Laberge. Les messieurs qui se croient trendy me font un clin d’œil et parlant de Stephen King.

Personne pour parler de Huxley, Vonnegut, Wallace, Golding ou Palhaniuk. Ça me met en beau tabarnac.

Mélan-colique

•avril 20, 2009 • 4 commentaires

Je suis allé prendre une bière tout à l’heure, l’appartement me semblait affreusement vide et mon lit repoussant. À la télévision, Guy A. Lepage épandait sa voix nasillarde à grands coups de deniers publics, assez pour me donner la nausée. Je me suis donc dirigé vers le pub crasseux du quartier. Chemin faisant, je me suis fumé un petit pétard, question de me mettre dans le mood.

Arrivé sur place, je spot la table la plus discrète, à l’ombre des slots machines et tout prêt d’un haut-parleur, question d’être sur d’entendre le Kevin Parent pis l’Éric Lapointe ben comme il faut tabarnac. Sur les lieux, cinq ou six personnes au mieux, dont la barmaid quinquagénaire qui exhibe sans vergogne sa poitrine qui a définitivement connu des jours plus ensoleillés.

Je commande deux grosses bières question de maximiser mes contacts que je veux minimaux avec la serveuse aux monts déchus. Je sirote lentement en tentant de relaxer et de faire abstraction des grognements d’un puant qui semble en voie de perdre sa dernière paie sur les vidéos pokers.

Tout à coup, j’entends mon nom prononcé avec incertitude. Maudissant mes réflexes, je me retourne pour voir qui m’interpelle. Un ancien teammate de travail de français au secondaire. Un one work scolaire de jadis, une personne sans importance, je demeure tranquille.

Mais lui s’excite, vient me serrer la main avec vigueur et affiche une exubérance que je devine toute chimique. Il prend la liberté de s’asseoir à ma table le calice. J’ai toujours été mal à l’aise, pour ne pas dire dégouté, par les gens qui s’inventent de fausses amitiés oubliées l’instant d’une solitude. À l’entendre parler, on a été à la guerre ensemble, on s’est crossé dans le même sous-sol en regardant Véronique Cloutier animer la Fureur, on a vaincu vents et marées en formant un duo d’enfer.

Or je me fiche éperdument de cette loque. Je lui réponds minimalement, tentant d’écourter le tout, mais il est lancé. Il me parle du bon vieux temps. Et ça, ça me fait vraiment chier.

Parce qu’à 23 ans, être nostalgique, ça relève de l’hérésie pure. Comme si à notre âge nous avions vraiment vécu, comme si nos meilleurs moments étaient passés. Aussi misérable que mon existence me semble parfois être, je suis malgré tout conscient de ça. Il me semble que ça prend un sale mongole pour se lamenter ainsi et se complaire dans une mélancolie de peccadilles. De la crisse de marde. À la job aussi ça pullule ce genre de comportement. Ça ressasse toujours les mêmes sept huit anecdotes d’adolescence. Revenez en ciboire.

Toujours est-il que j’ai fini mes 2 grosses aussi vite que je venais à cette soi-disant dorée époque et je m’en suis retourné chez moi, un peu amer de ma soirée. Heureusement, j’ai trouvé ça pour me divertir (Pas au boulot cependant, gare à tous). Et je me décrisse la ratte.

Victoire

•avril 19, 2009 • 4 commentaires

J’ai entendu tout à l’heure à la radio que le Canadien de Montréal était dans l’eau chaude. Mon Dieu que je savoure la chose. Je n’aime pas particulièrement le sport et le hockey me semble un des plus insipides. Parfois, j’ai de la difficulté à cerner la différence entre ça ou un sport bidon comme le Rollerball.

En tant que boucher, j’ai malencontreusement beaucoup de contact avec le public. Je suis l’équivalent masculin de la coiffeuse pour les bonnes femmes. Pendant que je tranche leurs viandes froides, les clients me parlent de température, de leurs enfants et familles, mais surtout, surtout de hockey. Or je pourrais difficilement plus m’en calisser.

On me parle de compositions de trios, de performances de gardiens, de scandales hors glace dans des solos verbaux de platitudes. Au pire, j’acquiesce en ne feignant même pas l’intérêt. Au mieux, je répète le ramassis de marde que le client précédent a déversé sur ma pauvre personne. À la longue, c’est presque aussi irritant qu’une fille aux incisives entreprenantes qui suce comme un râteau. Mettons.

Je m’explique mal qu’un peuple puisse autant s’identifier à un club sportif. J’ai toujours les oreilles qui bourdonnent quand quelqu’un parle des joueurs avec le « on » inclusif.

On a perdu hier esti.

Et bien il semblerait qu’on se dirige vers le golf et je pourrais difficilement m’en porter mieux.

Insomnie

•avril 18, 2009 • 3 commentaires

Je dors très peu. Au mieux, cinq heures, habituellement trois ou quatre. Fort probable que les bonnes doses d’amphétamines que je consomme y soient pour quelque chose, mais j’ai toujours peu dormi.

Tout jeune, même si ma mère m’envoyait au lit, je restais éveillé, à scruter le plafond. Bien souvent, je me levais pour regarder subtilement Letterman à travers l’embrasure de ma porte. J’étais accroupi dans mon pyjama, les yeux grands ouverts et j’écoutais, sans trop comprendre cette langue qui m’était inconnue. Le rire clair de ma mère suffisait à me rendre heureux. Je me faisais discret, mais voilà, elle le savait bien que j’étais là. Elle ne disait mot, c’était notre secret, en quelque sorte.

Aujourd’hui encore je veille tard. Je n’écoute plus Letterman mais la nuit a toujours ce côté apaisant qu’elle avait autrefois, le calme est perceptible, les bruits ambiants bien moindres. Le bloc appartement sommeille tandis que le son de mes doigts pianotant sur mon clavier scinde l’air.

C’est une fois la nuit venue que mes pensées sont les plus claires, que tout m’apparait bien plus limpide. Je peux réellement m’arrêter et songer à ce monde qui me semble parfois si complexe.

Tout est silencieux et parfois, je me prends à espérer qu’au loin retentisse un rire clair.

Lendemains

•avril 16, 2009 • Laissez un commentaire

2 jours et rien. Salutations de routine, un peu plus froide certes, mais pas une attitude différente de la part de mon boss, aucune remarque. Si j’appréhendais une colère quelconque, un mépris certain, une prise de bec minimale, rien de cela ne c’est produit. Honnêtement, j’aurais aimé au moins un petit quelque chose. Parce que là, la constatation est sans équivoque : mon boss est un calice de mou.

Ô bien sur que tout cela ne le perturbe peut-être pas outre mesure. Après tout, tout laisse croire qu’il a bien dû assister à d’autres frasques de sa fille qui semble des plus accommodantes, mais quand même. Je suis toujours dérouté par la mollesse des gens, leur résilience à outrance.

Mon boss est un petit. Il regarde le plancher quand il marche, salue du bout des lèvres les clients, fuit les problématiques comme on fuit les grosses saoules sur un dancefloor. Mais là vraiment, ça m’a sauté aux yeux, il est un minus. C’est con à dire mais ça me met bien plus en tabarnac que s’il m’avait peté une coche. Honnêtement, je travaille pour un loser.

Sugar Shack Tabarnac

•avril 14, 2009 • 4 commentaires

En fin de semaine, c’était le party annuel cabane à sucre de la job. Si jusqu’à présent j’avais toujours boudé cette réunion aux allures puériles, le fait qu’elle coïncidait cette année avec la longue fin de semaine pascale où ma solitude me pèse parfois, je me suis dis que ça pourrait être bien de tenter de me divertir au moins avec ça.

C’est ainsi que je me suis retrouvé à bord d’un autobus jaune avec mes collègues après une journée de travail en direction d’une cabane à sucre quelconque. Il fait relativement beau, le boss fournit le repas et l’alcool, criss, j’ai presque l’impression que je pourrais avoir du fun.

Arrivés là, nous sommes accueillis par de l’ostie d’accordéon, un joueux de cuillère hyperactif pis une violoneuse plus vieille que le doux métier de pute. J’ai toujours eu du mal à cerner qui aimait vraiment ce genre de musique rustique que l’on dit d’occasion. Messemble que des beans sous du King Crimson, ça serait bien meilleur.

La bière, le vin et le fort coulent à flot. Le mélange entre alcool et sucre me rend ballonné et je suis un peu somnolent. Faut dire que les conversations superficielles m’assoupissent. Au moins, je me divertis en allant dire à la vieille peau qui frotte le violon que c’est la fête d’un certain Fabien L’amour aujourd’hui. Elle ne voit rien aller, l’annonce de vive voix, je rigole, je rigole.

Je mange de grasses victuailles aberramment noyées dans le sirop d’érable. Comme si un jambon rempli de tirailles devenait meilleur parce qu’on crissait de la sève dessus. À côté de moi, on rit en aspergeant sa tourtière et en sucrant sa bière, en se fourrant des cups de beurre dans la bouche, en se garrochant des oreilles de criss. Moi, j’ai les mains collantes et je fixe une bombe qu’on me dit être la fille du boss. Semblerait qu’elle voulait venir faire son tour, pour mon plus grand plaisir dois-je dire.

C’est donc avec une semi-croquante bien assumée sous la table que j’ai passé tout le repas. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir hâte qu’on passe à la tire pour m’approcher d’elle, la sentir, la toucher. Une fois les tables vidées, je m’approche d’elle, on entame la discussion. Je l’invite à fumer deux trois joints, elle accepte. Aye Aye Aye, es muy picante.

On tire donc quelques puffs près de l’écurie. La chaude haleine des chevaux me permet de garder un peu de chaleur au niveau du cerveau, l’entièreté de mon sang s’étant depuis longtemps dirigée vers mon excroissance dont je peine à masquer l’érection. Elle a de superbes cheveux noirs, des yeux verts, un regard coquin, des pommettes saillantes ultimement craquantes, des lèvres à faire rêver, des seins à s’en déchirer les paumes, des fesses à s’en fouler la graine. La vibe est bonne, je la sens cochonne, je me fais aventurier.

Pendant que les colons de la job se renversent du vin dessus en dansant sur du rigodon à marde, que des chemises carottées se souillent de tire et que des langoureux frenchs sur-salivés entre matantes et vieux garçons se distribuent, je cruise big time. Petit à petit, mes approches se font ciblées et elles reçoivent des réponses plus qu’invitantes.

On se ramasse finalement avec empressement à la toilette. Sitôt la porte fermée, elle s’agenouille et défait ma braguette avec une agilité fauve. Son regard électrisant fait des va-et-vient rapides entre la bosse qui déforme mes caleçons et mon visage ahuri. Le sourire pervers qui se dessine sur son visage m’excite au plus haut point.

Une fois ma verge finalement libérée de son carcan textile de plus en plus contraignant, elle a tôt fait de l’asperger de sa salive et de l’engloutir avec un appétit des plus voraces. Je ferme les yeux, concentrant toutes mes énergies à focusser sur la sensation de l’épiderme de ma bite contre sa bouche pulpeuse. Puis tout à coup, parmi le subtil bruit de succion qui emplissait la pièce, j’entends le cliquetis de la porte. Dans l’excitation du moment, j’avais oublié de barrer derrière moi.

Je me retourne et je vois la face de mon boss dans l’embrasure. Il est reparti aussitôt, je n’ai pas croisé son regard du reste de la soirée, hâte de voir ce que ça va faire demain lorsque je vais rentrer à la job.

Contrôle

•avril 9, 2009 • 2 commentaires

La dépression étant la conséquence logique à la rationalité, la vraie, je tente de trouver refuge dans une approche extrêmement ludique de la vie. Afin de faire abstraction de l’insignifiance incommensurable de ma vie, d’oublier la futilité de ma personne, j’essaie de toujours m’amuser, constamment.

Au boulot, cela se traduit par des expériences perpétuelles. Je m’amuse aux dépens de mes collègues, je les teste, je me joue un peu de mon entourage. Je suis sur les speeds et je pense plus vite qu’éjacule un puceau. Je mesure les limites de la naïveté de chacun, je me fais aimer des matantes de 50 ans tout comme des gars de 18 ans qui placent les produits la fin de semaine.

En toute humilité, je suis de loin le plus intelligent de la place. Je suis un caméléon entouré de daltoniens, tout est facile. Je cerne ce que les gens veulent entendre avec facilité, je fournis ce qu’on désire, je refoule ce qui choque. Je suis multifacette, je suis un bad boy, je suis une tapette.

On se confie à moi, je lance subtilement des rumeurs pour lesquelles jamais je ne serai tenu responsable, j’observe l’interaction de mon milieu, je suis comme un empereur romain dans le plus minable des stades de gladiateurs.

Parfois, le tout n’est pas suffisant pour me divertir. J’enfile donc un peu plus d’amphet’ et me demande si ça serait bien de baiser une des filles de la boulangerie someday. Et la vie continue.

Hachées

•avril 8, 2009 • 5 commentaires

La première chose que t’apprends à faire dans une boucherie, c’est la viande hachée. C’est sans doute la chose la tâche la plus désagréable, c’est pour ça que les bouchers sont si pressés à déléguer.

C’est la première chose que tu fais dans ta journée. Encore somnolent, tu pénètres dans le coal à viande où sont séparées les différentes qualités et sortes de viandes dans différents bacs. Au mieux, il fait 4 degrés.

La viande est glaciale, il faut la prendre à pleine main pour l’envoyer dans le grand hachoir. On fait le bœuf, puis le veau. On lave le moulin à viande puis on fait le porc. Rendues là, tes mains sont aussi gelées que John Lennon pour son bed-in.

Je peinais à faire une batch de stock haché ce matin lorsque je m’égarai à penser aux filles, leur qualité. Selon moi, il y a plusieurs liens possibles à faire entre la viande hachée et les filles.

Dans la viande, il y a la régulière, la mi-maigre, la maigre et l’extra-maigre. Mais au-delà du gras, il y a plus.

La fille régulière, c’est le dernier recours. C’est pour les paumés, les mals pris, les affamés. La viande régulière, c’est celle de subsistance, la solution de base à la famine. C’est le gras à outrance, à en perdre sa saveur. Comme la viande hachée régulière, lorsque tu reçois en visite, tu n’es pas trop fière de montrer que c’est ce que tu consommes. T’essaies toujours d’upgrader pour montrer aux autres que tu as réussi. Avec la fille régulière viennent souvent un constat d’échec et un chèque le premier du mois.

La mi-maigre, c’est l’en attendant. La fille mi-maigre comble un trou en sachant fort bien que 50% des gens lui sont supérieurs. Habituellement, elle se veut un passage. Souvent solution de rechange estivale, un peu comme la viande mi-maigre l’est pour le BBQ. Le mieux que l’on puisse lui souhaiter, c’est un gars de son calibre pour qu’elle puisse vivre vieille, heureuse et qu’elle aille beaucoup de lipides.

La maigre, c’est sans doute la meilleure qualité que la plupart des gens puissent espérer. Parfois, tu réussis à avoir un spécial dans un bar, tu paies moins cher de la livre de sein. La maigre, c’est la savoureuse, qui allie les courbes et la fermeté. Elle se marie bien à toutes les situations, t’es joyeux de l’avoir.

L’extra-maigre, c’est vraiment la crème de la crème, le beurre pis l’argent du beurre, et plein d’autres allusions aux produits laitiers pouvant impliquer des estis de mamelles. La fille extra-maigre, elle n’a que très peu de gras situé à des endroits stratégiques. Le seul défaut, c’est que parfois, elle est sèche, sans trop de saveur. Aseptisée. La perfection n’existe pas.

Allez maintenant, catégorisez votre entourage.

Celle d’en haut

•avril 7, 2009 • Laissez un commentaire

J’habite dans un bloc appartement et je connais peu mes voisins. Pour moi, ils revêtent autant d’importance que n’importe quel quidam que je viens à croiser dans la rue. Nous vivons des vies parallèles sans communication mutuelle et je m’en porte fort bien. À vrai dire, les seules personnes que je côtoie en lien avec mon logement, c’est mon propriétaire et ma voisine d’en haut.

Ma voisine d’en haut, c’est Caroline, 25 ans. Elle est monoparentale, résultat d’une relation houleuse avec un crasseux qui avait près du double de son âge lorsqu’à 17 ans elle tomba enceinte. Le mec, une fois son pinceau bien imbibé de sa naïveté, s’en est allé pour ne plus jamais être revu, laissant la gamine qu’elle était alors seule avec un petit garçon à venir.

Le reste frise le cliché. Sa famille, outrée, la délaisse. Prise au dépourvu, elle décide de conserver l’enfant, la seule chose qui lui reste au monde. Elle survit de peine et de misère, élève son enfant dans des circonstances misérables. Elle travaille au resto du coin, accumule les pourboires du mieux qu’elle peut pour payer des lunettes et des soins dentaires à son bambin.

Lorsqu’on la voit, on devine qu’elle fut jolie autrefois. Ses yeux sont d’un bleu à s’y noyer, son sourire conserve un éclat malheureusement terni par les âges. Sa poitrine, bien que voluptueuse, a été décalissée à grands coups de bite. Ses hanches qui furent assurément objet de fantasmes sexuels à une époque font bien plus figure de mythe pour cannibale aujourd’hui. La regarder, c’est un peu comme contempler une superbe statue érodée par les affres du temps.

L’histoire de Caroline a quelque chose de triste. On serait porté à être attendri si elle n’était pas une tabarnac de conne.

Depuis qu’elle a emménagé en haut, elle semble enchaîner les conquêtes douteuses. Les abrutis de première, les violents, les alcoolos, les salopards. Combien de fois me suis-je fait réveiller alors qu’elle criait hystériquement à l’endroit du mongole qu’elle avait ramené le soir même?

Caroline, c’est la fille qui achète le 7 jours, celle qui achète son 6/49 hebdomadaire, persuadée qu’elle est due. Elle fume comme une cheminée, accumule les caisses de 28 de Laurentides sur son perron des plus crasseux.

Le soir, quand tout est un peu trop silencieux, je peux l’entendre rire de son rire nasillard. Elle écoute probablement des reprises de l’heure JMP ou n’importe quoi écrit par Stéphane Laporte.

À Noël, elle invite toujours deux ou trois de ses amies. Des grosses torches m’est d’humble avis. Elles s’achètent du vin d’épicerie, se font cuire des petites bouchées McCain et se gargarisent d’anecdotes soporifiques. Elles crient, se tapent sur leurs grasses cuisses et s’empiffrent jusqu’aux petits heures.

À la St-Jean, elle fête le fait d’être kebekwase, sans trop savoir ce que cela implique. Elles se saoulent pleinement, laissant son kid se promener dans le quartier sans supervision. C’est jour férié, yeah yeah.

Elle mène une vie de prostipute, constamment à la recherche du prince charmant à la bedaine de bière et à l’haleine fétide. Elle se complait dans sa médiocrité, ignorant même la profondeur de sa stupidité. Elle rêve d’eldorado aux télés HD payées à même la marge de crédit, aux perpétuelles brosses de jour de paie, au petit souper au resto le samedi soir, aux grandes tables de cuisine jonchées de cigarettes et de gratteux.

Mais au moins, elle a un rêve.

Branlette matinale

•avril 6, 2009 • 11 commentaires

Érection : Issue transitoire de l’hémodynamique de la verge qui déclenche sa tumescence puis sa rigidité, permettant à l’organe copulateur d’être érigé et de forcer l’ouverture d’un orifice naturel.

Un homme a une érection de 20 à 40 minutes, de trois à cinq fois par nuit. D’une à trois heures de pure bandaison afin d’oxygéner les tissus sanguins du pénis à l’aide d’afflux massif de globules rouges. Au petit matin, la testostérone est à son maximum et on se réveille en pleine phase de sommeil paradoxal (celle propice à la hausse du chapiteau). C’est d’ailleurs pourquoi les gens qui commettent la folie de se réveiller au son d’un réveil-matin n’ont souvent pas d’érection matinale. Gens sérieux, gens plates, pénis flat. De plus, la vessie souvent bondée compresse sur le nerf érecteur. Aussi athée que je puisse être, je me prends parfois à croire que quelqu’un en haut veut notre bien.

Parce qu’il faut le dire, la plus belle chose qui soit, c’est un coït matinal. De la petite rosée sur ma fleur phallique, n’est-ce pas poétique? À peine réveillé, je me vide avec une petite branlette, ça a quelque chose de salvateur. Et puis il y a aussi de ces jours où je suis aux prises avec une conasse qui colle, j’en profite au moins pour l’honorer avec virulence avant de lui demander avec une délicatesse variable de crisser son camp. Le sac vidé, mon petit déjeuner n’en est que plus goûteux.

C’est ainsi que souvent, sous le jet chaud de la douche, je me fais aller le poignet. Pas très bon pour l’Hydro, mais j’en ai besoin. Honnêtement, j’en suis fortement addict. Autrement, je suis tendu. Je pogne une séance de shafting à la job, je suis obligé de marcher les mains dans les poches de mon sarrau, courber un peu l’échine. Pas pratique. Parfois, ça prend même une petite branlette dans la salle de bain pour calmer les choses, toujours édifiant de s’essuyer avec du papier de toilette de la job. Beaucoup trop mince, malgré plusieurs couches j’ai toujours l’impression d’avoir les doigts remplis de semence. Après, je retourne travailler dans un état un peu second de béatitude savoureuse.

Pas de branlette matinale, c’est tout mon équilibre corporel qui est troublé. Qu’avez-vous fait ce matin? Moi, je suis venu deux fois.

Joie

•avril 5, 2009 • 3 commentaires

Je suis joyeux aujourd’hui. Après avoir fait un peu de jogging dans le quartier en après-midi, je suis revenu chez moi, j’ai mis ma compil’ d’Harry James dans mon stéréo et j’ai décidé de me faire cuire un filet de saumon. Même si la folle dans haut se plaint lorsque je me cuisine du poisson, elle peut bien manger de la marde.

Donc une belle livre de saumon, des haricots sautés, un peu de chou-fleur, un gâteau McCain pour dessert, je suis pas mal joyeux. Il me restait un demi-vinier de vin cheap, que demander de plus?

Alors, je suis là, un peu pompette, le ventre plein, Harry entame You Made Me Love You et je réalise que je suis heureux. Étrange constatation s’il en est une.

Mouvance

•mars 31, 2009 • Laissez un commentaire

J’avais le cœur léger aujourd’hui. Si l’air froid nous rappelait que l’hiver n’avait toujours pas dit son dernier mot, le soleil qui resplendissait par moment nous rappelait que quelque part, timidement tapi se trouvait bel et bien un printemps. J’avais eu quelques bonnes heures de sommeil, j’étais fringant et joyeux. L’avant-midi passa rapidement, tout allait comme sur des roulettes, on avait remonté notre comptoir en un rien de temps. Puis je suis allé diner.

À mon retour, l’ambiance a radicalement changé. Les filles de la boulangerie ont un visage macabre, Robert est étonnamment silencieux. Je saisis rapidement que quelque chose ne tourne pas rond, je m’enquiers donc de la situation. On m’apprend que monsieur Lalonde est mort. Au début, je pige que dalle. Puis, on m’en dit un peu plus et je comprends. Il s’agit d’un client régulier de l’épicerie, le genre à venir acheter son repas du jour vers 5-6 heures.

Il entrait dans le magasin, saluant de façon tonitruante les employés avec son sourire aux dents un peu jaunies par la cigarette. Il me parlait souvent, il m’appelait mon vieux, ce genre de truc. Il prenait souvent 2 livres de bologne tranchées hyper mince. Et pendant que je coupais, il me parlait. Me parlait de ses filles qui venaient trop rarement le voir, de son appartement trop petit et pourtant si vide, du hockey de dans le temps, de son chien, de la pluie. Il me disait que je lui faisais penser à son frère, il rigolait bien, faisait ainsi tressauter son trop gros ventre.

Il est mort d’un arrêt cardiaque. Il faisait son ménage, c’est sa voisine qui a trouvé le corps, elle trouvait ça louche que l’aspirateur fonctionne encore après plusieurs heures et une fois la nuit venue. Il s’en est allé, seul avec son chien, sans trop avertir, sans crier gare. Une vie qui se termine, une étoile qui s’éteint, un ciel toujours un peu plus sombre.

J’ai donc été songeur pour le reste de la journée. Je pensais à la fragilité de la vie, combien elle ne tient souvent qu’à très peu et que la laisser passer paisiblement sans la savourer, c’était en quelque sorte criminel. J’ai réfléchi à ma propre solitude, au fait que bien peu de gens pleureraient ma mort. Il y a là de quoi ranimer la vacillante flamme de l’urgence de vivre qu’on oublie trop souvent d’alimenter. La vie est si courte, c’est d’une insolence dégueulasse.

Puis quand je suis sorti après mon chiffre, le soleil avait disparu, j’avais le cœur un peu chamboulé, mais malgré tout, je respirais pleinement l’air frais. Je réalisais qu’il faisait bon vivre, que chaque seconde est un bien précieux à chérir. J’avais raison d’être heureux après tout, 2 livres de bologne hyper mince, c’est long à trancher en tabarnac et ça fatigue le bras.

Toux

•mars 30, 2009 • Laissez un commentaire

La journée avait été pénible samedi. Obligé de rentrer en après-midi, faire le lavage du département, all that kind of shit. Je me suis donc dit qu’un petit remontant était de mise. Or arrivé chez moi le soir, je réalise que je suis pas mal à sec sur tous les plans. Je me rends donc chez Mush où je trouve un appartement vide. Je suis baisé, dans mon univers, il a le monopole. Comme Hydro-Québec avec l’électricité, la SAQ pour le vin, Normand Brathwaite pour les shows de noirs.

Je retourne donc chez moi bredouille tel un sale lofteur enculé par des participants d’Occupation Double. J’dis ça d’même, j’ai erré sur la télé ce soir. Donc, j’étais là, un jeune samedi soir et moi sans trop savoir quoi faire. Je ne voulais pas uniquement boire, j’avais besoin de quelque de supplémentaire, un buzz supplémentaire. J’avais cependant écoulé mon weed, ne feelait pas pour les shrooms et n’avait pas d’amphet en stock.

Puis j’ai eu une illumination.

Il me restait une bouteille et demie de Robitussin extra-fort dans ma pharmacie, de quoi rendre l’ordinaire EPIC. J’ai donc accouru au dépanneur chinois du coin, acheté une douze de Moosehead et suis retourné chez moi en deux temps trois mouvements. Derrière moi, je barre la porte à double tour, autrement je finis toujours par badtripper et m’imaginer des milliers d’intrus.

Je vais pisser un sale coup puis m’installe dans la cuisine où j’ai disposé les diverses bouteilles. Le désavantage de faire son trip de dex avec du sirop plutôt que des pilules, c’est qu’il y a une bonne probabilité que ça tape sur le cœur en sacrament. Et si tu vomis, l’opération vient d’avorter. Il faut donc vraiment s’arranger intelligemment. Je me suis alors dit que j’allais absorber le tout en 20-30 minutes, entrecoupé de tête d’orignal. Tout a été comme un charme.

J’adore la période d’attente, d’incertitude, d’appréhension qu’il y a entre l’ingérence de certaines substances et l’effet qui s’en découle. Je savoure l’attente, je me concentre sur les battements de mon cœur et je patiente, comme un gamin qui attend que la vaisselle soit faite pour développer ses cadeaux de Noël et qui sait que son attente sera récompensée.

Et tout à coup, je commence à avoir la tête un peu plus légère. J’amène mes bières et je vais me coucher dans mon lit, le tout peut commencer. Je pars du King Crimson, je place mes oreillers optimalement, embarque mon portable sur mes genoux, booooya.

Rapidement, j’ai les paupières lourdes, je suis dans une allégresse bienfaisante et je me vautre comme un gras pacha. Je me sens fortement saoul, mais avec l’esprit parfaitement clair. Mes pensées défilent à vive allure, je suis grisé. J’ai une imagination folle, l’esprit en feu, je vis un bon moment. La dualité entre mon corps amorphe et mon esprit qui va à 100 à l’heure est excitante.

J’entre ensuite dans une phase à mi-chemin entre le sommeil et la transe. Je végète, je me masturbe mollement. La nuit avance à un rythme saccadé frôlant l’indécence. Mes pensées s’égarent, je me mets à réfléchir à la possibilité que la vie en tant que telle soit une illusion. Je songe à mes capacités cérébrales, aux chances qu’elles soient suffisamment élevées pour que je puisse imaginer ce monde, ma table de lit amoché, le bruit couinant de mes ressorts de sommelier, l’odeur légère de refermé. J’en viens à la conclusion que je ne serais pas apte à inventer autant de détails faisant appel à une aussi grande quantité de sens simultanément. Bonne chose de réglée.

Puis dehors le soleil se lève lentement. J’entends les premiers gazouillis des oiseaux, je suis toujours étendu sur mon lit. J’entre dans une phase plutôt déplaisante où j’ai la vague impression que ma mort est prochaine. C’est étrange. Je regarde toute sorte de vidéo, je tombe sur un qui me jette littéralement sur le cul, je bug out et je viens le mettre sur ce blog. La matinée est alors bien avancée.

Je décide de me lever, je me fais à manger, calmement, mes soucis de mort s’étant évaporés aussi vite qu’ils étaient apparus. J’ai passé la journée dans un état un peu second. Juste l’idée d’aller travailler demain me purge en sacrament. Au moins, Mush est revenu. J’ai pu me ramasser une shit load de pillule.

Did you know

•mars 29, 2009 • Un commentaire

I’m buggin’ out.

Cachette coquette

•mars 28, 2009 • 2 commentaires

Je vis seul dans mon appartement si ce n’est que quelques heures semaines où je laisse une fille pénétrer ma bulle afin de me dessaler le bologne. J’ai donc une assez forte intimité, rien à cacher. Parfois, lorsque je largue une caisse digne de mention, il n’est pas rare que je laisse l’étron vaquer dans ma toilette, juste pour rire, juste pour me remémorer que c’est le fruit de mon gros intestin. Je peux le faire, je vis seul. Je rigole.

Et malgré tout, je cache ma dope. C’est un paradoxe intéressant, je ne saurais trop l’expliquer. J’ai une vieille édition de L’Alchimiste de Paulo Coelho, j’ai coupé un rectangle à l’intérieur de toutes les pages, j’y mets mon weed. Dans la section cassette de ma vieille radio se trouvent mes shrooms. J’ai toujours une couple d’amphés dans un petit bag dans mon réservoir de toilette. Ma coke dans mon imprimante. Je me fais bien rire. Je me sens illégal, un vrai gamin.

Music

•mars 27, 2009 • Un commentaire

morrison

L’aspect le plus souvent négligé d’une bonne baise est sans doute la trame sonore. Oui l’orgasme simultanée est un plus, il en va de même pour la tightitude de l’orifice exploitée. Mais la musique, c’est elle qui magnifie le tout, l’emmène à un autre niveau. Or selon moi, personne n’a vraiment baisé, n’a jamais ressenti l’ultime coït sans l’avoir fait sous un peu de Doors.

La journée a été plutôt morose aujourd’hui. Pas de spéciaux exaltants cette semaine, pas trop de viandes froides à couper puisque la semaine achève, les stocks dans le fridge sont hauts, les heures s’égrainent plus lentement que Mush ne réfléchit.

Parce que, justement, la journée m’avait foutrement emmerdé, j’ai décidé de sortir, aller à la pèche pour voir si plantureux poisson viendrait à mordre à mes salaces lignes de cruise. Puisque le jeudi les vagins sont biens huilés sur Grande Allée, je savais d’avance que ce serait ma soirée.

Rapidement, j’aperçois une fille qui semble toute en ouverture de jambes et qui se démène sur le dancefloor, chacun de ses déhanchements criant avec un peu plus de vigueur sa solitude, son besoin d’une protubérance charnelle. Gentleman que je suis, comment pourrais-je refuser un appel aussi criant à l’aide, je vous le demande.

Sans trop tarder, dans l’ordre froid et logique des choses, on se retrouve chez moi afin d’éponger un peu de notre solitude mutuelle sur mon bruyant matelas. C’est là que la musique prend toute son importance, toute son essence.

Ce soir, ce fut l’album The Doors. Peu de choses accotent le sentiment de plaisir que celui d’entremêler ses effluves de sueur avec celle d’une inconnue, fusionner nos va-et-vient de bassin sous la voix du plus grand chanteur beatnik, Jim Morrison. Alors que Manzarek s’éclate sur son orgue et que Krieger trépide sur sa guitare sur Break on Through, la demoiselle ne manque pas d’avaler sans vergogne ma verge. Sur Twentieth Century Fox, je viens une première fois. Alabama Song est synonyme d’un remontant : 4 shots de tequila et c’est l’émoi.

Et puis ça repart.

Sur Back Door Man, je me suis risqué à la voie arrière, parce que l’ironie n’a pas de limite. S’est avérée que la fille en question était une aventurière. Sur I Looked at You, je risque un regard dans le vide sidéral de ses yeux. La chaleur de nos corps inhibe un peu celle de notre cœur. Le plus débridé des barytons dicte littéralement mes ébats. Puis sur Take It as It Comes, je viens une seconde fois, elle avale tout, je m’endors alors que The End débute dans la plus grande tension tandis que moi, je suis vidé. Elle quitte, j’écris ceci. Je me sens un peu puéril.

Demain matin, je me réveillerai une fois de plus seul dans mon lit, Dieu merci. Parce qu’au fond, mon antre, je l’aime silencieuse.

Bruns

•mars 26, 2009 • 2 commentaires

Selon Freud, l’enfant entre vers l’âge de deux ans dans une phase dite anale. L’anus devient alors zone érogène, la maitrise des sphincters se fait peu à peu. Le trou de cul, lien entre l’intérieur du corps et le monde extérieur, est soumis à la volonté de l’enfant qui s’aperçoit qu’il peut empêcher l’expulsion et en retire donc un plaisir de rétention découlant de l’application de sa volonté. Le soulagement lié à l’expulsion est lentement relié au plaisir par le bambin. Il n’est pas rare que les selles fascinent le jeune enfant.

L’enfant considérant la matière fécale comme intégrante de son corps, le fait de l’expulser dans le rituel établi qu’est celui de l’usage de la toilette est synonyme de troc pour le môme. Ce dernier aime le rejet fécal et à ce stade où la possessivité se forme peu à peu, la réalisation qu’offrir son boudin fécal se veut acte de pouvoir auprès des représentants parentaux est un grisant sentiment de pouvoir. Il contrôle le fait de réjouir ses parents en offrants ses saintes selles dans des lieux de convenances, ça lui plait. Puis lentement, la mère inculquera une notion de dégoût et de saleté liée à l’excrément et l’enfant refoulera dès lors tout plaisir lié au fait de déféquer.

Puis, lentement, il arrive que l’humain redécouvre à l’âge adulte le plaisir d’expulser. Le plaisir refoulé depuis l’âge de deux ans est parfois accepté et pleinement vécu. Il est à noter que chez l’homme, la paroi interne de l’anus entre en contact avec la prostate qui est zone érogène. Il est donc normal d’éprouver un plaisir sur le bol.

Moi, chier, j’aime ça en tabarnac. Lorsque je me retiens depuis plus d’une heure, il y a peu de choses pour égaler l’orgasme de laisser sortir un tendre brun. Souvent, le moment où je m’installe sur la toilette, bouquin en main, bière à portée, se veut un grand instant de détente, de sensations riches. On savoure trop peu la vie, ne l’ai-je pas déjà dit?

Qu’on me comprenne, je n’ai guère l’impression d’être scato. Ce n’est pas la matière en tant que telle qui m’inspire, seulement le moment où elle transite dans cette voie que sont les sphincters. Je fouille sur le net, je viens de lire qu’il n’est pas rare que des gens aient des érections lorsque vient le temps de faire un numéro deux. Je me couche en me sentant normal, n’est-ce pas là un des plus enivrants sentiments?

Masques

•mars 25, 2009 • 2 commentaires

Le pire sentiment, c’est sans doute celui de l’incertitude. Peu de choses à rationaliser, le doute, l’attente, les longueurs. Une des incertitudes les plus courantes, c’est celle de l’opinion que les autres ont de soi. On tergiverse à se demander comment l’on est perçu, ce que l’on projette, ce qu’on pense de nous, comment nous sommes jugés.

Or la façon la plus facile de se soustraire à cette incertitude, c’est de devenir un stéréotype ambulant. De s’épurer, s’aseptiser, se modifier afin de cadrer dans un moule préconçu et accepté collectivement. Ainsi, il devient facile de prédire ce qu’on pense de nous, on contrôle les perceptions, les réactions sont préétablies.

On sacrifie un peu plus de notre personnalité chaque jour, on se retranche un peu plus profondément, on devient de plus en plus le personnage que l’on se crée. On se polarise lentement, on s’entoure de gens qui ont décidé de devenir le même stéréotype que soi.

Notre entourage s’homogénéise, notre univers se rétrécit, notre monde est monotone. On s’encroute dans le confort de la non-peur, dans la facilité, celle de ne pas oser. Les échanges sociaux sont stériles, prédéterminés, banaux. Les mélanges sont devenus archaïques, le risque est désormais triste anachronisme.

La solitude nous guette, apeuré du jugement d’autrui, on s’isole, on s’atténue, on se veut cernable en quelques secondes. C’est moins complexe, ça évite d’avoir à réfléchir.

Le seul danger, c’est qu’on en vient à oublier soi-même qui on est.

Sombre

•mars 24, 2009 • 7 commentaires

Yossarian: Ok, let me see if I’ve got this straight. In order to be grounded, I’ve got to be crazy. And I must be crazy to keep flying. But if I ask to be grounded, that means I’m not crazy anymore, and I have to keep flying.
Dr. Daneeka: You got it, that’s Catch-22.
Yossarian: Whoo… That’s some catch, that Catch-22.
Dr. Daneeka: It’s the best there is.

Il y a deux écoles de pensée au niveau des joints. Alors que certains ont l’impression de gaspiller leur weed à un rythme démentiel, d’autres aiment le trip un peu plus relax, le côté casual du blunt.

Moi, je suis un fan.

Je suis allé m’acheter un quato chez Mush en début de soirée. Aussitôt revenu chez moi, j’ai sorti mon grinder, ma rouleuse, j’ai pris un vieux carton de cigarette dans ma poubelle et je me suis roulé un peu plus d’une vingtaine de superbes joints. De quoi avoir une semaine des plus appréciables. J’aime bien rouler, ça me détend. J’égraine, me place minutieusement dans ma rouleuse, j’insère le papier, je liche, et hop, œuvre d’art.

Puis je m’en suis allumé un, je me suis installé devant ma télévision pour végéter un brin. J’ai regardé Annie et ses hommes et j’ai bien ri. Ri devant le vide, la prétention, la médiocrité. À Rad-Can, c’était l’Auberge du chien noir. Échanger 4 étrons pour un tas de marde qu’ils disent?

Après tant de vide télévisuel et voyant qu’une émission traduite suivait (House), j’ai décidé d’aller marcher un peu dehors. S’il faisait grand soleil aujourd’hui, la soirée était quant à elle plutôt froide, l’absence de nuage ayant permis à toute chaleur de s’évaporer.

Je me suis donc allumé un autre spliff pour me réchauffer l’âme et le cœur. C’est que si l’air était glacial, l’ambiance l’était encore plus. Il me semble que la noirceur de la nuit magnifie la décrépitude de mon quartier, que la nuit embrase sa déchéance, enflamme son miteux.

Dans le parc du quartier, des gamins se réchauffent les mains tant bien que mal en fumant des cigarettes en rond, en se recroquevillant toujours un peu plus. Des chats rôdent un peu partout, des moteurs grondent au loin. Je suis déprimé. Dans mes oreilles, Dédé parle de la cassette vide de son répondeur.

Je songe au suicide, à la vie, son sens, ce qui m’y retient. Je mène une quête constante : la recherche de la motivation pour vivre un jour de plus. Parfois, respirer me semble lourd, ardu. Si ma vie est plutôt sans embuche, j’ai aussi l’impression qu’elle ne m’apporte rien de concret. Mes plaisirs sont physiques, éphémères. J’en suis dépendant, toujours dans l’attente d’une prochaine dose d’adrénaline.

Je suis enseveli par la monotonie, la linéarité est reine, quelle pétasse. La crasse est omniprésente, tout est à pleurer.

J’ai fait le tour du quartier 3 fois, puis me voilà, en train de fumer un autre bat et de constater mes échecs imminents. J’ai essayé d’appeler la fille de l’autre fois. Pas de réponse. Ce soir, j’ai l’impression que tout est noir, que je suis un fléau.

En espérant que demain sera un meilleur jour.

Putain

•mars 23, 2009 • 3 commentaires

J’ai eu une grosse fin de semaine. Mush a reçu un arrivage des plus savoureux. J’en ressors un peu plus pauvre, un peu plus embourbé. Ça faisait un bon bout que je n’avais pas fait de coke. Ça coute une crisse de beurrée. Ça faisait aussi longtemps que je ne m’étais pas payé une pute.

Le sexe est sans doute la plus belle des drogues. Le sentiment de la dopamine qui atteint des niveaux stratosphériques est enivrant au possible. Or voilà, le contact humain m’exaspère grandement par moment. Alors lorsque je n’ai pas la détermination ni même la motivation d’aller cueillir dans les bars, je me call une pute.

À mon sens, il existe trois sortes de putes.

Premièrement, il y a les putes qui ont besoin de l’argent, simplement. Elles ont un loyer à payer, des comptes à faire balancer. Habituellement, vous avez une connaissance en commun, vous habitez dans le même quartier, vous avez un lien quelconque. La pute à cash ne se trouve pas, elle vous trouve. Au fond, elle n’est qu’une pétasse avec un cover up.

Ensuite, il y a les dépendantes à la drogue. Toujours sur un high de crack ou d’héro, elles sont prêtes à baiser avec n’importe quoi pour subvenir à leurs besoins. Elles se tiennent dans les ruelles sombres, les bars un peu dégueulasses et elles travaillent dans de miteux hôtels. Évitez ce genre de fille, elles vous refileront des bibittes en plus d’être habituellement passive lors de la copulation.

Puis, il y a les « escortes ». Moins coûteuses qu’une blonde et souvent plus propre que la salope de service que vous ramassez dans tout bar, elles ont habituellement à cœur votre jouissance. Les deux clés du succès financier pour une escorte : un vagin propre propre et des couilles bien vides. Une escorte fait bien souvent un ou deux gars par jour, pour une heure. C’est vraiment le bon type de personne avec qui faire affaire.

Au mieux, vous tentez de trouver une escorte indépendante. Vous ne l’invitez pas chez vous pour la première fois, vous tentez d’avoir un bon contact au téléphone, essayez de cerner le pussy en question.

Beaucoup de filles ne ressemblent en rien à leur photo sur le net. Si elle ne vous plait pas, n’hésitez pas à quitter. Vous payez, aussi bien enfiler un orifice digne de mention.

J’essaie pas mal de suivre ces directives là. Jusqu’à présent, ça m’a bien servi, j’ai évité les gros pièges. Je me souviens de ma première prostituée. J’avais 19 ans, elle devait en avoir le double. J’étais aussi expérimenté que son hymen intact. Tout au plus, je me masturbais frénétiquement le soir. Je n’avais jamais eu de contact avec une fille. Elle m’avait sucer pour 15 piastres. J’avais mis sept minutes à bander, une à éjaculer. La voie était pavée pour l’amélioration.

Écoute

•mars 19, 2009 • 2 commentaires

Plus ça va, plus ça me semble criant. On se fout tous l’un de l’autre, l’humain est profondément égoïste dans sa nature. À part quelques anomalies d’une aberrance décalissante, on œuvre tous en ayant comme principal ou même seule préoccupation notre propre personne. Et je ne suis pas en train de décrier le phénomène, je le statue comme naturel, quasi inné.

Parce que soyons clair. Je me crisse bien du malheur des autres comme j’attends qu’ils n’aillent rien à foutre des miens. La vie apporte sa shitload d’inconvénients, chacun fait de son moins pire pour dealer avec ça.

Il n’y a pas de dialogue, que deux monologues parallèles, deux personnes qui acceptent inconsciemment de faire semblant d’écouter l’autre afin de s’acheter l’illusion d’être écouter en retour. Une espèce d’échange baignant dans une hypocrisie mutuellement consommée.

Écouter est devenu une forme d’investissement. Écouter les pires saloperies, les pires histoires de malheur d’une platitude aliénante, c’est un peu comme investir dans de la prospection minière. Probable que l’on perde tout, que l’interlocuteur en question l’échappe et qu’on ne le revoit plus. Probable aussi qu’on ait réussit à s’acheter de l’écoute en retour pour des semaines à venir. D’un autre côté, écouter les platitudes quotidiennes, les anecdotes anodines, c’est l’équivalent de placements surs. C’est investir beaucoup de temps pour un retour minimal mais certain. Il faut choisir ce qu’on veut.

Rien n’est gratuit. Je t’écoute parler des problèmes scolaires de ta fille, tu me laisses te parler de mon muffler qui est à changer. Nous n’en avons rien à battre. On meuble le silence, comme si la vie devenait moins vide lorsqu’elle n’était pas silencieuse. Parce que se rappeler qu’il n’y a pas que notre vie qui soit sans sens, ça a quelque chose de profondément réconfortant.

Robert

•mars 18, 2009 • Un commentaire

Je travaille avec Robert depuis plus de 3 ans. Robert est drôle. Vraiment.

Robert est dans la mi-trentaine, il a deux enfants, une femme, une boite de kleenex aux abords de son lit. Il met ses chemises carottées dans ses jeans trop serrés. Il a une coupe de cheveux un peu gonflé, des cheveux qui empruntent de plus en plus au gris, des lunettes toujours propres, une barbe toujours pile poil.

Robert est une machine.

Tous les matins, à exactement 7h45, il franchit la porte arrière de l’épicerie. Il enfile son sarrau. Le lundi, celui avec une déchirure de la poche droite, le mardi celui avec un collet trop serré, le mercredi, celui avec son nom, and so it goes. Toujours, il commence par les viandes hachées, le bœuf mi-maigre, le maigre puis l’extra-maigre. Puis le porc. Puis le veau. Ensuite c’est les spéciaux de la semaine. Puis le bœuf. Puis le porc. Puis le veau. Puis le poulet. Toujours.

À 9h30, c’est l’heure de sa pause. À 9h47 il est de retour, sans faute. À midi, il s’en va manger. Chaque jour, un sandwich au jambon, un V8, un mille-feuilles. Puis à midi trente il est de retour. Il va jaser exactement 10 minutes avec les filles de la boulangerie. Puis il revient pour son rituel d’après-midi, toujours le même ordre, toujours la même quantité. Robert termine sa journée de travail à 16h30. En moins de 2 minutes, il est dans sa voiture pour retourner chez lui. Il arrivera chez lui vers 16h44 après avoir croisé les 4 lumières et 6 stops qui parsèment le chemin qu’il emprunte tous les jours.

À 17h30, il passera à table et mangera ce que sa femme a préparé selon l’ordre préétabli des repas selon la journée du mois. À 18h30 il écoutera Sports 30, de 19h00 à 19h30 il dormira puis écoutera le match du Canadiens du jour ou ce qu’il y a à TVA. Puis vers 22h00 il ira se coucher, se masturbera pendant que sa femme brosse son dentier dans la salle de bain adjacente puis il s’endormira. Puis il se réveillera.

Robert est une machine.

Séduction

•mars 17, 2009 • 3 commentaires

Vers 2 heures cet après-midi, une belle fille est entrée dans l’épicerie. C’est un fait plutôt rare, notre clientèle habituelle étant plutôt constituée de pouilleux et de paumés. Robert, mon collègue, est venu me chercher dans le coal à viande, excité comme un prépubère émoustillé. Ça m’a fait bien rire, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’aller jeter un coup d’œil à la fille en question.

En effet, elle était plus que jolie. Une chevelure d’un noir plus dense que celui de la nuit, des jambes à faire rêver, le genre de fille à vous mettre en malencontreuse érection sur la job.

Je me devais donc d’entrer en mode séduction. J’ai toujours trouvé fascinante l’articulation autour du charme, de la tentative d’attraction. Moi, j’ai une approche assez pragmatique. La séduction, c’est dire aux belles filles qu’elles sont intelligentes et dire aux intelligentes qu’elles sont belles.

L’erreur la plus couramment faite, c’est de croire que la séduction réside dans le fait de vanter, de vendre sa propre personne. La plupart des filles n’en ont rien à foutre. Ce qu’elles veulent, c’est se sentir spécial, grandiose, d’exception. Bien évidemment, séduire c’est mentir, vous l’aurez deviné.

J’ai toujours eu un relatif succès. Toujours eu un orifice pour me vider aux moments clés. C’est pas mal ce qui compte au final. Les mots suaves aux bons moments, d’opportuns shooters comme catalyseur. Je n’ai pas une gueule particulièrement flatteuse, qu’une confiance à tout casser, celle de l’insouciance. Plus vous vous en crissez et plus vous réussissez à avoir l’air intéressé, plus vous fourrerez.

J’ai donc approché la fille, un compliment bien dosé, un soupçon d’humour, boom, un numéro de téléphone. Une autre solution de backup disponible.

Innocence

•mars 16, 2009 • Un commentaire

La journée d’aujourd’hui me semblait parfaite pour de la Moosehead. Moosehead Day, yeah yeah. Je me suis levé tôt, étonnement frais et dispo et après un petit jogging, je suis arrêté au dépanneur du coin pour acheter un peu de cette douce Moosehead qui constituerait le breuvage d’usage pour la journée. En ouaille l’élixir des Oland.

Si j’aime bien la tête d’orignal, son format de vente lui m’exaspère grassement. À ma connaissance, il ne se trouve que des putains de caisse de 12. Comme si quelqu’un pouvait réellement se contenter d’une seule douzaine de bières. La bière, c’est comme les chips, si tu ne veux pas t’en claquer une criss de batch, aussi bien pas commencer.

J’ai trois fenêtres dans mon appartement. Deux donnent sur l’artère principale du quartier tandis que l’autre offre une vue sur une petite ruelle perpendiculaire. J’aime bien m’accoter à cette troisième fenêtre, il y a un calorifère juste en dessous, je me réchauffe le corps des vapes torrides qui s’en échappent tout en me réchauffant l’esprit. Aujourd’hui, c’est à coup de Moosehead que ça se passe.

Si j’ai déjà vu un gars se faire astiquer la graine, des deals suspects se conclurent, une ou deux bagarres, c’est un petit garçon qui attire aujourd’hui mon attention dans cette ruelle. Depuis déjà 20 minutes, il lance une balle de tennis sur un mur et s’efforce de la rattraper avec un gant de baseball.

Je ne peux pas regarder un gamin comme ça sans tomber dans la nostalgie. Sans me rappeler comment c’était lorsque, comme lui, je passais des après-midi à jouer, seul, m’immersant toujours un peu plus dans un univers dont je suis peut-être aujourd’hui un peu prisonnier.

Tout jeune, je n’ai jamais eu beaucoup d’ami. Non pas que j’étais laid, idiot, roux, malhabile ou toutes ces conneries qui font que les enfants, ces cruels qui s’ignorent, vous rejettent. Je n’avais juste pas d’intérêt pour les autres. À 7 ans, les jeunes sont ignares. Enfin, au moins autant sinon plus qu’ils ne le seront plus tard. Alors, je les ignorais, je n’avais pas la conscience suffisante pour en ressentir une quelconque culpabilité. Remarquez que ça n’a presque pas changé, ou si peu.

J’étais donc solitaire. J’avais cette petite balle bleue de racquetball, elle rebondissait plus que toute autre. Je l’avais toujours dans ma poche. Lorsque je marchais pour aller à l’école, je la faisais rebondir sur le sol puis je la rattrapais. J’adorais le son du caoutchouc qui rebondissait sur l’asphalte. Poc, Poc. Je lui avais même donné un nom à ma balle. Je l’appelais Sim. Son vrai nom c’était Simon, mais un surnom, c’est tellement plus cool. J’étais ce petit garçon avec sa balle et son imaginaire.

J’avais les cheveux longs, je collectionnais les O-Pee-Chee, je ne m’intéressais pas aux filles. J’avais des espadrilles à velcro, avec des lumières qui s’allument sous le talon. J’écoutais des dessins animés le matin avant de partir pour l’école, j’avais une tuque de lutin faite sur le long parce que c’était hot.

Je travaillais fort pour convaincre ma mère de m’acheter un Game Boy. Je ne comprenais pas qu’elle avait de la difficulté à trouver l’argent pour que je mange. Alors qu’elle me répondait « Non », les larmes aux yeux, j’insistais. J’étais jeune et con moi aussi. Je le voulais mon Game Boy.

Puis il y a eu ce Noël. Je sentais ma mère excitée. Mon oncle avait décidé de se joindre à nous, il avait acheté une dinde. C’était comme du poulet mais en mieux que ma mère m’avait expliqué lorsque je lui avais dit que j’avais peur de ne pas aimer ça.

Était finalement arrivé le temps de déballer les cadeaux. Il y avait vraiment quelque chose d’imperceptible dans l’air. Cette année-là, ma mère avait décidé d’emballer mon cadeau dans le papier avec des voitures. C’est qu’autant que je me souvienne, ma mère a toujours emballé mes cadeaux dans les mêmes trois papiers. Celui avec des autos, le vert uni et celui avec des flocons. Trois rouleaux qu’elle utilisa toute ma jeunesse en alternance tant à Noël qu’à ma fête.

Alors que je déchirais les petites autos, elle avait les yeux rivés sur moi. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un Game Boy flambant neuf, avec un jeu de Mario Bros. Ma mère pleurait un peu, de joie je crois. Moi, je sautillais, tout joyeux que je fusse dans mes culottes du Canadien. J’avais enfin mon Game Boy, ma petite console de jeu à moi.

Dans les jours qui suivirent, Sim quitta mes poches de pantalon. Qui sait seulement où il a fini sa vie? Quand j’y repense, c’est triste. L’innocence est éphémère, je venais de l’apprendre.

Puis je sors de mes pensées, de ma nostalgie. Je cale une demie Moosehead, je jette un coup d’œil dans la ruelle. Le gamin a disparu.

Tueurs

•mars 15, 2009 • Un commentaire

Parce que ça me fascine diablement.

High

•mars 14, 2009 • Un commentaire

Il me restait un vieux fond de weed sec, vous savez, un petit gramme oublié dans un immense sac dans une obscure poche de votre manteau d’hiver. Il reste là, résidu abandonné d’une soirée quelconque où il ne fut pas requis. Il y reste et patiente en s’asséchant lentement.

Je suis tombé dessus en fouillant un peu partout dans mon manteau pour trouver mes cigarettes que je n’ai finalement pas retrouvées. Depuis un moment j’ai tendance à les égarer, ça irrite.

Toujours est-il que je mets la main sur ce vieux gramme ultimement sec et me promets de m’ouvrir un peu l’appétit avant d’aller au lit. Mais voilà, j’ai perdu ma dernière pipe il y a pas longtemps et le matos est way trop sec pour me rouler un petit pécaud casanier. J’appelle donc une plaie de la job afin d’aller tirer un coup ou deux chez lui avec son équipement. Il accepte, tout baigne, je me rends chez lui.

On se met rapidement à l’œuvre. Il ajoute une bonne dose de mari à la mienne et on se retrouve à tirer comme des déchainés pendant un bon moment. J’ai bien dû m’étouffer à 9000 reprises. Résultat : je suis bien plus éclaté que je l’escomptais à prime abord.

Je suis sur un trip physique, je n’ai pas souvenir que ça me soit jamais autant arrivé en fumant du pot. Je sens mes tempes vaciller sous l’assaut sanguin répété de mon cœur qui bat la criss de chamade. Étrangement, j’ai l’impression que mes deux palettes poussent vers l’avant. J’ai les lèvres sèches, elles saignent, le sang est foutrement gouteux, I’m fucking high.

J’ai le feeling que je ne devrais pas prendre le volant. Je demande donc à la plaie de rester là un peu, tout baigne, je bois de l’eau, je me désaltère et ça n’a jamais été aussi gouteux. On parle, je parle, beaucoup. Je suis vraiment sur un trip intense. Faut dire que je n’avais pas mangé depuis une douzaine d’heures. Ceci explique peut-être cela. Je dois avouer que je me cherche intensément des excuses à ma chochotterie de ce soir.

Puis après avoir décanté un moment, je décide finalement de partir. Dehors, il fait un brouillard des plus intenses. Il a fait chaud toute la journée, la neige a fondu, l’humidité présente dans l’air est à son paroxysme. La vision est nettement limitée. Je démarre en trombe et je quitte, espérant profiter le plus possible du regain de lucidité que m’a procuré le fait de sortir dehors.

Rapidement cependant je deviens amorphe. Je roule à 45 dans une zone de 70, je ne sais pas si c’est parce que conduire dans un brouillard aussi dense est dangereux ou bien parce que je suis beaucoup trop gelé. Je jongle avec ces deux hypothèses dans ma tête, mon cerveau roule beaucoup plus vite que ma voiture lui. Lorsque je suis seul, tout baigne, mais lorsqu’il y a d’autres voitures à portée, je capote. Ai-je l’air du pire conducteur inapte because too stoned? J’accélère donc pour ne pas avoir l’air suspect. Mes yeux alternent à une vitesse folle entre la route et mon compteur de vitesse. Je n’ai aucune confiance en ma conduite.

J’avance à pas de tortue. J’ai l’impression que ça fait 3 heures que je suis parti de chez le mec en question. J’ai le sentiment que lorsque j’arriverai finalement chez moi, la guerre au Moyen-Orient sera terminée, que la voiture volante aura été inventée, que Virginie sera rendue à son 12 000e épisode. Je suis dans la plus dense brume et je scinde l’espace-temps, voguant dans une dimension autre. Je suis dans la Salle de l’Esprit et du Temps.

Finalement, je réussis à me rendre chez moi non sans avoir croisé une voiture de police sur la route. J’ai bien cru y rester tellement je stressais. J’ai fermé ma radio, j’ai agrippé mon volant et me suis concentré comme rarement dans ma vie je l’ai fait. Finalement, j’ai bifurqué à une intersection tandis que lui poursuivait sa route. Victoire.

Je me suis roulé un autre joint avec du stock plus neuf en arrivant, question de relancer ce formidable buzz. Je vais dormir en étant joyeux et en ayant la certitude que ma branlette de fin de journée sera une des plus formidables que j’ai eues ever.

Nous sommes en vie, remercions le Seigneur. Ou au moins quelqu’un là, vos parents, je sais pas. God I’m high.

Mush

•mars 13, 2009 • 3 commentaires

La chose la plus difficile quand tu tripes, c’est de réussir à obtenir du stock de qualité. Rien ne serait plus facile que de se contenter de tierce valeur. De la coke coupée au laxatif, lactose ou sucré glacé, ça craint fort. Pire encore, celle coupée à la poudre de verre, le vendeur alourdit son matos alors que toi tu te détruis le nez. Certain que de la pure, on oublie ça, de toute façon ce n’est pas idéal. Mais on cherche somme toute quelque chose de potable. C’est donc primordial de choisir son dealer adéquatement, son homme de confiance pour triper.

Moi, le mien, c’est Mush.

Mush non pas parce qu’il s’en tape à ses heures, mais pour sa coupe de cheveux. Vous savez, le genre de truc en vogue début 90’s, la nuque rasée court et un gros bol de cheveux sur le dessus. La coupe Beatles des pauvres. Je l’aime bien Mush.

Je l’aime parce que pas trop brillant. Un des dangers avec les pushers, c’est qu’ils se fassent prendre un jour. Or rien de pire pour augmenter les chances de se faire pincer que l’ambition. Une technique de vente un peu trop agressive, le piétinement des plates-bandes d’autrui et hop, une petite visite de la popo et la première chose que l’on sait, on se retrouve la nuit à mordre son oreiller pour ne pas crier pendant que son coloc de cellule nous ramone le one-way.

Mush a une belle naïveté, un coat de cuir hérité de son père, une boucle d’oreille à gauche, des palettes un peu proéminentes. Un air un peu perdu, mi-hagard mi-inconscient, un regard vide. Le stéréotype ambulant du loser devenu bum par dépit, sans grand succès. Il ne se pose pas trop de question, parfois je l’envie pour ça.

Puis j’inhale et ça passe.

Il habite à deux coins de rue de moi, a un cellulaire dernier cri (parce que c’est tellement cool) et par conséquent est joignable à quasi tout moment. Que demander de plus right? Un coup de fil, 2 minutes de marche, je cogne, il lâche sa Wii quelques instants, me refile la came, je déplie l’oseille et je repars, le cœur fringant.

Je le connais depuis trois ans, une relation sans anicroche, pas de question ni de requête si ce n’est que de la porn un peu louche que j’échange parfois contre de substantiels rabais. L’internet et Mush, ça fait deux, tant mieux pour moi.

Je ne sais pas s’il a une famille, nous n’en avons jamais parlé. Je n’ai jamais vu son téléphone sonné, il n’a jamais évoqué quiconque. Parfois, je crois voir perler une larme dans son visage, je regarde ailleurs.

Une fois, il m’a dit que j’étais son meilleur ami. Je suis parti sans rien dire.

La banalité des jours

•mars 12, 2009 • Laissez un commentaire

Le roulement de client d’une épicerie est assez limité. Pour l’œil observateur, on réalise très rapidement que ce sont toujours les mêmes visages qui reviennent aux mêmes moments de la semaine. Les gens sont infiniment routiniers.

Ils entrent à leur moment de la semaine pour faire leur épicerie. Ils se sont fait une petite liste, d’une semaine à l’autre toujours sensiblement la même. Ils achètent pour le même montant, pour ne pas réfléchir.

Ils arrivent chacun à un moment précis, comme si la vie n’était autre qu’une burlesque pièce de théâtre et que chaque semaine qui passe en est une représentation. Tout le monde joue la comédie à sa façon, des personnages plus ou moins élaborés. Le but : masquer sa dépression. On revêt nos masques le matin, on s’entretient mutuellement de banalités, on essaie de rendre tabou la médiocrité de nos vies en l’enterrant dans une routine toujours un peu plus complexe, un peu plus rodée, un peu plus astreignante, un peu plus tuante. C’est le paradoxe. Se tuer pour oublier sa mort.

Des dizaines de gens poussent leur panier dans des allées sans trop se voir. Ils cueillent machinalement leurs emplettes hebdomadaires sans se questionner. C’est toujours le calme plat.

Les gens s’exaltent parfois un peu. Des bonnes femmes capotent à l’idée de sauver quinze sous sur une canne de conserve. Des gros tas salivent à l’idée d’acheter un morceau entier de trois livres de bologne one shot pour épargner 1 dollar. On surconsomme pour économiser, obnubilé par les rabais, investi d’une mission, ragaillardi d’avoir un but. Pour l’instant d’un sot moment, oublier que nos vies sont sans réel objectif, se concentrer sur la quête de la fausse économie. Oublier que nous ne sommes que des comédiens errant sans assistance.

C’est sans doute au comptoir de viandes froides que la routine de tous et chacun m’apparait la plus criante. Sans forcer le moins du monde, je sais aujourd’hui d’avance 80% des commandes de mes clients. Lorsque je les vois franchir l’embrasure du magasin, je peux couper à l’avance, je sais qu’ils ne me surprendront guère. Et lorsqu’ils arrivent et que je leur donne immédiatement ce qu’ils veulent, ils se disent heureux de se savoir respectés de la sorte, ils ont l’impression d’être des clients privilégiés, ils ont l’impression d’être connus.

Ô bien sur je les connais, bien plus qu’ils ne le croient. Je connais leur plus grand secret, celui de leur banale petitesse.

Intérieurs de ronde

•mars 11, 2009 • Laissez un commentaire

La clé pour commencer à vivre sur le pot, les amphets ou l’alcool, c’est de rapidement être capable d’accomplir ses tâches quotidiennes nécessaires sans difficulté. Il faut développer des aptitudes particulières pour la cuisine, la conduite automobile, pour les relations interpersonnelles. Aussi, et primordialement, il faut être capable d’accomplir ses tâches à la job.

Quand tu travailles dans une petite boucherie, ça veut dire être capable de manœuvrer un intérieur de ronde.

L’intérieur de ronde, c’est la partie supérieure de la fesse d’un bœuf. C’est un morceau relativement rond, de peut-être 18 pouces de diamètre et de 8 à 10 pouces de haut. C’est là qu’on y pratique habituellement les coupes françaises, tant les rôtis que les steaks, les cubes à fondue, les cubes à brochette, les steaks sandwich, etc., etc. Lorsque tu arrives à gérer ton intérieur de ronde, habituellement, tu te débrouilles pas si mal incognito.

Au départ, lorsque je n’étais que sur le weed, c’était plutôt simple. Lorsque tu commences un intérieur, il faut commencer par couper tout le gras pur sur le dessus. Du gros gras blanc et dur. Lorsque tu es gelé, il y a quelque chose d’hypnotique dans la texture vachement dure. Tu coupes le gras, tu le mets dans la poubelle. Si un peu de viande vient avec, hop dans le bac à future viande hachée. Tout va comme sur des roux laites.

Une fois ton morceau un peu plus maigre sur le dessus, tu refais le procédé en dessous. Reste ensuite à enlever une calotte de viande sur le dessus à peine retenue par un tendon. Normalement, tu tires sur cette partie en envoyant des petits coups de couteau affuté sur le tendon qu’on entend distinctement se déchirer. C’est sans doute le meilleur moment. Le son me fait capoter. D’ordinaire, la calotte est un peu plus graisseuse, on y coupe souvent les cubes de bœuf bourguignon.

Ne reste plus ensuite qu’un gros morceau de viande bien rouge. Habituellement, il sort à peine du réfrigérateur où il était entretenu de un à quatre degrés Celcius. Je prends souvent le temps de retirer mon gant de fer, mes gants de plastique pour caresser la chair froide, douce et juteuse du bœuf. Il y a quelque chose de profondément apaisant dans ce contact de chair à chair. Un échange adipeux entre le vivant et le mortifié qui a quelque chose d’électrisant.

Puis ne reste plus qu’à retirer la partie qu’on appelle la poire, retenue elle aussi par des tendons, des veines et une couche de gras. Normalement, elle constitue le quart du morceau restant. On y coupe les cubes à fondue, ou on en fait parfois des rôtis, lors de gros spéciaux, lorsque les gens virent fous en sacrament.

Avec le gros du morceau, on fait l’essentiel des coupes qui vendent fort. Et ça, le boss aime ça.

Autrement, bien que certaines coupes requièrent un peu plus de soin, le reste est assez straight forward. Lorsque je suis bien high, je peux apprêter cinq ou six intérieurs back to back, c’est sans doute la clé du succès. Tu as l’air occupé, affairé. Tu fais très attention pour ne pas te blesser, toute ton attention est requise. Lorsque bien pété, ça a quelque chose de surnaturel, de puissant. Les journées passent tellement vite, personne ne t’emmerde, tu es incognito. Et c’est là la vraie victoire.

Touchdown

•mars 10, 2009 • Laissez un commentaire

J’avais la ferme intention d’être gelé cette soirée-là, savoir de quoi il s’agissait, ce qu’il en retournait, comprendre la fascination générale. J’avais en tête de fumer le gramme entier, espérant que ça serait suffisant.

Je me suis donc installé sous la hotte du four, sorti mon briquet Bic fraichement acheté, et j’ai attisé l’amas de weed que j’avais inséré dans la pipe la plus mal famée qui fut. La grille était visiblement obstruée, je sentais une fuite d’air béante, mais je n’abandonnais pas. J’aspirais de toutes mes forces, à m’en fouler les poumons. Et je réussissais à retenir quelques volutes que je prenais le temps de digérer.

Puis j’ai rempli à nouveau mon bucket lorsque ma cotte fut terminée. Trois quatre fois. J’achevais mon pot, je n’avais pas trop de buzz encore, si ce n’est qu’un léger mal à la tête. Je prends donc une pause et je vais m’étendre sur mon divan.

Tout à coup, je sens mon cœur battre particulièrement fort. Je ressens ses pulsations, je sens mes orteils qui reçoivent les afflux de sang. Je me sens particulièrement détendu, j’ai la bouche un peu pâteuse. Je me ronge les ongles, le cliquetis de ces derniers contre mes dents est hypnotisant, je me sens investis d’une mission.

J’ai le gout d’entendre de la musique. Je prends le premier CD à ma portée, Sergeant Pepper’s des Beatles, et je l’insère dans mon petit stéréo. Le bruit ambiant de foule se fait entendre, puis la guitare électrique scinde l’air en deux. Je suis transporté. Il y a quelque chose d’indéfinissable, de poignant, la musique me transcende. Les instruments à vent me font vibrer, je ferme les yeux sans m’en rendre trop compte. Lentement, je deviens la musique.

Je me recouche sur mon divan. J’ai de la difficulté à me rappeler le volume auquel j’ai mis la radio et j’ai de la difficulté à évaluer la force du signal. Je sens mes sens altérés. Je ne suis pas en parfait contrôle. J’adooore ça.

Pour la première fois depuis longtemps, je suis réellement sans soucis. Je me sens entièrement bien, paisible. J’écoute Lovely Rita en me frottant les dents supérieures contre les inférieures. Le frottement de leurs émailles mutuels me fait capoter.

J’ai soudainement une faim des plus vives qui me transperce. Comme ça, sans avertissement. Je me fais cuire une crème de champignon, l’odeur est absolument fabuleuse. Je la mange avec un appétit quasi vulgaire, rarement me suis-je autant régalé. Il y avait quelque chose d’indescriptible dans la texture, dans le goût, un élément insaisissable qui me séduisait le palais avec une virulence folle.

Repu, je vais finalement me coucher. Ce serait une nuit sans rêve, merveilleuse. Seraient rares ensuite les journées que je passerais ajunt.

Premier essai et 60 verges à franchir

•mars 9, 2009 • Laissez un commentaire

Je sortais peu à peu de mon trou, je pansais mes plaies, j’arrivais à respirer un peu mieux. Au boulot, je m’appliquais, conscient que chaque chance que la vie nous offre est éphémère. Mes collègues de travail me considéraient surement comme un solitaire, un renfrogné, des étiquettes qui me furent accolées tout le long de ma vie. Moi, je faisais ce pour quoi on me payait, je recevais mon chèque le jeudi, je fermais ma criss de gueule.

Puis un soir, il pleut en abondance, je suis à pied. Jean-Simon, le caissier qui travaillait ce soir-là m’offre un lift à bord de sa Sunfire. Bien que sa présence m’exaspère grandement, elle ne m’indispose pas autant que le fait d’avoir à marcher 15 minutes sous la pluie. J’accepte donc.

Une fois en route, il sort un joint de son coffre à gants, l’allume, me l’offre. Je n’ai jamais rien fumé de ma vie jusqu’alors, pas même la moindre cigarette. Mais voilà, je me sens mal de refuser alors même qu’il est en train de me rendre service. Et puis, honnêtement, je suis curieux. Je tire comme un demeuré, j’envoie tout dans mes poumons, je me meurs. Aussi simple que ça.

Je tousse et retousse, je sens ma gorge s’embraser. Alors qu’au début je produisais un bruit rauque, j’en suis plutôt rendu à projeter salement un espace de raclement doublé du bruit caractéristique d’un fond de morve guttural qui veut remonter.

Je finis par reprendre mon souffle et mes esprits, J-S se marre bien, je suis le dindon semi-consentant de la farce. En chemin, je réessaie d’inhaler à quelques reprises avec un succès très mitigé. Arrivé chez moi, je le remercie et je quitte la voiture sans demander mon reste.

Je me couche, pas le moindre feeling.

J’étais somme toute déçu. J’étais tranquille à la maison, j’avais des attentes basées sur tant d’anecdotes entendues nonchalamment dans la salle des employés et j’étais tout à fait normal. J’étais vraiment désappointé, tellement que je me promis qu’avant longtemps, je percerais le mystère de la marijuana.

Une semaine plus tard, j’achetais le plus léger gramme de ma vie pour un mirobolant 20 dollars. On profitait de ma crédulité, je ne le saurais que plus tard. Et malgré tout, avec du recul, il s’agit peut-être là du meilleur investissement que je fis.

J’avais donc un gramme de pot, une pipe crasseuse argentée et fuyante prêtée par J-S, et une soirée de congé seul chez moi.

Cette fois, j’ai eu un ostie de feeling.

The Blindness of the Woods

•mars 8, 2009 • 2 commentaires

Ici

Famine

•mars 7, 2009 • Laissez un commentaire

J’étais donc seul à 18 ans. Trop jeune pour y être préparé, trop vieux pour quémander de l’aide. Bien sur, je devais lâcher l’école, mais après, après quoi? Je n’avais jamais travaillé, jamais vraiment vécu. J’étais largué comme ça, dans le néant, sans trop savoir ce que je devais faire.

Je me sentais seul, la nuit j’avais froid, j’avais peur. Mais le pire, le pire dans tout ça c’était la faim. Une faim que probablement aucun d’entre vous n’a jamais ressentie. La vraie faim, ce n’est pas le gargouillis qui se fait ressentir lorsque le souper tarde, le léger tiraillement intestinal typique du déjeuner-diner un peu trop lointain. La vraie faim, c’est celle qui vous fait plier en deux. C’est des crampes qui vous scindent le ventre en entier, qui vous paralysent, vous tue à petit feu. C’est celle que vous ressentez après 48 heures de  jeûne. Le pire c’est qu’avec cette faim, bien souvent, règne aussi l’incertitude du moment du prochain repas.

J’étais rachitique, j’avais un visage au trait ultimement émacié. J’avais des cernes qui me cachaient la figure entière. Les yeux imbibés de sang, le regard hagard, je faisais sans doute peine à voir. Heureusement, si je puis dire, j’avais brisé l’unique miroir de l’appartement devenu taudis où j’habitais avec ma mère lors d’une crise d’angoisse peu après sa mort. Même si je ne voyais que rarement mon air, la douleur lancinante de ma peau coincé entre mon bassin pointu et ma peau des plus minces que je ressentais à chaque fois que je tentais de me coucher sur le côté la nuit venue avait tôt fait de me rappeler que je n’étais qu’un miséreux.

Je tentais de me trouver un emploi. Avec mon air cependant, je ne récoltais qu’au mieux pitance. Je fréquentais les soupes populaires, je demandais la charité, je survivais en pillant chaque jour un peu plus sur mon orgueil.

Puis un jour, je réussis à me dégoter un boulot dans une petite épicerie. Je travaillais de longues heures, souvent impayées. Je ne chignais pas, j’avais enfin quelque chose à mettre sur ma table et je pouvais petit à petit rembourser mes loyers en retard. Je rentrais à l’épicerie 7 jours sur 7, je n’avais personne d’autre à voir de toute manière.

On me fit un jour passé d’épicier à apprenti-boucher, puis boucher. On me payait désormais l’entièreté de mes heures, je travaillais 5 jours semaine à un salaire décent. Je commençais à respirer à nouveau. On ne réalise pas à quel point l’étau autour de nous est serré avant de s’en libérer. J’avais donc des heures libres à moi, je pouvais explorer le monde qui est si grandiose lorsqu’on s’y arrête. Je pouvais tenter d’avoir des loisirs, essayer de nouvelles expériences.

C’est alors que je découvris la drogue.

Ça ira

•mars 6, 2009 • Laissez un commentaire

D’aussi loin que je me souvienne, le souci principal de ma vie a été de survivre, me rendre au jour suivant. Je ne sais pas si ça fait de moi un dépressif. J’aime plutôt me percevoir comme un lucide. Je suis de cette race.

La vie est dure, je l’ai appris tout jeune. Lorsque j’avais 6 ans, mon père est mort. Crise cardiaque. Je me souviens de ma mère inconsolable, des lumières de l’ambulance, de la froide matinée d’octobre où il fut mis en terre. Je ne me souviens pas trop de lui, étonnamment. Mais je me souviens que ma mère l’aimait, infiniment, peut-être trop.

Ensuite, c’est la survivance. Je me souviens de nombreuses heures passées seules, tout jeune, alors que ma mère faisait des heures supplémentaires pour arriver à la fin du mois. Seul dans un appartement, les multiples bruits de la ville qui me font peur, les cris de la blonde du voisin d’en haut nullement atténué par les murs à épaisseur de carton.

Je n’ai jamais réellement eu d’amis. Que moi et ma mère dans un monde visiblement trop grand. Les liens interpersonnels ne m’ont jamais réellement attiré. J’avais compris qu’il ne s’agissait là que de béquille tôt ou tard appelée à se fracasser, nous laissant encore plus seuls, étendus sur le sol, incapables de nous relever.

Puis ma mère est morte, il y a cinq ans. Ma solitude est désormais entière. Parfois, elle m’étouffe, c’est vrai. Mais je me sais fort, ça ira.

Pourquoi?

•mars 5, 2009 • Laissez un commentaire

We all die. The goal isn’t to live forever, the goal is to create something that will.

-Chuck Palahniuk

Pour combler l’ennui, pour laisser une trace, pour tenter, peut-être, de me convaincre que je ne suis pas seul. C’est donc dans un positivisme paradoxal que je lance ceci, faisant fi de la peur d’être déçu, m’abstenant dans une frivolité consommée à toute rationalité.

Chacun vit sa vie dans le calme le plus criant, le silence le plus déchirant, celui de la platitude. La banalité est omniprésente, on la chérit, on la consomme, on la bénit. L’insignifiance est déesse, on lui érige de fades temples commerciaux. On voudrait être différent, mais on se conforme, parasites assujettis aux autres. C’est l’aporie mortelle de notre ère, la zone grise de l’identité, la destruction de la personne qui n’est désormais plus qu’une épave qu’on évite de voir.

Les gens évoluent lentement, individuellement. On chemine dans l’indifférence collective, ne laissant aucune trace indélébile, que du vent, de l’oubli. Nos voisins sont nos ennemis. Pire, ils nous sont indifférents. Tout s’effrite, c’est le naufrage de la substance, la parité à outrance réduisant tout au néant. Les gens s’époumonent, se déchirent la gorge, se vautrent dans la merde pour être reconnus, pour ne pas avoir à faire face au spectre de leurs insignifiances lorsqu’une fois la nuit venue, les illusions tombent. Il n’y a rien de pire que l’inimportance pour l’homme. Or nous y sommes désormais condamnés.

Nous sommes des sans histoire, des inutiles, nous sommes des épitaphes.

Voici donc mon épitaphe.

Fin

•mars 4, 2009 • 3 commentaires

Je suis mort en novembre 1986.Parce que naitre, c’est mourir, un peu. J’ai eu 23 ans cette année et à chaque jour qui passe, je suis un peu plus blasé, un peu plus desséché, un peu plus mort. Il en va ainsi pour tous et chacun de nous. La planète est morte.

Des gens meurent de faim en Afrique alors qu’on vit dans l’opulence en Occident. Des enfants travaillent douze heures par jour pendant que des PDG font plus d’un million par jour à faire si peu. Des enfants se prostituent et vendent de la drogue de par le monde tandis qu’ici des gamins pleurent parce qu’ils n’ont pas de iPod.

Les génocides se sont enchaînés dans le dernier siècle. Après le génocide arménien, le juif, le cambodgien et le rwandais, c’est aujourd’hui le Darfour qui souffre dans l’indifférence la plus globale. On pollue à un rythme effarant, tout le monde s’en fout complètement, chacun se fiant à l’autre pour faire des efforts. Le pétrole coule à grands flots, la consommation est stratosphérique.

Les gens sont seuls, infiniment seuls. Dans tant de maisons paisibles, une adolescente de 16 ans se dénude devant sa webcam dans sa chambre alors même que son père au sous-sol se masturbe en regardant la vidéo d’une fille guère plus vieille que son enfant. Durant ce temps, la femme de la maison est branchée à TVA, le regard vide. Quelque part dans la ville, son garçon de 15 ans se fait un trip d’acide. Chacun évolue dans sa sphère, acceptant la présence parallèle des autres dans leur vie comme un mal nécessaire.

Chaque jour, la présence d’autrui est un peu plus insoutenable. On parle à de parfaits inconnus sur le net, c’est facile, accommodant. Socialiser demande trop d’effort, c’est devenu une aberrance, un anachronisme tabou que celui de la fraternité. Les liens interpersonnels sont devenus des biens de consommation. On estime leurs valeurs, on veut obtenir un rendement sur notre investissement. Vous êtes inutile, vous êtes mort. Vous êtes inutile.

Si une course effrénée vers l’or marquait la fin du 19e siècle, la fin du 20e fut marquée par une course effrénée vers un sens à la vie. On cherche désespérément un moyen de faire la différence, un moyen de se démarquer, d’être reconnu. Or n’y a-t-il pas de pire mission que celles qui ne peuvent être complétées? Notre ère est vouée à la déchéance, son vide de sens étant trop lourd pour la nature humaine, insoutenable pour quiconque. C’est la prolifération de la drogue, de la pornographie, du viol, des sectes, des meurtres, de l’extrémisme.

Nous n’avons pas de véritable guerre, de quête collective, de but. Notre seule lutte est celle menée quotidiennement contre l’aliénation de notre esprit, contre la corruption morale.

Je suis un être issu de ma génération. Un pervers, une vile personne, un vicieux. Je suis le fruit du plus malade des arbres, le produit de la plus sordide des expériences. Je suis la plaie béante qu’on refuse de voir, la dose d’héroïne qu’un paumé s’injecte pour oublier. Je suis la solitude dans sa plus triste pureté.

Je suis mort.